COVID-19. Devant des taux d’occupation des lits sur les unités COVID avoisinant les 100 %, des éclosions importantes dans les résidences pour aînés et la faible marge de manœuvre en matière de main-d’oeuvre, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec est dans l’obligation de reporter une fois de plus des chirurgies jugées non urgentes ainsi que des rendez-vous dans les cliniques externes et en endoscopie afin d’atteindre un niveau d’activité de 60 %.
C’est donc dire que 40 % des activités sont délestées. Précisément, à l’hôpital Sainte-Croix, en moyenne par semaine, 57 chirurgies dites non urgentes seront reportées, 45 rendez-vous de moins seront à l’horaire au département d’endoscopie, puis 291 visites seront soustraites des agendas des cliniques externes. Globalement, pour tout le territoire, les données représentent hebdomadairement le report de 252 chirurgies, 235 rendez-vous en endoscopie et 2014 visites dans les cliniques.
Au dire de Dre Anne-Marie Grenier, directrice des services professionnels et de la pertinence clinique, le calcul pour les chirurgies est basé sur un chiffre établi à la même période l’an passé et les installations seront touchées différemment. Les types d’opérations repoussées varient d’une installation à l’autre également. Du côté de l’endoscopie, un délestage des ressources humaines à hauteur de 60 % sera entrepris. Les rendez-vous seront reportés en respectant les niveaux de priorité préétablis en fonction de la situation de santé de l’usager. Concernant les cliniques externes, le personnel sera également réduit à 60 %. La téléconsultation sera alors privilégiée.
«Ce délestage permettra de libérer environ 80 personnes – infirmières et autres professionnels – pour venir prêter main-forte dans nos secteurs prioritaires, soit les unités COVID, le milieu d’hébergement alternatif à l’École nationale de police du Québec (ENPQ) et dans les résidences privées pour aînés», précise Dre Grenier.
Pour le moment, certains services ne sont pas touchés par ces mesures, notamment les prises de sang, l’imagerie et tout ce qui se rapporte à la radiologie et aux services diagnostics.
«La logique, c’est de libérer du personnel infirmier, donc le personnel d’imagerie médicale ne peut pas jouer un rôle infirmier, par exemple, à l’ENPQ. Ça n’aurait alors pas de sens de délester ce genre de services-là à ce moment-ci. Mais si un jour on en a besoin pour vacciner, on verra», fait-elle valoir.
Soulignons que les personnes dont le rendez-vous doit être reporté seront contactées personnellement. Les usagers dont le rendez-vous, l’examen ou la chirurgie est reporté en raison de la COVID-19 et qui constatent une dégradation de leur état, qui ont des préoccupations sur leur état ou qui ont besoin de précisions sur un traitement en cours pourront contacter Info-Santé 811 ou se référer à leur spécialiste ou leur médecin de famille.
«C’est absolument important pour nous que la population comprenne bien que l’accessibilité aux services est maintenue, et ce, dans le respect des consignes sanitaires», soutient Carol Fillion, président-directeur général du CIUSSS MCQ.
«À contrecoeur»
Même si l’application de ces mesures de délestage viendra assurer le maintien des services réguliers offerts par le CIUSSS et consolider les soins dédiés aux personnes atteintes du virus, la direction avoue qu’il ne s’agit pas d’une décision facile et prise à la légère.
«Je tiens à préciser que la décision d’appliquer le plan de délestage, nous la prenons à contrecœur. Nous sommes conscients que derrière chaque report de services, il y a une personne dont la vie quotidienne peut être perturbée. Toutefois dans le contexte actuel, nous sommes dans l’obligation de centrer nos efforts pour protéger les services essentiels, je pense entre autres aux chirurgies urgentes, les services de la protection de la jeunesse et ceux de la santé mentale», affirme M. Fillion.
«On a tout fait pour retarder ce plan, mais nos façons de faire ont atteint leur limite», renchérit Dre Grenier.
Il va sans dire que le CIUSSS souhaite que cette situation dure le moins longtemps possible afin de reprendre les activités entre 80 % et 90 %, la normale depuis le début de la pandémie.
«La durée de ces mesures va beaucoup dépendre de comment la population va gérer la période des Fêtes, comment sera l’épidémiologie après Noël et quels types de personnes vont être atteints de la COVID après Noël», laisse entendre la directrice des services professionnels et de la pertinence clinique.
Soulignons que si nécessaire, le délestage pourrait atteindre 50 %.
Capacité des lits
Tant les unités COVID de Trois-Rivières et Drummondville que le centre d’hébergement à l’ENPQ ont atteint un taux d’occupation de 90 %. Avec le plan de délestage, cela favorisera la diminution de cette pression ressentie depuis quelques semaines.
Actuellement, le CIUSSS ne prévoit pas ajouter de lits au sein des deux unités COVID qui ont une capacité globale de 68 usagers, dont 12 civières aux soins intensifs.
«On évalue aujourd’hui qu’avec les lits COVID qu’on dispose, on est en mesure de répondre aux besoins de la population. Si un jour le nombre dépasse de quelques personnes, on pourra faire appel à des partenaires environnants pour handicaper le moins possible l’offre de services réguliers», souligne le PDG.
La direction souhaite néanmoins augmenter la capacité à l’ENPQ qui est actuellement de 42. D’ailleurs, le plan de délestage prévoit l’ajout de dix lits à court terme. Au besoin, une vingtaine de places supplémentaires pourraient être disponibles.
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