CURLING. L’équipe du Québec n’a pas été en mesure de se qualifier pour la ronde de championnat du Brier Tim Hortons. Le Drummondvillois William Dion et ses coéquipiers reviennent néanmoins de Calgary avec le sentiment du devoir accompli.
Lors de leur dernier match de la ronde préliminaire, jeudi, les représentants du Québec étaient condamnés à gagner face à l’équipe invitée de Kevin Koe. Après avoir pris les commandes 5-3 au cinquième bout, la formation du capitaine Mike Fournier s’est finalement avouée vaincue 10-5.
«Kevin Koe est l’un des skips les plus prolifiques au Brier depuis toujours. Ils ont d’ailleurs été les derniers représentants du pays aux Olympiques. On jouait très bien, mais en deuxième moitié de match, on a fait quelques petites erreurs qui nous ont coûté la partie. Au curling, c’est une question de pouces ou même de centimètres», a fait remarquer William Dion, qui occupait un rôle de substitut à sa deuxième participation au championnat canadien de curling masculin.
«Même si on avait gagné ce match, on n’aurait pas passé à la ronde suivante en raison des résultats dans les autres matchs», a-t-il ajouté.
Avec une fiche de quatre victoires et quatre défaites, les Québécois ont terminé la compétition au cinquième rang du groupe B, à égalité avec la Nouvelle-Écosse. Seules les quatre meilleures équipes de chaque groupe ont obtenu un laissez-passer pour la ronde de championnat.
«On a été dans le coup à tous les matchs. Même face aux meilleures équipes, on leur a donné des sueurs froides. Techniquement, ils étaient supposés nous battre, mais ce n’était jamais facile», a souligné William Dion.
Les représentants de Curling Québec ont d’ailleurs arraché une victoire de 10-7 à l’équipe ontarienne du capitaine John Epping, qui figure parmi les meilleures au monde. «Je suis très fier des gars, a lancé Dion. Considérant le fait qu’on ne pouvait pas pratiquer avant d’arriver ici, on a livré une performance extrêmement honnête.»
Selon William Dion, l’entrée en scène du vétéran Martin Crête à titre de troisième lanceur a insufflé une solide dose d’expérience à l’équipe Fournier. Le vétéran en était à sa neuvième participation au Brier.
«Dès son arrivée, Martin s’est bien inséré dans notre équipe. C’est un coéquipier exceptionnel et un super bon joueur. Quand la pression monte, c’est un gars qui joue bien», a-t-il fait valoir.
Dion a également tenu à souligner la performance du lead Jean-François Trépanier dans la bulle albertaine. «Si on regarde les statistiques après huit parties, Jean-François est le meilleur lead au Canada avec une moyenne de 94 %. Il a joué un tournoi absolument exceptionnel. Il ne sera pas nommé sur l’équipe d’étoiles puisqu’on n’a pas participé à la deuxième ronde, mais il s’est démarqué face à certains des meilleurs leads au monde», a-t-il fait remarquer.
Un athlète rassembleur
En tant que substitut, William Dion n’a été impliqué que dans un seul match contre le Nunavut. «Au curling, le cinquième joueur est comme un support moral. Quand je suis embarqué sur la glace, c’était comme un bonbon pour moi. Comme les gars n’avaient pas pu pratiquer ensemble, tout le temps qu’ils pouvaient passer sur la glace était bénéfique», a expliqué l’athlète de 33 ans.
Reconnu pour ses qualités de rassembleur et son énergie contagieuse, William Dion a multiplié les encouragements pendant les parties de son équipe. «C’était mon rôle d’aller chercher le meilleur de tout le monde. Avec mon expérience dans le sport, je sais quoi dire et quand le dire. Je prends de place sur la glace, mais quand ça va bien, je laisse le monde aller. Quand ça va mal, je fais parfois une intervention, juste pour changer le focus. Quand tout est trop sérieux et que tout le monde est trop tendu, c’est dur de bien jouer», a laissé entendre l’ex-botteur de précision de l’équipe de football du Vert et Or de l’Université de Sherbrooke.
Pourquoi les membres d’Équipe Québec s’appellent-ils les chevaux? Michael Fournier explique. 🐎 🐎 🐎 🐎 🐎 #Brier2021 @CurlingQuebec pic.twitter.com/JL3UPdNLV7
— Curling Canada FR (@CurlingCanadaFR) March 6, 2021
Durant le tournoi, on a pu apprendre que les brosseurs de l’équipe de Mike Fournier se surnomment entre eux «les chevaux». C’est d’ailleurs William Dion qui est à l’origine de la devise de l’équipe, «Feed the horses», une référence historique et militaire rappelant l’importance de nourrir les chevaux avant de se lancer dans une bataille.
«Quand on a commencé à jouer avec Mike, il avait tendance à lancer ses placements comme s’il était seul en pratique. On a pourtant de bons balayeurs dans l’équipe. En lui disant «Feed the horses», c’était une façon positive et humoristique de lui rappeler qu’il n’était pas obligé de tout faire seul, qu’on était là en équipe avec lui. Je savais que Mike joue mieux quand il a du plaisir et que les choses sont légères. En lui faisant ce clin d’œil, on lui rappelait qu’on était là pour balayer», a raconté William Dion.
En raison du contexte sanitaire, le Brier a été disputé dans un environnement protégé. Soumis à des tests de dépistage, les joueurs devaient limiter leurs contacts à leur bulle d’équipe. Selon Dion, l’absence de spectateurs a privé l’événement de son cachet si particulier.
«La beauté du curling, c’est son esprit convivial. C’est le seul sport où les spectateurs et les joueurs se côtoient après un match. Ça fait partie de l’expérience unique d’un Brier. C’est particulièrement vrai dans l’Ouest du Canada, où les gens suivent ça avec beaucoup d’intérêt. Ce n’était pas pareil cette année», a affirmé Dion, qui agissait comme deuxième lanceur lors de sa première participation, en 2018.
Se disant satisfait de son rôle dans l’équipe, William Dion conserve le rêve de participer à nouveau au Brier dans le futur.
«Ça demande beaucoup de sacrifices de jouer au curling, surtout avec une jeune famille et un nouvel emploi, mais le feu du compétiteur est encore en moi», a conclu le jeune père de famille, qui enseigne en histoire à l’école secondaire Jeanne-Mance.
Classement du Brier (groupe B)
Rang | Équipe | Victoires | Défaites |
1. | Équipe invitée 2 (Koe) | 7 | 1 |
2. | Ontario (Epping) | 6 | 2 |
3. | Canada (Gushue) | 6 | 2 |
4. | Saskatchewan (Dunstone) | 6 | 2 |
5. | Québec (Fournier) | 4 | 4 |
6. | Nouvelle-Écosse (Murphy) | 4 | 4 |
7. | Terre-Neuve et Labrador (Smith) | 2 | 6 |
8. | Île-du-Prince-Édouard (Mackenzie) | 1 | 7 |
9. | Nunavut (Mackey) | 0 | 8 |