SANTÉ. Le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a récemment investi des sommes totalisant 18,5 M$ dans divers services sur le territoire, soit ceux destinés aux proches aidants, en santé mentale, en jeunesse, en soins à domicile de même que du côté de la santé publique.
D’abord, le CIUSSS MCQ a disposé d’une enveloppe de 6 M$ pour investir dans les programmes en protection de la jeunesse. Le gouvernement versera d’ailleurs ce montant de façon récurrente annuellement.
«Ça nous interpelle grandement. On sait que les jeunes qui sont à un moment de socialisation de leur vie ont présentement besoin de soutien, parce que depuis le début de la COVID, ils vivent dans un monde qui ne favorise pas le développement nécessaire à leur épanouissement», a affirmé Carol Fillion, président-directeur général du CIUSSS, lors de la dernière séance du conseil d’administration.
«C’est un investissement qu’on attendait et pour lequel on avait déjà mis des ressources. Ces sous sont pour tous les services, que ce soit pour la DPJ ou les services généraux», a indiqué Nathalie Boisvert, présidente-directrice générale (PDG) adjointe responsable du Centre-du-Québec, lors d’un entretien, en spécifiant que les sommes sont réparties en fonction du poids de la population du Centre-du-Québec et de la Mauricie. Généralement, 48 % des sous sont alloués pour les services offerts dans la région centricoise.
Précisément, cet investissement de 6 M$ se traduit, entre autres, en la consolidation d’équipes de travail, la création d’un service juridique pour soutenir le volet de la DPJ et l’ajout de postes en hébergement dans les ressources de type familial (RTF), dont une infirmière.
Une portion des sous sera allouée au programme de qualification des jeunes.
«Depuis quelques années, les jeunes de la protection de la jeunesse peuvent s’y inscrire à partir de 16 ans afin qu’on les aide dans leur passage à la vie adulte. Ce programme permet de les soutenir jusqu’à 19 ans. On les accompagne dans la recherche d’emplois, l’organisation d’un appartement, etc. Ce sont des enfants qui ont été largement éprouvés et qui ont plus de risque à faire face à des difficultés à l’âge adulte, donc notre objectif est de décristalliser ça et s’assurer de bien les accompagner dans ce passage-là pour les outiller. Cinq éducateurs supplémentaires seront donc embauchés», a expliqué Mme Boisvert.
De surcroît, une aide financière de 1,9 M$ a été investie dans les services psychosociaux et santé mentale dans le but, au dire du PDG, de venir prêter main-forte et appuyer le développement d’un équilibre plus favorable auprès de la population. Dix-huit postes au sein des services en santé mentale adultes ont notamment été affichés.
Soins à domicile et proches aidants
D’autre part, 5,8 M$ sont alloués pour les services à domicile afin de recourir à davantage de services dits achetés, par exemple, du répit dépannage, d’embaucher 30,5 personnes pour le volet aînés et 6 pour le volet déficience physique, déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme, d’ajouter des équipements, de bonifier l’équipe au soutien administratif ainsi que d’augmenter les heures de services.
«Il y aura 72 000 heures de plus. C’est assez considérable. La répartition se fait encore selon le poids des populations», a fait savoir la présidente-directrice adjointe.
«Pendant la première vague, les équipes ont réussi à maintenir à domicile plus de 26 000 personnes par leurs actions pour éviter les hospitalisations et la perte d’autonomie. C’est donc un service qui est vraiment essentiel en ce moment», a-t-elle fait valoir.
Qui plus est, l’établissement a touché une somme de 800 000 $ qui a été répartie entre divers organismes œuvrant auprès de différentes clientèles, dans le but d’offrir du répit aux proches aidants.
«Ce sont des alliés importants (proches aidants). On travaille avec les organismes communautaires qui nous permettent de développer et maintenir un tissu sociocommunautaire pour favoriser l’autonomie des gens», avait souligné M. Fillion.
Santé publique
Enfin, l’établissement peut compter sur un soutien de 4 M$ afin d’augmenter les moyens pour réaliser des enquêtes épidémiologiques et être à l’affût de l’évolution de la COVID-19, et ce, dans l’objectif «d’agir promptement pour protéger l’ensemble de la population».
«Au cours des dernières années, il y a eu beaucoup de coupures au niveau de la santé publique, donc il s’agit d’une aide plus qu’appréciée, s’est réjouie Mme Boisvert. Avant la COVID-19, la santé publique était un volet du réseau méconnu. Pourtant, chaque fois qu’il y a un cas de maladie à déclaration obligatoire qui survient, on a des enquêtes à faire».
Avant la crise du coronavirus, six personnes formaient l’équipe de la santé publique de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Elles sont actuellement 125 et le CIUSSS souhaite atteindre 200 employés.
«Évidemment, ce nombre élevé est sur une base temporaire. On embauche dès qu’on a besoin, qu’on voit qu’il y a du retard. Je connais des gens dans la communauté de Drummondville qui se sont portés volontaires pour faire des portions d’enquête afin de soutenir l’équipe. Ce sont des gens de tous les horizons, par exemple des enquêteurs de police et des médecins à la retraite», a expliqué la PDG adjointe.
Ce nombre est nécessaire considérant la rapidité à laquelle le virus se propage et le nombre de cas.
«Le temps joue toujours contre nous dans le cas des maladies infectieuses. Chacune de ces maladies a un pattern différent de capacité d’infecter l’autre. Dans le cas de la COVID, on le sait, elle est très, très contagieuse et assez facilement, donc c’est pour cela que ça demande autant de gens pour les enquêtes», a-t-elle précisé.
Si ces investissements sont plus que bienvenus, ils s’accompagnent néanmoins du défi de recrutement.
«On parle d’un ajout net d’environ 60 personnes. Il y a une grande portion des sous qui viennent absorber le déficit qu’on avait, parce qu’on mettait déjà des ressources, mais on a tout de même un défi. C’est certain qu’on est en embauche continuelle et on fait valoir toutes nos offres d’emploi partout. Il va falloir être opportunistes, pour un certain nombre de gens qui souhaitent retourner à l’école, par exemple, ou pour les chômeurs COVID. Les portes sont grandes ouvertes. D’ailleurs, on est à travailler sur des plans de match fort intéressants avec la direction des ressources humaines, qui portent sur des façons novatrices de travailler au niveau des ressources humaines. C’est prématuré d’en parler en ce moment, mais ça va venir», a conclu Mme Boisvert.