MUNICIPAL. Les élus municipaux de Drummondville devront décider s’ils cèdent le site des pères Montfortains à Novellis, un promoteur immobilier qui souhaite transformer l’ancien couvent en logements pour étudiants et travailleurs étrangers, à proximité du campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) à Drummondville.
Le projet de reconversion du site a été présenté par Novellis au comité exécutif le 30 mars dernier, puis aux élus lors d’un atelier de travail le 12 avril. Entre temps, le promoteur a fait parvenir une lettre d’acquisition au conseil municipal. Le dossier est toujours sous analyse.
«Présentement, il y a une demande pour acquérir un terrain. À travers ça, les élus posent des questions. Ce sont des questions qui portent sur l’impact que le projet pourrait avoir dans son environnement, la circulation, le zonage, le bon usage par rapport à l’environnement et aux besoins du secteur. Notre rôle, c’est de donner suite à ces questions pour amener l’information afin que le conseil municipal puisse prendre une décision éclairée sur le projet. La réponse finale, vous l’aurez par le biais d’une résolution», indique le directeur général de la Ville de Drummondville, Francis Adam.
Ce dernier, en compagnie du directeur général de la Société de développement économique de Drummondville (SDED), Martin Dupont, a tenu un point de presse jeudi pour faire une mise au point quant à l’historique et à la volonté future du site des pères Montfortains. «Il y a eu des questionnements soulevés suite aux différentes interventions, sorties médiatiques dans les derniers jours sur le projet de la requalification du site des pères Montfortains. On s’est dit qu’on prendrait un moment pour faire la genèse du projet», a mentionné d’entrée de jeu M. Adam.
La Ville a acquis le site des pères Montfortains en 2012, dans la foulée de l’implantation du campus de l’UQTR à Drummondville. Depuis, divers projets ont été discutés. Si l’UQTR a d’abord envisagé d’y aménager des bureaux administratifs, l’idée a finalement été abandonnée, de même que celle de la Fondation de l’UQTR d’y ériger des résidences étudiantes.
Plus récemment, l’UQTR a confirmé son refus de s’en porter acquéreur. «Le site a été divisé en deux parties. La deuxième partie, l’UQTR avait un droit d’option. Ils ont accepté d’exclure le lot 2 de leur bail de location. Donc, ils ont renoncé à leur droit d’option sur ce terrain pour nous permettre d’explorer d’autres avenues. Ça s’est réglé à l’automne 2020», fait savoir le directeur général.
Malgré cette décision, l’UQTR demeure informée des possibles développements du site. «On tient à ce que le projet qui soit développé soit quand même porteur pour eux. Ils ont quand même des projets de construire d’autres pavillons après le CNIMI. Ils souhaitent que le projet qui se réalisera sur le site des pères Montfortains soit un projet complémentaire avec les besoins du développement du campus de l’UQTR», souligne M. Adam.
Un projet immobilier de 100 M$
La SDED s’est intéressée à l’ancien couvent à la fin 2017. «On faisait état qu’on commençait à recevoir des immigrants économiques et qu’on avait de la difficulté à les loger. Notre projet, c’était peut-être d’acheter le bâtiment ou du moins de se le faire confier par la Ville pour le transformer en résidence pour immigrants économiques», indique Martin Dupont.
Le projet de Novellis, dont la présidence est occupée par Alain Scalzo, est arrivé sur la table il y a près d’un an. «Fin 2018, j’ai approché le Fonds immobilier de solidarité FTQ. J’ai approché Alain Scalzo au mois de juin 2020 parce que le Fonds immobilier nous a dit ‘’Si on n’a pas de promoteur, nous, on n’est plus dans le décor’’», rapporte le directeur général de la SDED.
«La raison pourquoi on est sorti [de ce projet], c’est parce que le Fonds immobilier nous disait ‘’si la SDED est partenaire du projet, si on fait un projet ensemble, on ne veut pas être obligé d’aller en appel d’offres public. C’est là que le projet s’est transformé. Le projet du départ, c’était un projet d’à peu près 10 M$ pour reconvertir ce bâtiment. C’est devenu un projet de 100 M$ parce que Novellis souhaite en faire un projet plus imposant avec une plus importante densification. Notre rôle sera un rôle de promotion», poursuit-il.
Selon ce que rapporte la SDED, le projet de Novellis prévoit la création de «200 à 300 appartements, mais surtout des studios» sur le site d’une superficie de 450 000 pieds carrés. Le bâtiment érigé en 1951, et dont la présence d’amiante a été détectée, serait démoli pour faire place à un immeuble de cinq à six étages. Le promoteur immobilier envisage la livraison de la première des quatre phases pour la fin 2022 ou le début 2023.
Par ailleurs, comme annoncé en février 2020, le CPE Plumeau-Soleil souhaite aménager une troisième installation sur le campus de l’UQTR à Drummondville. «Les gens de Novellis et du projet de la garderie se sont concertés pour essayer d’intégrer un et l’autre des projets d’une façon ou d’une autre. Les options sont encore sur la table, soit de l’intégrer à l’autre projet ou de faire un projet séparé parce que les porteurs du dossier ont des subventions et ont certaines normes à respecter», précise Francis Adam.
Manque de logements
Les missions de recrutement menées par la SDED portent fruit, mais le manque de logements sur le territoire de Drummondville et de la MRC de Drummond demeure un enjeu important.
«Notre objectif, c’est d’aller chercher 250 travailleurs économiques par année. En plus, on vient de se faire confier un mandat pour aller chercher une centaine d’étudiants étrangers. Ça fait 350 [étudiants et travailleurs étrangers], ça prend 350 appartements. Un projet de cette envergure, avec le nombre de portes que [Novellis] propose, ça va naturellement désengorger et nous aider», soutient Martin Dupont.
«Notre crainte, c’est de ne pas avoir d’infrastructures de qualité et à bon prix pour accueillir ces étrangers-là. Si ces gens arrivent et qu’on leur propose un sous-sol humide à 650 $ par mois quelque part sur le territoire de Drummondville, ça ne fait pas tellement un bel accueil pour partir ta nouvelle vie. Ça nous prend des infrastructures de qualité», ajoute-t-il.
Invité à se prononcer sur le projet qu’il souhaite mettre en place, le président de Novellis, Alain Scalzo, a décliné notre demande d’entrevue.