HOCKEY. Depuis maintenant 22 ans, Annie-Pier Taillon fait partie des visages familiers qu’on peut reconnaître dans l’entourage des Voltigeurs de Drummondville. L’officielle hors glace a récemment atteint le plateau des 500 parties dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
Pandémie oblige, ce n’est pas lors d’un match des Voltigeurs ni en présence de milliers de spectateurs qu’Annie-Pier Taillon a pu vivre ce moment significatif. Bien que cette marque ait été atteinte lors d’un duel à huis clos entre les Huskies de Rouyn-Noranda et le Phoenix de Sherbrooke, mardi soir, dans la bulle du Centre Marcel-Dionne, les Voltigeurs ont eu la délicatesse de commémorer l’événement pendant le match précédent.
«C’est un sentiment de fierté qui m’habite ces jours-ci, a exprimé Annie-Pier Taillon au lendemain de cette partie. Non seulement je marque encore aujourd’hui, mais j’aime encore ça après toutes ces années.»
C’est lors du dernier match de la saison 1998-1999 qu’Annie-Pier Taillon a fait ses débuts comme officielle hors glace. À l’époque, la Drummondvilloise était une fidèle partisane des Voltigeurs.
«Un ami est venu me voir dans les estrades pour me demander si je pouvais remplacer le chronométreur, qui devait s’absenter à la dernière minute. Je n’avais jamais fait ça de ma vie, mais j’ai accepté! Dès la saison suivante, on a fait appel à mes services de façon régulière», a relaté la femme de 44 ans, qui est passée de chronométreuse à marqueuse au fil du temps.
Aux yeux d’Annie-Pier Taillon, le rôle d’un officiel hors glace au hockey doit être abordé de façon collective.
«On travaille en collaboration avec les officiels sur la glace. On forme une équipe avec eux. On est là pour les soutenir. C’est important d’être alertes et attentifs à tout ce qui se passe sur la patinoire», fait valoir celle qui a œuvre également lors des matchs des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Parmi ses souvenirs les plus marquants, Annie-Pier Taillon évoque le septième match de la finale de la coupe du Président entre les Voltigeurs et les Cataractes de Shawinigan, le 12 mai 2009.
«Au moment où la sirène a sonné à la fin du match, je suis redevenue une partisane des Voltigeurs. Je me souviens que l’ambiance était folle dans l’aréna. C’était un moment rempli d’émotions pour tout le monde», se remémore celle qui apprécie particulièrement le côté rassembleur du sport.
Bénévolat et baseball
Il faut dire que dès son plus jeune âge, Annie-Pier Taillon fréquentait l’aréna de la rue Cockburn sur une base régulière. Coordonnateur du Drummondville olympique, son défunt père Gilles Taillon lui a transmis sa passion pour le sport, notamment dans le cadre du Tournoi international de hockey midget.
«C’était en 1989, le tournoi fêtait ses 25 ans et mon père m’avait demandé de l’aider. J’avais 12 ans, mais j’étais fière de donner un coup de main partout où on avait besoin de moi. Mon père me donnait beaucoup de responsabilités et de latitude. Je tripais!»
Au fil des ans, la fidèle bénévole a touché à tous les départements du tournoi drummondvillois, marquant et chronométrant évidemment sa part de matchs. En 2015, son implication a d’ailleurs été reconnue lorsqu’elle a hérité du trophée Stéphane-Chaput.
«Aujourd’hui, ça fait 32 ans que ce tournoi est dans ma vie», a raconté celle qui a vu l’édition 2021 de l’événement être annulée en raison de la pandémie.
Également une grande passionnée de baseball, Annie-Pier Taillon est marqueuse dans cette discipline depuis maintenant 28 ans. D’abord affectée à des tournois mineurs organisés par son père, elle est aujourd’hui à l’emploi des Aigles de Trois-Rivières, qui évoluent dans la Ligue Frontier de baseball indépendant.
«Marquer au baseball, c’est complètement différent du hockey, parce que j’ai des décisions à prendre. Je dois utiliser mon jugement afin de prendre la décision la plus juste possible. Je suis donc encore plus impliquée dans le match qu’au hockey», explique celle qui a été nommée marqueuse de l’année dans la Ligue de baseball majeur du Québec en 2012.
Une expertise recherchée
Tant au baseball qu’au hockey, Annie-Pier Taillon est reconnue pour son sérieux et sa rigueur. Hockey Québec fait d’ailleurs appel à ses services pour offrir des formations aux officiels hors glace débutants.
«Quand je donne des formations aux jeunes, je leur dis toujours de sortir leur écriture du dimanche. Les feuilles doivent être le plus lisibles possible. C’est une question de professionnalisme», souligne-t-elle.
Signe que son expertise est recherchée, Annie-Pier Taillon devrait faire ses débuts dans le hockey professionnel au sein de la ECHL d’ici quelques mois. La nouvelle organisation de Trois-Rivières, qui sera affiliée aux Canadiens de Montréal, devrait effectivement faire appel à ses services en raison de son expérience comme officielle hors glace.
Demeurant aujourd’hui à Bécancour, Annie-Pier Taillon gagne sa vie comme répartitrice médicale d’urgence depuis maintenant 16 ans. Un métier exigeant où elle répond aux appels en provenance du 911 nécessitant un transport en ambulance dans la région.
«Le sport me permet de garder un bel équilibre avec ma vie professionnelle. Le soir, quand je vais marquer au hockey ou au baseball, c’est une sorte d’échappatoire pour moi. C’est là que je trouve ma gang d’amis. On travaille dans le plaisir ensemble», relate celle qui prend place aux côtés de l’annonceur-maison Guy Lahaie.
La passion d’Annie-Pier Taillon pour le hockey l’aura menée jusqu’au musée POP de Trois-Rivières. Dans le cadre de l’exposition permanente «Attache ta tuque», qui dresse un portrait de la culture populaire québécoise, l’institution a recueilli les témoignages de divers intervenants dans le milieu du hockey, dont celui de l’une des marqueuses les plus expérimentées au Québec. Accessible virtuellement, cette exposition a récemment remporté un prix de la Société des musées du Québec.