ENVIRONNEMENT. Des interrogations demeurent concernant l’avenir du site d’enfouissement de Saint-Nicéphore. Pendant que Waste Management (WM) étudie ses options, Québec n’a toujours pas confirmé la fin des activités. De son côté, Drummondville reste ferme et n’a pas l’intention de permettre à l’entreprise d’enfouir 430 000 tonnes de matières résiduelles par année pendant 10 ans sur son territoire.
En février dernier, la Cour supérieure a reconnu conforme la réglementation d’urbanisme de la Ville de Drummondville, laquelle empêche l’exploitation de la phase 3B du site d’enfouissement de Saint-Nicéphore. WM a jusqu’au début du mois de mai pour décider ou non de porter le jugement en appel.
«On est toujours à considérer nos options. Étant donné que la capacité est très limitée au site – on parle de quelques mois – une procédure légale ne permettrait pas de solutionner la problématique qui est actuellement à court terme, mais on continue de regarder nos options du côté légal», a indiqué le porte-parole de l’entreprise, Martin Dussault, à L’Express.
Selon les prévisions de WM, le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore sera à pleine capacité aux alentours de septembre prochain. «Je pense que le gouvernement du Québec, dans son autorisation qu’il nous a donnée en septembre dernier, a très bien dépeint la situation. D’une part, que le site est très bien géré et qu’il répond à un besoin essentiel. Actuellement au Québec, il y a un fragile équilibre entre la capacité autorisée dans les lieux d’enfouissement et les besoins des municipalités et des industries, commerces et institutions», soutient M. Dussault.
«La fermeture du site de Drummondville, qui est une infrastructure publique essentielle au Centre-du-Québec, ferait basculer la province dans une crise des déchets. Ce serait vraiment néfaste pour bon nombre de municipalités et de clients, dont ceux du parc industriel de Drummondville», ajoute-t-il.
En plus d’étudier de possibles scénarios du côté légal, WM souhaite discuter avec la Ville de Drummondville et le gouvernement du Québec. «On regarde plusieurs options. On a toujours été disposé à nous asseoir avec la Ville et le gouvernement du Québec pour trouver une solution, alors on demeure ouvert à cette situation-là. Évidemment, on ne va pas discuter de solutions sur la place publique, on veut d’abord s’asseoir avec ces parties prenantes», affirme le directeur des affaires publiques de WM.
Pas de discussions
De son côté, le maire de Drummondville, Alain Carrier, réitère le même discours. «Personne n’en veut. Je ne pense pas qu’on va ouvrir la porte à une discussion quelconque. Nous, on a fait nos devoirs, on a fait ce qu’on avait à faire. On sait tous qu’on attend la décision finale du ministre [Benoit Charette]. Le problème n’est pas entre nous et Waste Management, le problème est rendu entre Waste Management et Québec. Ça ne se passe pas à notre niveau», a-t-il indiqué, soulignant que la Ville a remporté en cour contre WM.
Aucune communication n’a récemment eu lieu entre la Ville et les acteurs impliqués dans ce dossier. «Il n’y a pas de son pas d’image, ni du côté de l’entreprise ni du côté de Québec. On n’a eu aucun signal à date. Aucune discussion n’a eu lieu depuis le jugement avec Waste Management. Depuis ce temps, il n’y a rien non plus au niveau du ministère de l’Environnement, si ce n’est qu’on a été interpelé pour compléter la demande de certificat d’autorisation», a pour sa part mentionné Claude Proulx, directeur de cabinet du maire de Drummondville.
Par ailleurs, selon le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), un représentant du ministère de l’Environnement a présenté mercredi dernier un tableau modifié sur les capacités d’enfouissement résiduelles au Centre-du-Québec dans le cadre des audiences génériques du BAPE. Selon un portrait repartagé par le FCQGED, la capacité d’accueil diminuerait de 667 000 à 237 tonnes. Selon La Presse, le fonctionnaire du ministère de l’Environnement a confirmé que cette diminution serait attribuable à «la fermeture probable» du site d’enfouissement de Saint-Nicéphore.
Rappelons qu’à ce jour, Québec n’a toujours pas retiré le décret accordé à WM en septembre dernier. Le cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette soutient que «la poursuite de l’exploitation du LET de Saint-Nicéphore est nécessaire pour répondre aux besoins des MRC locales et de la Communauté métropolitaine de Montréal».
La semaine dernière, une nouvelle coalition, formée entre autres du Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville (GODD) et du comité vigilance hydrocarbures de Drummondville (CVHD), a été créée pour demander au gouvernement Legault de retirer le décret.