CENTRE-VILLE. Le conseiller Alain D’Auteuil est d’avis que le projet de salle de spectacle multifonctionnelle prévu au centre-ville de Drummondville doit faire l’objet d’une consultation publique.
Dans une lettre ouverte, le conseiller du district 4 a tenu à s’exprimer sur le projet, alors que la Maison des arts vient de terminer les études qui y sont rattachées.
«Je crois qu’il faudrait laisser plus de temps à la réflexion tout en menant une authentique et étendue consultation publique où pourrait être aussi inclus le projet de stationnement étagé également projeté. N’est-il pas vrai que la meilleure façon de connaître l’avis des gens est de leur demander? Et n’est-il pas préférable de le faire avant de se lancer dans les dépenses onéreuses qui risquent d’obérer un budget qui sera forcément serré en cette période d’insécurité financière?», écrit-il.
Alain D’Auteuil ajoute que des indicateurs de performance, des sondages réalisés en temps réel et des groupes de discussion sont également nécessaires pour permettre à tous de donner leurs points de vue sur le projet et en débattre. «J’avoue partager les frustrations des citoyens et citoyennes qui voient l’argent de leurs taxes être dépensé de façon inappropriée et sans tenir compte des besoins réels et du bien commun. Pour régler les problèmes, il faut savoir les reconnaître, discuter des avenues et alternatives possibles et avec la volonté et l’effort d’arriver à des solutions efficaces et durables», soutient-il.
Si le conseiller souligne l’importance d’ouvrir le dialogue face au projet de salle de spectacle multifonctionnelle, c’est qu’il estime entre autres que le nombre de salles de spectacle sur le territoire drummondvillois s’élèverait à quatre, à savoir l’existence de la Sainte-Paix, la salle Le Royal et l’Espace Mandeville.
«Loin de moi l’idée de m’opposer au déploiement d’activités culturelles à Drummondville. Nous avons, en ce domaine, une longue et solide tradition qui fait l’envie de plusieurs autres communautés, écrit-il. Mais l’actuelle crise sanitaire, elle-même prélude évident à une crise climatique de grande envergure et sur laquelle se greffera une probable crise économique importante, nous oblige à des choix cornéliens. Il ne s’agit pas ici de choisir entre l’amour de l’art et la vertu de l’épargne, mais bien entre la prudence, le respect des plus pauvres et la démesure et l’ambition de servir les élites économiques et culturelles.»
Il poursuit : «En effet, face à ce projet se pose la question suivante : pourquoi persister dans les démarches municipales pour l’implantation d’une quatrième salle de spectacle au cœur du centre-ville, financée avec l’argent des contribuables, en ces temps difficiles? Une réponse à cette question s’impose d’autant qu’aucune étude ne tient compte des crises que nous traversons présentement ou que nous risquons fort de vivre prochainement et de leurs impacts sur la population.»
Par ailleurs, lors du sondage réalisé dans le cadre du plan de relance municipal, Alain D’Auteuil soutient que les répondants questionnés sont les priorités de la Ville se sont montrés peu favorables au projet de salle de spectacle.
«Une ville recherchée et attrayante est celle qui respecte l’environnement, qui crée des rues piétonnières au centre-ville, comptant plus de verdure et moins de trafic automobile afin d’offrir une expérience différente et sans égale de magasinage dans un milieu décontracté où les cinq sens sont stimulés entre les cafés, les boulangeries, les restaurants et chocolateries, et où une foule de commerçants et d’artisans offrent leurs produits», commente-t-il.
Le projet de salle de spectacle multifonctionnelle au centre-ville de Drummondville est évalué à 17,2 M$, dont 12 M$ proviendraient de subventions. Le bâtiment du 161 rue Heriot, qui abritait autrefois la pharmacie Jean Coutu, est notamment dans la mire du lieu de diffusion. La Maison des arts espère que le projet voit le jour d’ici cinq ans.
De son côté, le maire de Drummondville, Alain Carrier, a fait savoir à l’automne dernier qu’il envisage l’implantation d’une salle de spectacle style cabaret sur le toit d’un immeuble projeté au centre-ville, qui comprendrait notamment un stationnement étagé. Ce bâtiment serait aménagé au stationnement déjà existant entre les rues Loring et du Pont.
Pour lire l’intégrale de la lettre ouverte: Temps de crise, priorités municipales et dépenses publiques : Quels critères, pour quels projets ?