ENVIRONNEMENT. Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, demeure évasif quant à l’avenir du site d’enfouissement de Saint-Nicéphore, mais affirme «qu’on ne peut pas fermer du jour au lendemain ce site-là sans entraîner un réel problème».
Questionné par la porte-parole de Québec solidaire en matière d’environnement, Ruba Ghazal, dans le cadre de l’étude des crédits budgétaires mercredi, le ministre Benoit Charette n’a voulu ni confirmer ni infirmer si Waste Management (WM) peut enfouir 430 000 tonnes de matières résiduelles par année pendant 10 ans sur la phase 3B du site d’enfouissement situé à Drummondville, tel que prévoit le décret gouvernemental émis en septembre dernier.
Rappelons que la Cour supérieure a rejeté la requête de WM, qui demandait de déclarer non-conforme la réglementation d’urbanisme de la Ville de Drummondville, empêchant l’exploitation de la phase 3B.
«Il y a différents recours qui sont évalués. Je ne suis pas en mesure aujourd’hui de vous préciser lequel sera retenu, mais on ne peut pas du jour au lendemain fermer ce site, a mentionné le ministre Charette. Le recours qui sera retenu sera présenté au bon moment, mais il faut savoir que si ça fermait du jour au lendemain, la région même de Drummondville serait mal prise parce que bon nombre de ses déchets s’y retrouvent aussi, les ICI notamment du secteur. […] Ce que je dis, c’est qu’on ne peut pas du jour au lendemain fermer un site de l’importance de Saint-Nicéphore.»
Actuellement, le site d’enfouissement de la rue Gagnon reçoit les déchets provenant des autres MRC ainsi que les matières résiduelles générées par le secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI) de la région. Depuis janvier 2019, la MRC de Drummond fait affaire avec Gesterra pour la gestion de ses matières résiduelles et organiques.
«Non ce n’est pas un dossier qui touche uniquement Drummondville. C’est un dossier qui touche le Québec en entier ni plus ni moins parce que des sites de cette importance-là au Québec, on n’en a pas beaucoup. Des sites de cette importance-là avec la qualité qui est garantie par le gestionnaire du site, on n’en a pas beaucoup», a-t-il indiqué.
Le ministre de l’Environnement a rappelé la tenue d’un BAPE générique sur les déchets ultimes, dont le rapport est attendu en décembre 2021. «Pour le futur, on a un BAPE générique sur la question. Nous, le futur va viser davantage l’enfouissement zéro. Notre but, ce n’est pas de multiplier les sites d’enfouissement. On a plein de politiques qui se mettent en branle dans certains cas dès maintenant, dans d’autres cas d’ici les deux à trois prochaines années. Donc le temps que toutes ces mesures-là prennent effet, malheureusement, les dépotoirs comme on les connait auront toute leur pertinence, mais à terme, notre but c’est de s’éloigner de cette pratique», affirme-t-il.
Selon les prévisions de WM, le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore sera à pleine capacité aux alentours de septembre prochain. La multinationale a jusqu’au début du mois de mai pour décider ou non de porter le jugement en appel. Joint par téléphone, le porte-parole de l’entreprise, Martin Dussault, a fait savoir que le dossier est toujours au même point.
Le député Schneeberger interpelé
De son côté, la porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, Isabelle Melançon, a reproché en marge de l’étude des crédits budgétaires au gouvernement caquiste d’«abandonner les citoyens de Drummondville en raison de sa mauvaise gestion des matières résiduelles».
«Je ne comprends pas le comportement de la CAQ dans ce dossier. C’est clairement par manque d’ambition et de vision que le gouvernement caquiste donne le droit à certains promoteurs d’agrandir leurs sites d’enfouissement. Qu’est-ce qui justifie que des projets, comme celui de Saint-Nicéphore, pressent au point de ne pas attendre les conclusions du BAPE? Une majorité de la population et des usagers du territoire limitrophe ont tous démontré leur opposition à ce projet d’agrandissement et soulevé de grandes craintes quant à l’importance des agrandissements consentis. Comment est-ce possible que le ministre Benoit Charette n’ait pas pensé informer la population sur ses intentions et les consulter dans la foulée afin d’essayer de trouver des solutions adéquates plutôt que de consentir sans acceptabilité sociale? Je me demande sincèrement ce que fait le député de Drummond-Bois-Franc, M. Sébastien Schneeberger, pour défendre l’intérêt de ses commettants dans ce dossier extrêmement sensible et important?», questionne la députée libérale Isabelle Melançon.