Donner envie aux femmes de s’engager en politique

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Par Marilyne Demers
Donner envie aux femmes de s’engager en politique
Cathy Bernier, Catherine Lassonde, Annick Bellavance et Stéphanie Lacoste. (Photo : Ghyslain Bergeron)

POLITIQUE. Quatre femmes. Quatre parcours différents. Chacune d’elles a choisi de faire le saut en politique municipale et souhaite encourager les femmes à se lancer à leur tour en vue des élections municipales de novembre 2021.

Il n’existe pas de mode d’emploi pour devenir conseillère municipale. Cathy Bernier, Catherine Lassonde, Annick Bellavance et Stéphanie Lacoste l’ont appris sur le terrain. Si elles ne comptent pas les heures, les quatre élues arrivent tout de même à jongler avec la conciliation travail-famille.

Elles espèrent, à travers leur parcours, allumer l’étincelle auprès d’autres femmes, qui auront comme mandat de représenter les citoyens, prendre des décisions collectivement et veiller aux intérêts et la saine gestion de la Ville.

Le désir de s’impliquer… et d’apprendre
Annick Bellavance a été élue comme conseillère du district 9 en 2009. «J’avais un bébé de six mois et j’allaitais, mentionne la mère de deux garçons. J’avais vu une annonce par hasard. Je siégeais sur le comité consultatif d’urbanisme comme citoyenne. Je trouvais qu’à ce moment-là, il y avait peu de femmes au sein du conseil municipal. Je regardais les décisions et étant mère d’un jeune garçon, je trouvais qu’il y avait beaucoup de travail à faire pour nos parcs. Je me suis lancée très naïvement. Je ne pensais pas être élue. Ça fait 11 ans cette année. Je crois que l’obstacle de la femme à se présenter en politique, c’est elle-même», indique-t-elle.

Annick Bellavance (Photo d’archives)

Depuis son premier mandat, Annick Bellavance a siégé sur différents comités, touchant à presque toutes les sphères d’activités municipales : l’urbanisme, le comité exécutif, les travaux publics, l’ingénierie, la planification stratégique, la culture, le développement durable et le communautaire. «Il ne faut pas oublier qu’on est des citoyens avant tout et que nous ne sommes pas des spécialistes. Au contraire, on peut apporter une perspective citoyenne, un nouveau regard. Si des femmes aiment apprendre, c’est la place. Encore aujourd’hui, j’en apprends toujours», mentionne la conseillère municipale.

Membre de la commission Femmes et gouvernance de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Annick Bellavance veut encourager les femmes à se porter candidates en vue des prochaines élections municipales. «Être conseillère municipale, c’est spécial. On change la vie des gens à l’échelle municipale. On donne une université, on crée une promenade Rivia ou de nouveaux parcs, on repense l’habitation, énumère-t-elle. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui n’aurait pas le goût de mettre les mains dans cette pâte-là?»

«Un des facteurs attractifs à Drummondville, c’est qu’il n’y a pas de parti politique. On est indépendant. On vient tous de milieux différents, on n’est pas toujours tous d’accord, mais on est capable de mettre de l’eau dans notre vin et d’avancer», ajoute-t-elle.

Double emploi 
Lorsqu’elle s’est présentée en 2013, Catherine Lassonde était propriétaire d’un commerce au centre-ville, qui fait partie du district qu’elle représente aujourd’hui. «Je suis née à Drummondville. De pouvoir avoir un impact significatif dans ma ville, avec mes collègues, c’est comme ça que c’est apparu. J’avais envie de pouvoir faire une différence dans la vie des gens. Je pense que c’est le palier où on peut avoir un impact le plus direct dans la vie des citoyens», souligne-t-elle.

Catherine Lassonde. (Photo d’archives)

Parmi les personnes qui lui ont donné envie de se présenter, elle mentionne Annick Bellavance. Je l’avais rencontrée et elle avait pris le temps de bien m’expliquer. C’est elle qui m’a influencée. À ce moment-là, elle m’a donné le courage que ça prenait pour mettre ma photo sur une pancarte électorale, raconte-t-elle. Se présenter en politique, ça prend beaucoup d’humilité. Je pense que c’est une belle leçon de vie, que ce soit en gagnant ou en perdant. Le plus grand défi, c’est de se faire confiance.»

Aujourd’hui, en plus d’être conseillère du district 3, la mère de deux enfants occupe un emploi à temps plein. «J’arrive à concilier les deux. Dans mon cas, c’est une décision qui s’est prise en famille. Je pense que c’est important de montrer aux femmes que c’est possible. Pour moi, c’est une façon de les inciter à se lancer en politique.»

Une bonne école
Avant de représenter les citoyens du district 10, Stéphanie Lacoste était coordonnatrice des services de garde au Centre communautaire récréatif Saint-Jean-Baptiste. «J’ai eu une formation en administration, option commerce international. Quand j’ai eu mes enfants, ç’a été une décision familiale. Le fait d’avoir été 10 ans à la maison, j’ai développé une belle relation avec mes enfants. Quand j’ai décidé de me lancer, mes gars m’ont dit que c’était à mon tour de m’épanouir. Il y a eu un temps où je voyais mes enfants seulement le matin parce que j’avais des réunions presque tous les soirs. Pour moi, ce moment avec mes enfants était sacré, mais ç’a bien fonctionné.»

Stéphanie Lacoste s’est impliquée dans les écoles de ses trois fils. Elle a agi comme commissaire-parent à la Commission scolaire des Chênes, jusqu’à son abolition l’an dernier. «C’est mon plus grand regret que ce palier ait été supprimé parce qu’il y a beaucoup de députées, de mairesses et de conseillères qui ont réalisé leur première implication au niveau scolaire. Souvent, une femme, ça lui prend une cause beaucoup plus grande que sa personne pour se lancer et nos enfants, c’est ce qui nous tient à cœur», soutient-elle.

Stéphanie Lacoste. (Photo d’archives)

«Être commissaire a été une très bonne école pour moi. Un conseil des commissaires fonctionne un peu comme un conseil de ville. Il y a des ateliers de travail, des séances publiques, un président qui agit comme porte-parole et tu dois défendre tes idées. Je peux dire que le rôle de commissaire m’a bien préparée à mon rôle de conseillère municipale», ajoute-t-elle.

L’ex-conseillère municipale Isabelle Marquis, qui était aussi commissaire-parent, a été la personne qui a approché Stéphanie Lacoste lors de l’élection partielle de 2015, après le départ de Vincent Chouinard. «Avant de se lancer, on a peut-être tous vécu le sentiment d’imposteur. Tu te lèves rarement un matin et décides de te lancer en politique. Isabelle Marquis a été la femme qui m’a donné l’élan pour le faire et j’espère maintenant que ce sera notre tour. Il faut juste oser. Une fois que le pas est fait, le reste s’intègre naturellement», indique-t-elle.

D’ailleurs, Stéphanie Lacoste constate qu’une solidarité féminine s’est installée entre les élues. «Il s’est développé une complicité. Dès que je suis arrivée en 2015, je me suis sentie bien accueillie, relate-t-elle. La plupart des hommes autour de la table sont aussi bienveillants et conscients de la couleur qu’on apporte.»

Savoir prendre sa place
Cathy Bernier a été élue pour un premier mandat en novembre 2013. «C’est un homme qui m’a approchée et m’a parlé du mouvement pour encourager les femmes en politique. Le premier réflexe que j’ai eu, comme bien des femmes, c’est de me dire que ce n’était pas ma place. Ça m’a demandé une grande réflexion. À ce moment-là, mes deux enfants étaient jeunes. Ç’a été une grosse décision, mais j’ai pris la bonne décision», raconte-t-elle.

Cathy Bernier. (Photo d’archives)

Après un an, elle a choisi de quitter son emploi. «Je l’ai gardé au début pour essayer de combiner les deux. Ma priorité était d’être capable d’élever mes enfants et de leur offrir une éducation optimale. C’est stimulant être élue, mais en même temps, c’est ingrat parce qu’après quatre ans, ce n’est pas toi qui choisis si tu restes ou si tu pars, ce sont les citoyens qui vont mettre le « X » sur le bulletin de vote. Si tu veux rester, tu dois t’impliquer», mentionne la conseillère du district 12.

Cathy Bernier souhaite inspirer d’autres femmes à se lancer, et ce, au nom d’une représentation démocratique équilibrée. «Il faut faire en sorte que notre monde de demain soit à l’image autant des hommes que des femmes qui vont constituer notre démocratie. La femme a autant sa place autour de la table, soutient-elle. Comme femme, on a le droit d’avoir une certaine sensibilité. Moi, je l’assume. Il faut savoir comment bien le doser et le démontrer. Aujourd’hui, j’assume encore plus mes choix et ce que je dis.»

Les quatre conseillères municipales lancent l’invitation aux femmes qui voudraient discuter ou prendre un café… virtuellement.


Élections municipales de 2017
Lors des élections municipales de novembre 2017, 205 femmes ont été élues à un poste de mairesse et 2 358 à un poste de conseillère. Il s’agit d’une hausse de 32,3 % de la représentation féminine au sein des conseils municipaux, comparativement à 2013. L’Union des municipalités du Québec vise la parité en vue des élections municipales de novembre 2021.

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