RESTAURATION. La décision de la CAQ de fermer les salles à manger a fait mal aux restaurateurs. De toute évidence, la pilule est dure à avaler pour des entrepreneurs de la région.
Le 9 décembre, le directeur national de la Santé publique, le docteur Horacio Arruda, a déclaré en commission parlementaire que la décision de fermer les salles à manger des restaurants a été prise par le gouvernement et non la Santé publique. Celle-ci recommandait plutôt de limiter l’accès aux groupes composés d’une seule bulle familiale.
La fermeture de la deuxième vague a forcé des restaurateurs à mettre à pied certains employés. Une situation que déplore Laurent Proulx. «Ça m’a brisé le cœur. C’est à eux que je pense en premier. Avoir des revenus diminués à l’approche du temps des Fêtes, je trouve ça horrible. C’est de loin ce qu’il y a de plus difficile pour un entrepreneur de perdre de bons employés loyaux, qui font bien leur travail et leur dire qu’on ne peut pas les garder», avoue-t-il.
«On a tout fait ce qu’on nous a demandé»
De son côté, la propriétaire de La Muse, Julie Arel, s’explique mal la décision du gouvernement caquiste de fermer les salles à manger des restaurants, malgré l’avis contraire de la Santé publique.
«C’est très frustrant. On dirait que François Legault a une dent contre nous. On a tout fait ce qu’on nous a demandé. On a eu la visite des inspecteurs de la CNESST. On a tellement travaillé fort. Les gens faisaient attention. On respectait les mesures demandées. On aurait pu rester ouvert», soutient-elle.
«Surtout, on faisait travailler notre monde. Présentement, on fait travailler trois personnes au lieu de 25. Ce qui me fait le plus peur dans tout ça, ce sont les employés à temps partiel. Ils vont tous partir. On perd une belle main-d’œuvre. Qu’est-ce que je vais faire quand je vais rouvrir?», poursuit-elle.
Cette semaine, on apprenait que près de 10 000 restaurants ont fermé définitivement au Canada depuis le début de la pandémie. Les restaurateurs du Québec n’ont pas été épargnés. Julie Arel soutient que le début de l’année 2021 risque d’être encore plus difficile pour eux.
«Habituellement, les Fêtes, c’est notre plus belle saison. Tu te mets de l’argent de côté pour janvier et février parce que c’est tranquille. Là, non seulement on n’en a pas mis de côté, mais on est sur les réserves d’urgence», indique-t-elle.
La femme d’affaires lancera sous peu une initiative afin d’inviter la population à encourager les restaurateurs locaux. «Ce n’est pas seulement pour moi, c’est pour tous les restaurateurs du centre-ville. On veut dire aux gens que s’ils ont envie de se gâter et de commander un repas en janvier et février, de penser à nous. On va avoir besoin d’eux», mentionne Julie Arel, qui cumule les initiatives pour redonner à la communauté depuis le début de la pandémie.
Voir le bon côté
Somme toute, Laurent Proulx a accueilli la déclaration de M. Arruda comme une preuve de confiance envers les restaurateurs. «Le positif là-dedans, c’est que tous les efforts que les restaurateurs ont fait cet été pour se conformer, tant en mesures sanitaires, qu’en plexiglas, qu’en distanciation, ça a amené les médecins de la Santé publique à ne pas recommander au gouvernement de nous fermer. Ça veut dire qu’on a bien travaillé», commente-t-il.
Pour rouvrir, ils avaient dû mettre en place de nombreuses mesures sanitaires. À ce moment, elles étaient jugées suffisantes par la Santé publique pour assurer la sécurité des clients. «C’est certain que le gouvernement nous a fait investir beaucoup d’argent pour se conformer. C’est d’ailleurs cette conformité-là qui a amené les médecins à recommander de ne pas nous fermer. Ça veut dire qu’on opère une industrie qui est propre, responsable et qui a à cœur la santé de ses clients», mentionne M. Proulx, qui est impliqué dans la direction de quatre restaurants dans Drummond, dont Le Canadien , Le Vieux St-Charles et le Roy Jucep.
Malgré toutes ces circonstances, les clients continuent de faire confiance aux restaurateurs, chose qui ne passe pas inaperçue auprès de M. Proulx. «La situation est critique pour tout le monde, mais on s’en sort avec la livraison et le take out. Nos clients nous encouragent beaucoup, ils sont d’une gentillesse et d’un support incroyable. C’est ce qui nous garde en vie», conclut-il.