ENVIRONNEMENT. Des voix s’unissent pour demander au gouvernement Legault de retirer le décret autorisant l’enfouissement de 430 000 tonnes de matières résiduelles par année pendant 10 ans sur le site de Saint-Nicéphore.
Le Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville (GODD), qui milite depuis plusieurs années pour la fermeture du site d’enfouissement de la rue Gagnon, se réjouissait d’apprendre que Drummondville remportait en cour contre Waste Management (WM) le 26 février dernier. Le juge Christian Immer a reconnu conforme la réglementation d’urbanisme de la Ville, qui empêche l’exploitation de la phase 3B.
Or, malgré ce jugement de la Cour supérieure, Québec maintient son décret. «On demande le respect du gouvernement. Respecter nos autorités, respecter notre population, respecter la justice qui s’est prononcée là-dessus, respecter les lois qui existent déjà et qui régissent les municipalités et les MRC. Dans le respect de ça, on demande de retirer le décret qui nous est imposé actuellement, mais que l’enfouisseur ne peut se servir parce que c’est dans un flou», a mentionné le porte-parole du GODD, Jean-Guy Forcier, en conférence de presse mercredi.
Afin que le message se fasse entendre par Québec, le GODD et le comité vigilance hydrocarbures de Drummondville (CVHD) ont créé une nouvelle coalition. «On a épuisé tous les recours juridiques, on a fait les référendums requis, on a convaincu la population qui entoure ce site-là, on a gagné en cour deux fois et là, on veut peut-être nous ramener encore une fois en cour – parce que c’est probablement ce que [Waste Management] va essayer de faire. Alors, où est-on rendu dans le processus? On est rendu au niveau politique, a indiqué le porte-parole du CVHD, Roger Pomerleau. Qu’est-ce que le gouvernement va faire? Je ne le sais pas, mais il n’a pas fini avec nous. S’il décide qu’il embarque pareil, il va y avoir du monde dans les rues.»
L’ancien politicien n’a d’ailleurs pas manqué de décocher quelques flèches à l’endroit du ministre et député de Johnson, André Lamontagne et du député de Drummond–Bois-Francs, Sébastien Schneeberger, qui ne se sont toujours pas prononcé publiquement depuis que le jugement a été rendu en faveur de la Ville de Drummondville.
«M. Lamontagne et M. Schneeberger, bien qu’élus par la population, payés par la population pour défendre la population, ne font rien. M. Schneeberger ne semble rien dire et M. Lamontagne nous dit qu’il a tenu compte de l’opinion des gens de la région. Où ça? Quand ça? Comment ça? Avec qui ça? On ne sait pas», a critiqué Roger Pomerleau, qui a été député de Drummond à la Chambre des communes de 2008 à 2011.
Plan d’action
Au cours des prochaines semaines, un plan d’action sera élaboré par la coalition nouvellement créée. Les deux organismes citoyens souhaitent que des organismes communautaires, des associations ou des groupes se joignent à eux. Le juriste et sociologue Richard E. Langelier a déjà répondu à l’invitation.
«Est-ce que le gouvernement va vouloir faire un coup de force, va vouloir adopter une loi spéciale? On verra et on réagira le cas échéant. Mais chose certaine, on ne peut pas se maintenir dans cette situation d’ambiguïté sur le plan juridique. S’il y a un but formel à cette coalition qui naît aujourd’hui, c’est de s’assurer que le gouvernement ne sera pas tenté d’aller de l’avant et de forcer le jeu en imposant sa volonté contre la volonté des citoyens de Drummondville et de la région», a affirmé celui qui fait aussi parti du collectif scientifique ad hoc pour la protection de l’eau potable, ajoutant avoir des inquiétudes sur le plan environnemental en raison de la proximité entre la rivière et le site d’enfouissement.
Le porte-parole des comités de citoyens et citoyennes de la région membre du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), Jean Falaise, ainsi que le conseiller municipal Alain D’Auteuil, étaient aussi présents à la conférence de presse pour appuyer à la coalition.
Rappelons qu’en mars dernier, le cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette a indiqué que «la poursuite de l’exploitation du LET de Saint-Nicéphore est nécessaire pour répondre aux besoins des MRC locales et de la Communauté métropolitaine de Montréal».
Au même moment, une commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement s’est amorcée afin d’étudier la question de la gestion des résidus ultimes. Le dépôt du rapport est attendu en décembre prochain.
De son côté, WM dispose de 30 jours pour décider ou non de porter le jugement en appel, arrivant ainsi à échéance. La multinationale, qui peut exploiter le site de Saint-Nicéphore jusqu’en septembre prochain, n’a pas encore fait connaître ses intentions pour la suite.