SANTÉ. On le sait, le personnel soignant compte parmi les acteurs à l’avant-scène de cette pandémie mondiale. En coulisses se trouvent des travailleurs faisant face à des responsabilités primordiales : les employés de la buanderie. Maryse Guillemette est l’une de ceux-ci à l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville.
À l’emploi depuis 21 ans, Maryse Guillemette est encore estomaquée des volumes de lavage hors normes à effectuer quotidiennement depuis mars 2020.
«C’est énorme! lance-t-elle. Je n’ai jamais vu ça. Plusieurs citoyens ont dû arrêter de travailler depuis le début de la pandémie, mais nous, c’est le contraire, on a dû augmenter la cadence».
Toutes les trois minutes, une avalanche de linges et de draps dévale le tunnel de lavage. Les préposés n’ont pas de secondes à perdre : ils doivent trier les morceaux propres par catégorie, en trois minutes top chrono, avant que l’autre bordée arrive.
«Pendant ce temps, le buandier vide les séchoirs pour ensuite les remplir. Nous, les préposés, en plus de trier, on plie, on ensache, on remplit les chariots qui seront acheminés aux installations qu’on dessert et aux différents départements de l’hôpital et on prépare les commandes. C’est très physique, car on se penche, on pousse des chariots, on les tire, etc. On est toujours debout», détaille Mme Guillemette.
En plus de devoir composer avec la chaleur et de travailler dans un espace de travail davantage restreint, conséquence des lavages plus volumineux, les préposés à la buanderie et buandiers doivent porter le masque de procédure.
«C’est comme faire de l’exercice physique avec un masque, ce n’est pas évident», image-t-elle.
Mais tout comme ses collègues, elle s’active chaque jour pour que les travailleurs de la santé et les usagers aient tout ce qu’il faut.
Si elle a perdu le décompte du nombre de blouses de contagion et d’uniformes qu’elle peut plier en une seule journée, la préposée sait néanmoins que sa routine d’avant a complètement été transformée et qu’elle est maintenant plus essoufflante.
«Habituellement, on pliait des uniformes une heure par jour. Maintenant, c’est toute la journée et on ne fournit pas d’en plier», indique l’employée dynamique.
«Avant, un seul chariot de 40 poches de jaquettes était acheminé. Là, on en a huit par jour. C’est quelque chose! Surtout que la buanderie n’est pas très grande. On essaie de trouver de l’espace ici et là. Mais depuis une semaine, on voit que le nombre de jaquettes diminue un peu, ça nous encourage un peu!» donne-t-elle en exemple.
Si les journées se passent généralement dans la bonne humeur et sans anicroche, Mme Guillemette affirme toutefois que le personnel commence à être épuisé.
«On a parfois de la misère à avoir assez de monde, malgré les embauches, car le personnel est fatigué. Mais on fait ce qu’on peut et on continue avec le sourire, parce que s’il n’y a pas de lingerie propre, ça va devenir un problème», laisse-t-elle entendre, en se réjouissant néanmoins de savoir que la COVID-19 ne l’a pas atteinte ni ses collègues.
«Le plus gros de la job, ce sont les uniformes et les jaquettes. Plier toute une journée de temps, ça hypothèque du monde. On aurait bien voulu trouver une façon de sauver du temps et de livrer les uniformes en vrac, mais à cause de l’espace restreint que nous avons, on n’a pas réussi», poursuit-elle.
Avant la pandémie, deux buandiers et quatre préposés étaient nécessaires par quart de jour. Maintenant, on dénombre huit employés sur le plancher.
«On avait beaucoup d’ouvrage quand même, mais ça coulait bien», se rappelle celle qui était auparavant couturière au sein de ce département.
Bref, si elle est fière du travail accompli jusqu’à maintenant malgré ce contexte difficile, Maryse Guillemette ne peut s’empêcher de s’inquiéter quelque peu pour la suite.
«Est-ce que ça va diminuer? Je ne sais pas! S’il y a une troisième vague, il va probablement y avoir certains employés qui ne seront plus capables de suivre», laisse-t-elle tomber en gardant espoir.