COUVRE-FEU. Samedi soir, Drummondville a été plongée dans le silence. Les rues étaient désertes. Les stationnements étaient vides. Les magasins étaient fermés. En cette première soirée de couvre-feu, les citoyens se sont retrouvés confinés à domicile, sous le coup de 20h.
18h30. Tous les cellulaires résonnent: le premier jour du couvre-feu historique débutera dans 90 minutes.
Dès la nuit tombée, la Ville de Drummondville se vide tranquillement. Les marcheurs se promènent d’un pas furtif dans leur quartier, question de profiter de quelques bouffées d’air frais. Les automobilistes se dirigent rapidement vers leurs foyers, à la quête de tranquillité.
19h. Tandis que la plupart des citoyens rentraient au bercail, une poignée de contestataires se sont rassemblés au parc Saint-Frédéric, au centre-ville. Une quarantaine de manifestants se sont réunis pour dénoncer le couvre-feu imposé par le gouvernement provincial.
Pendant une trentaine de minutes, les protestataires ont sillonné les rues, pancartes et porte-voix à la main. Quelques curieux sont même sortis sur leur balcon extérieur pour regarder le spectacle. Que ce soit par la surveillance à cheval ou en voiture, la Sûreté du Québec était omniprésente.
Les autorités étaient catégoriques, le port du masque était obligatoire. Quelques contrevenants ont même écopé d’un constat d’infraction, faisant fi au règlement.
19h20. Si l’agitation gagnait le parc Saint-Frédéric, un calme plat régnait dans les épiceries du coin. Non loin, au Maxi, les clients se pressaient de rejoindre leur voiture afin d’y déposer leurs sacs. Il ne restait que dix minutes avant la fermeture de l’endroit. Ce n’était pas le temps de flâner.
Après quelques minutes, les voitures avaient déserté l’endroit. Il ne restait plus que des paniers laissés à la va-vite dans le stationnement. Ce fut au tour des employés de quitter les lieux.
19h45. Les stations-service ne sont pas assujetties au couvre-feu. Pourtant, les commis du Dépanneur Voisin se préparaient à fermer la porte à clé. Le propriétaire Stéphane Blanchette a fait le choix de devancer la fermeture à 20h.
«Il n’y aura plus personne dans les rues de Drummondville. Il n’y a pas de nécessité d’ouvrir. D’autant plus que le gouvernement nous interdit de vendre tout ce qui touche aux boissons alcoolisées», explique-t-il.
19h50. L’horloge continue de tourner. Des clients de dernières minutes se risquent à acheter des provisions pour la soirée. Le temps avance. Un automobiliste s’arrête. Il met du gaz dans sa voiture. Annie, une employée, s’approche de lui. «Nous fermons dans cinq minutes», prononce-t-elle, gentiment.
Sur le boulevard Saint-Joseph, la pression se fait aussi ressentir. Deux conducteurs s’adonnent à une course de rue. Les moteurs rugissent et les pneus mordent dans l’asphalte. À la station-service, l’homme a tout juste le temps de payer sa facture pour repartir.
Les lumières du dépanneur s’éteignent. Elles se rallumeront dès demain matin.
20h00. Le centre-ville est tombé en veille. Hier soir, petits et grands se réunissaient à la patinoire réfrigérée pour chausser leurs patins. Les rires se faisaient entendre. Aujourd’hui, il n’y a pas âme qui vive.
Le scénario se répète au cinéma Capitol, où tout a été mis en pause. L’effervescence du samedi soir a fait place à un calme irréel.
20h30. Les seules personnes qui circulent sur la voie publique sont les patrouilleurs et les livreurs. Malgré les apparences, certains employés de restaurants travaillent dur pour offrir un service de livraison. C’est le cas de Chez Louis. Les livreurs et les cuisiniers s’affairent au travail, comme dans une fourmilière.
Tous les employés ont répondu présents. Ils savent ce qu’ils ont à faire. Ils sont prêts à recevoir les appels. La soirée ne fait que commencer.
21h. Si la plupart des citoyens ont respecté leur devoir en restant à la maison, le personnel de la santé est quant à lui fidèle à son poste. À l’hôpital Sainte-Croix, ça ne chôme pas.
Nos anges gardiens de la santé poursuivent leur mission, le cœur au ventre.