COMMERCES. Malgré les mesures encore plus restrictives annoncées mercredi et le couvre-feu imposé pour freiner la propagation de la COVID-19, les commerçants approchés par L’Express disent comprendre les décisions difficiles prises par le gouvernement, lesquelles contribueront à l’effort collectif.
«C’est certain que ce n’est pas facile présentement pour les entrepreneurs. Par contre, il ne faut pas lâcher, il faut continuer de participer à l’effort collectif», affirme Vicky Descôteaux, propriétaire d’Ambiance Simone, boutique de décoration intérieure et d’accessoires fermée depuis le 25 décembre.
Même son de cloche du côté de Gabriel Nadeau, propriétaire des Épiceries Nadeau, qui, pour sa part, devra réduire les heures d’ouverture de ses commerces afin de respecter le couvre-feu.
«On comprend les décisions du gouvernement. On n’a rien à s’opposer par rapport à ça. Notre job, c’est de les écouter et de faire en sorte que ça aille bien».
Ce dernier s’estime d’ailleurs chanceux que ses commerces ne soient pas autant impactés par la pandémie.
«On a été vraiment chanceux par rapport à d’autres commerces, nos confrères dans la restauration et les bars. On n’est pas là pour se plaindre», soutient-il.
Vicky Bergeron, propriétaire du Dépanneur Allard, abonde dans le même sens.
«On ne peut pas se permettre de chialer quand plusieurs commerces sont fermés depuis des semaines et compte tenu de la situation (…) Depuis le mois de mars, ça n’a jamais lâché. Je suis contente de travailler dans le domaine alimentaire! Je ne m’inquiète pas trop pour les prochaines semaines, si la clientèle baisse, ce qui me surprendrait, ça n’affectera pas mes ventes.»
Pour pallier un tant soit peu la perte de revenus liée à la fermeture de son commerce, la propriétaire d’Ambiance Simone a planché avec son équipe sur un site web transactionnel.
«Depuis notre fermeture, nous avons travaillé fort à avancer notre site web transactionnel, chose que nous avions mise sur pause dû à la frénésie du temps des Fêtes. Donc avec nos publications sur les réseaux sociaux et bientôt ce site web, étant donné que la cueillette en magasin est autorisée ainsi que la livraison gratuite à Drummondville, j’ai espoir de satisfaire le plus de clients possible», affirme-t-elle.
Du côté des Épiceries Nadeau, le service de livraison est toujours en vigueur.
«Nous avons réajusté nos heures, soit de 7 heures le matin à 7 heures le soir. C’est déjà beaucoup en demande et on s’attend à ce que ça augmente, car étant donné que les plages horaires des épiceries seront réduites, les gens ne voudront peut-être pas se présenter sur place avec l’achalandage qui sera condensé», croit M. Nadeau.
Bien qu’elle fasse preuve de résilience et de compréhension, Brigitte Labelle, propriétaire de Tes Fleurs, situé sur la rue Saint-Jean, affirme que ce confinement, prolongé pour sa part, ne survient pas dans un bon moment pour son commerce.
«Ça engendre de très grosses pertes côté fleurs et 80 % de mon chiffre d’affaires, je le fais les deux premières semaines de février avec la Saint-Valentin. Je vais donc offrir le service take out et la livraison si je veux survivre», laisse entendre la fleuriste.
Patience et collaboration
Même si les ventes ne seront certainement pas affectées du côté des épiciers ou autres commerces essentiels, il n’en demeure pas moins que le défi sera d’accueillir un même nombre de clients sur une période réduite.
«Le volume de client qui est servi de 8 h à 22 h tous les jours, d’un coup, on va devoir les servir de 8 h à 19 h 30. C’est sûr que c’est un challenge. On doit servir autant de monde en moins de temps. Ça veut donc dire qu’il va y avoir un peu plus de files d’attente à l’extérieur», fait observer Jean-François Belleau, directeur des relations gouvernementales au Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).
Les commerçants auront besoin de la collaboration et de la patience de leurs clients alors que l’achalandage par heure pourrait augmenter, particulièrement lors des heures de pointe.
«Les épiciers doivent encore respecter la limite de personnes à l’intérieur. La seule chose qui peut être faite, c’est d’essayer que les files d’attente soient un peu plus vivables», poursuit-il.
Comme au printemps, il sera recommandé d’éviter les passages quotidiens à l’épicerie.
«Pour la population, il faut s’assurer qu’il y a juste une personne par foyer qui va faire les courses pour tout le monde, être prévoyant et y aller une bonne fois, pour toute l’épicerie de la semaine. La patience entre clients et avec les employés sera nécessaire. Ce n’est pas naturel pour un détaillant de faire attendre ses clients à l’extérieur», rappelle Jean-François Belleau.
M. Belleau rappelle que les alternatives de commande d’épicerie en ligne sont toujours possibles.
«Entre le printemps et aujourd’hui, la plupart des chaînes de supermarchés ont investi massivement dans leur système de gestion des commandes en ligne. Elles sont encore mieux préparées à y faire face», conclut-il.