SANTÉ. La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) représentant 110 000 salariés, dont en Mauricie et au Centre du Québec, se prépare à exercer la grève dès le début du mois de juin, et ce, jusqu’à une durée illimitée, si nécessaire. Face à une négociation bloquée depuis plus d’un an, les syndiqués mènent aujourd’hui des coups d’éclat partout au Québec et annoncent entreprendre les préparatifs pour cette grève.
À Trois-Rivières, des travailleurs ont bloqué la rue Barkoff afin que leur message soit bien entendu : ce qui se passe aux tables de négociation n’a rien à voir avec ce que le gouvernement en dit.
«J’ai entendu M. Legault dire que sa patience avait des limites. Disons que les travailleuses et les travailleurs du réseau public, après l’année qu’on a vécue, nous sommes encore plus impatients que lui d’améliorer nos conditions de travail. Depuis plus d’un an, on présente nos solutions en négociation aux représentants du gouvernement, on propose des alternatives, mais il les ignore», déplore le président du Syndicat du personnel de bureau, des techniciens et des professionnels de l’administration du CIUSSS MCQ – CSN, Frédérick Beaulieu.
«En plus de ne pas négocier sérieusement, le gouvernement rajoute l’insulte à l’injure en balançant des faussetés en conférence de presse», poursuit la vice-présidente de la FSSS–CSN du Coeur du Québec, Marie-Line Séguin.
«Il ne nous offre pas des augmentations de 8 % sur 3 ans, mais bien de 5 %. Il n’offre pas un redressement salarial de 23 % aux préposés aux bénéficiaires (PAB) et aux auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS), mais plutôt des primes pour certains PAB, et ce, uniquement en CHSLD. De plus, le gouvernement veut que nous renoncions au maintien de l’équité salariale pour ces catégories d’emploi et aux sommes importantes qui leur sont dues depuis plusieurs années. On est très loin du coup de barre nécessaire dans ce réseau», poursuit le président du Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et de métiers du CIUSSS MCQ – CSN, Pascal Bastarache.
Avec la grève, les syndicats de la FSSS-CSN pourront exercer un rapport de force inédit dans le secteur de la santé et des services sociaux en vertu d’une récente décision du Tribunal administratif du travail ayant notamment pour effet de mettre le personnel-cadre à contribution dans le maintien des services essentiels, en remplaçant des grévistes dans les divers services et unités de soins.
«Ce n’est pas de gaieté de coeur que nous en sommes rendus là, souligne Marie-Line Séguin, mais nous sommes maintenant prêts à recourir à ce moyen ultime si cela s’avère nécessaire. Le gouvernement a encore l’opportunité de s’activer aux tables de négociation afin de conclure une entente et éviter la grève. L’heure n’est plus aux mercis en conférence de presse, mais à une véritable reconnaissance en se donnant la peine de régler des problèmes qui minent notre quotidien et convenir de solutions qui auront un impact positif pour les services à la population».
Rappelons que la CSN revendique des augmentations de salaire en montant fixe ayant un impact plus marqué pour celles et ceux qui gagnent le moins dans les services publics. La CSN demande une augmentation de 2 $ l’heure, pour 2020 et de 0,75 $ l’heure pour 2021 et 2022.
Pour la FSSS–CSN, la balle est clairement dans le camp du gouvernement.
«Après 68 rencontres de négociation sur les conditions de travail propre au réseau de la santé et des services sociaux, les négociateurs du gouvernement connaissent bien les attentes des travailleuses et des travailleurs. On pourrait faire beaucoup de progrès rapidement à la table de négociation, si le gouvernement le voulait vraiment. Nous avons proposé des pistes concrètes, notamment pour renforcer la santé et la sécurité au travail, favoriser la conciliation famille-travail-études, diminuer les heures supplémentaires, éliminer les surcharges de travail. Ce sont des priorités pour nos membres. Il va falloir que toutes et tous trouvent leur compte dans une entente», soutient en terminant Mme Séguin. (CGM)