HOCKEY. Depuis maintenant cinq ans, on peut l’apercevoir se tenir discrètement derrière le banc pendant les matchs des Voltigeurs de Drummondville. Quand une situation d’urgence survient sur la patinoire, c’est vers le thérapeute athlétique que les regards se tournent. Pleins feux sur Andrew Oddy.
Détenteur d’un baccalauréat en thérapie du sport de l’Université Concordia, Andrew Oddy a effectué des stages avec l’équipe de hockey masculin des Stingers, les Alouettes de Montréal puis l’Armada de Blainville-Boisbriand avant de se joindre aux Voltigeurs en 2016. L’homme de 30 ans originaire d’Hudson achève sa cinquième saison dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
«J’ai toujours été passionné par le hockey. Aussitôt que j’ai fait mon stage avec les Stingers, ça m’a confirmé que je voulais travailler dans ce sport. Puis, mon séjour avec l’Armada m’a vraiment donné le goût de rentrer dans la LHJMQ. Francis Denis était mon superviseur chez l’Armada. Il m’a appris beaucoup de choses sur ce métier. C’est grâce à lui que je suis rendu là où j’en suis», raconte Andrew Oddy.
Même après leur sortie de l’université, les thérapeutes athlétiques agréés doivent continuer d’approfondir leurs connaissances. Chaque année, ils se replongent dans leur cours de premiers répondants et se spécialisent dans divers domaines grâce à la formation continue.
«Le corps humain, ça change constamment. On apprend toujours de nouvelles choses chaque jour. C’est un métier dans lequel on doit être prêt à s’adapter. Il faut aimer apprendre», souligne Andrew Oddy.
Jouant un rôle essentiel au sein d’une équipe sportive, le thérapeute athlétique intervient aussitôt qu’un joueur se blesse à l’entraînement ou pendant un match. En plus d’accompagner l’athlète dans sa réadaptation, il se spécialise également dans la prévention des blessures.
«Ce n’est pas un métier traditionnel où on travaille de neuf à cinq. Ce sont de longues journées et de longues heures à l’aréna. Il faut être passionné. Il faut aussi avoir de la compassion envers les joueurs. Ce sont des jeunes de 16 à 20 ans. Pour les aider, on doit apprendre à les connaître. Chacun est différent. Il faut savoir se mettre à leur place», soutient Andrew Oddy.
Le travail d’équipe revêt également une grande importance dans ce métier. «Il faut être un bon coéquipier. Je travaille beaucoup avec les préposés à l’équipement. Avant le match, il y a beaucoup de préparation à faire en arrière-scène, mais il reste aussi beaucoup de travail à faire après le match. On s’entraide beaucoup, parce que sinon on ne va pas y arriver.»
Savoir garder son sang-froid
Pendant une partie, le thérapeute athlétique doit rester prêt à toute éventualité. Lorsqu’une blessure survient, il doit être en mesure de conserver son sang-froid pour bien accomplir sa tâche.
«Pour moi, c’est vraiment une question d’instinct. Quand quelque chose arrive, je fonce et je fais mon travail. Souvent, je réagis de façon automatique. Je sais exactement ce que j’ai besoin de faire. Selon la situation, je connais les étapes à accomplir. Je pense à tout ce que j’ai appris, puis je passe rapidement à l’action, explique Andrew Oddy. Ça peut être stressant, mais ça fait partie de la job et j’aime ça.»
Au cours de sa carrière, Andrew Oddy est intervenu lors de plusieurs situations d’urgence. Parmi ces événements marquants, pensons aux violents chocs à la tête dont Nicolas Beaudin et Xavier Simoneau ont été victimes il y a quelques années. L’automne dernier, Isiah Campbell a été coupé sévèrement à l’avant-bras par la lame d’un patin.
Durant son stage avec l’Armada, Andrew Oddy était également en fonction lorsque Jérémy Lauzon, des Huskies de Rouyn-Noranda, a subi une inquiétante coupure au cou. «Ce sont toujours des moments inquiétants. Ce ne sont pas des choses qui arrivent souvent, mais il faut être prêt à tout. Quand ça arrive, je réagis toujours avec mon instinct», partage-t-il.
En marge des assises annuelles de la LHJMQ, les thérapeutes de chaque organisation participent d’ailleurs à des réunions préparatoires où on leur présente des scénarios de cas urgents qui pourraient survenir pendant un match. «C’est beaucoup un travail d’équipe, indique Andrew Oddy. Entre thérapeutes et médecins de chaque équipe, on s’entraide beaucoup. On est tous là pour la même raison : la santé des joueurs. On met nos efforts ensemble pour prendre soin d’eux. Il n’y a aucune rivalité entre nous.»
Cet esprit de camaraderie typique au milieu sportif, c’est d’ailleurs l’aspect qu’Andrew Oddy apprécie le plus dans son métier.
«Ce n’est pas un style de vie que tout le monde voudrait avoir, mais pour moi, venir à l’aréna chaque jour, je n’ai pas l’impression que c’est un travail. Chaque jour, c’est différent. Oui, c’est un horaire surchargé, mais c’est plaisant parce qu’on forme une équipe avec les joueurs et le personnel. C’est une atmosphère de famille.»
Le thérapeute des Voltigeurs se plaît également à voir les joueurs progresser dans leur carrière. «Ce sont des athlètes de haute performance. On les voit arriver dans la LHJMQ à l’âge de 15 ans et devenir des hommes. Certains réussissent à atteindre la Ligue nationale. C’est beau de voir leur évolution.»
En suivant les conseils d’Andrew Oddy, les joueurs réalisent parfois de petits miracles. Il n’est pas rare de voir un blessé revenir au jeu plus tôt qu’anticipé au départ. «Il faut donner beaucoup de crédit aux joueurs. Ce sont de jeunes professionnels. Ils ne veulent pas rester à l’écart du jeu longtemps. Ils veulent toujours être sur la glace! Ils sont prêts à tout pour jouer», explique le soigneur des Voltigeurs.
«Quand on leur donne des exercices à faire, ils les font. Je n’ai pas besoin de toujours être à côté d’eux pour les surveiller. Ils sont dédiés à leur travail. On est là pour les accompagner, mais ils font l’autre moitié du travail. Je dis toujours que c’est 50-50. C’est vraiment un travail d’équipe entre le joueur et moi.»
Comme certains de ses prédécesseurs chez les Voltigeurs, Andrew Oddy ambitionne de faire le saut chez les professionnels un jour. Il y a quelques années, Nicolas Nault et Jean-Sébastien Rondeau ont été embauchés par les Alouettes et l’Impact de Montréal respectivement.
«Ce serait un rêve pour moi, mais je ne suis pas pressé. Ça va arriver quand ça va arriver. J’aimerais ça rester dans le hockey, mais s’il y a une opportunité dans un autre sport, ça pourrait aussi m’intéresser», conclut celui qui a évolué au sein de l’équipe de rugby des Stingers dans les rangs universitaires.