ÉCONOMIE. Avec l’annulation des rassemblements pour le temps des Fêtes, les traiteurs de la région de Drummondville peinent à tirer leur épingle du jeu avec la vente de buffets. Si certains se sont tournés vers le prêt à manger, d’autres doivent se résigner à cesser leurs activités.
Le temps des Fêtes représente une période faste pour les traiteurs, qui s’affairent à concocter des buffets de toutes sortes. Cette année, la réalité est différente. La liste des réservations tarde à se remplir et les appels se font rares.
«Décembre est le plus gros mois de l’année. Normalement, je fais trois mois dans un. Avec la pandémie, c’est officiel qu’on va avoir une diminution dans les ventes. Le service de traiteur ne sert pas à grand-chose parce qu’on n’a pas le droit de se rassembler», mentionne le propriétaire des Buffets Frédéric, Michel Bolduc.
Quand le gouvernement provincial avait annoncé, en novembre, que les rassemblements seraient permis, les traiteurs ont eu une lueur d’espoir. «Ça a été fou pendant trois jours. Il y a eu une soixantaine de réservations de buffets. Avec l’annonce d’hier, les clients appellent pour se faire rembourser», témoigne M. Bolduc.
Plusieurs entrepreneurs se retrouvent dans la même situation. «Tout le monde commandait des buffets pour dix personnes. Hier, le téléphone s’est mis à sonner pour annuler. C’est loin de ressembler au temps des Fêtes qu’on a habituellement», avoue Lyne Lafrenière, propriétaire des Cuisines Régal.
Cette dernière comprend les mesures du gouvernement, mais elle ressent tout de même une once de déception. «Chaque année, j’aime battre mes chiffres de l’année d’avant. Cette année, je trouve ça dur. La clientèle n’est pas au rendez-vous. Les buffets sont rares.»
L’impact financier se fait déjà ressentir. «En novembre, on a vendu 20 000 $ de moins que le même mois l’année passée», informe-t-elle.
Le prêt à manger
Éric Landry, propriétaire de La langue fourchue, soutient que le prêt à manger est une réelle bouée de sauvetage pour les traiteurs. «Si j’étais simplement traiteur, c’est sûr que je serais fermé. Heureusement, j’ai plusieurs roues à mon carrosse. J’ai une boutique de prêt à manger au Marché public de Drummondville. J’opère la cafétéria du Centre Normand-Léveillé. Ça permet de survivre», soutient-il.
L’achat local donne un coup de pouce aux entreprises de la région. «J’ai vu une différence au niveau du Marché public. Mon chiffre d’affaires a augmenté passablement. Si ça n’avait pas été de ça, j’aurais dû procéder à des congédiements. L’encouragement des produits locaux, c’est vraiment important», ajoute-t-il.
L’équipe des Buffets Frédéric a aussi remarqué une hausse de popularité dans les mets cuisinés. «Notre comptoir de prêt à manger nous sauve. Avant, le service de traiteur équivalait à 50% de notre chiffre d’affaires. On est passé à zéro d’un coup sec. Le magasin a augmenté de 25%. Ça compense pour le reste», soutient M. Bolduc.
Face à cette nouvelle réalité, certains entrepreneurs doivent se résigner à fermer leurs portes. À Saint-Cyrille-de-Wendover, le propriétaire de Buffet Réjean, Réjean Duperron, a cessé ses activités pour la période des Fêtes. «Mon commerce est chez moi. Je n’ai pas de frigidaire pour faire des plats préparés. Je n’ai pas la licence pour ça. J’ai la licence de restaurateur.»
«Pour l’instant, ce n’est pas rentable. Ça va aller au printemps, dépendamment de ce qu’il va arriver», indique-t-il.
Inquiétudes
L’avenir n’est pas sans inquiétudes. «Les prochains mois vont être plus durs. Habituellement, on fait un beau mois de décembre. Ça aide pour les mois tranquilles de janvier et de février», indique Mme Lafrenière des Cuisines Régal.
La copropriétaire de Cuisine Maison M et S, Nadia Dubé, craint pour la santé financière de son entreprise à long terme. «J’ai deux commerces. J’en ai un à Drummondville et j’en ai un à Richmond. Celui à Richmond roule bien. Je n’ai pas beaucoup de compétitions. À Drummondville, on est plusieurs. Ça me fait peur. Peut-être qu’on va devoir fermer temporairement ou que je réduise mes employés s’il y a une baisse d’achalandage après la période des Fêtes», soutient celle qui s’appuie sur la vente de ses plats cuisinés.