MAGAZINE. Jeux de loterie. Poker. Machines à sous. Paris sportifs. Au fil du temps, les jeux de hasard sont devenus une véritable obsession pour Clayton Plante. Récit d’un père de famille de 33 ans qui, après avoir atteint le fond du baril, a eu le courage d’affronter sa dépendance.
Ayant commencé à miser son argent de façon occasionnelle dès l’âge de 17 ans, Clayton Plante est vite devenu accro aux différents jeux de hasard. À l’époque, le Drummondvillois n’était pas conscient que ces jeux agissent sur le cerveau en libérant de la dopamine, qu’on surnomme l’hormone du plaisir.
«Je me souviens encore de la première fois où j’ai gagné dans un jeu de hasard. J’ai vécu une grande sensation de plaisir. Plus tard dans ma vie, quand je vivais des difficultés ou des moments de tristesse, je cherchais constamment à recréer ce sentiment. Ce cycle a duré pendant des années», raconte Clayton Plante.
N’ayant qu’une idée en tête, le jeune homme a usé de tous les moyens possibles pour se procurer de l’argent afin de continuer à jouer. «J’ai tout fait pour trouver de l’argent. J’ai raconté des mensonges à mes conjointes, à ma famille. J’ai même commis des vols. La liste est longue», confie-t-il en toute franchise.
Submergé par les problèmes et ne cachant pas avoir eu des idées suicidaires, Clayton Plante a souvent tenté de se sortir de l’enfer du jeu compulsif par ses propres moyens, sans succès. «Je me disais que je voulais arrêter. J’arrivais à avoir des périodes moins intenses, où je jouais moins souvent. Je croyais être en contrôle, mais à chaque fois que je pensais m’en sortir, je replongeais encore plus bas.»
Durant ces années sombres, Clayton Plante aura perdu quelques amis. D’autres sont toujours présents dans sa vie. «Ils ont su voir le bon côté en moi. Ma famille m’aide beaucoup aussi. Leur support est précieux. Sans eux, je n’aurais pas eu la force de passer à travers mes périodes les plus noires», affirme avec reconnaissance le père de deux filles de 6 et 15 ans.
Il y a un peu plus d’un an, Clayton Plante a commis une ultime bêtise afin de soutirer de l’argent destiné aux jeux de hasard. Un geste qui lui a coûté cher, mais qui lui aura surtout permis de prendre conscience de la gravité de ses problèmes.
«C’est la goutte de trop qui a fait déborder le vase. Pour moi, ça a eu l’effet d’une claque dans la face. Ça m’a réveillé. Je me suis dit que c’était assez. Dès le lendemain, j’entamais des démarches pour rentrer à la Maison Jean-Lapointe», relate-t-il.
Dans ce centre de traitement des dépendances situé à Montréal, Clayton Plante a vécu une retraite fermée de 21 jours. «Aller à la Maison Jean-Lapointe, c’est comme rentrer dans un établi. Les intervenants sortent le coffre à outils et ils nous montrent comment les utiliser. Par la suite, c’est à toi de les utiliser», image-t-il.
«Ils te font comprendre que c’est une maladie d’émotions. Que ce soit le jeu, l’alcool ou la drogue, ce qu’on essaie de gérer avec notre dépendance, ce sont nos émotions», ajoute-t-il.
Un jour à la fois
Une fois de retour à la maison, les personnes dépendantes se retrouvent souvent devant l’inconnu. «Tu dois foncer, mais un jour à la fois. Tu dois éviter de te dire que tu ne joueras plus jamais à un jeu de hasard. Tu dois juste te dire qu’aujourd’hui, tu ne joueras pas. Tu dois éviter de regarder trop loin», soutient Clayton Plante.
Depuis cette thérapie intensive, ce dernier participe donc façon régulière aux groupes d’entraide des Gamblers anonymes. En raison de la pandémie, ces rencontres doivent toutefois se faire de façon virtuelle. «Les meetings sur place, il n’y a rien de mieux. En ligne, ce n’est pas pareil. Présentement, ça me manque beaucoup», admet Clayton Plante.
Récemment, le Drummondvillois a pu célébrer sa première année complète d’abstinence. «Je n’ai même pas acheté un billet de moitié-moitié! Ça peut sembler anodin, mais pour moi, ce serait équivalent de la première gorgée pour un alcoolique. C’est pourquoi j’aime mieux ne pas prendre ce risque», explique-t-il.
Malgré cette victoire, le combat de Clayton Plante n’est pas chose du passé. «Je ne serai jamais guéri. Avec une dépendance, on n’est jamais à l’abri. On ne doit jamais baisser sa garde. Il suffit d’une petite ouverture ou d’un moment de faiblesse pour rechuter», fait-il observer.
«Mon cheminement n’est pas fini. Ce sera un combat pour le reste de mes jours. Ça va même au-delà du jeu. Je dois encore travailler sur mon comportement, même si c’est le jour et la nuit comparativement à avant.»
En terminant, Clayton Plante souhaite livrer un message d’espoir aux personnes aux prises avec une dépendance au jeu. «Ils ne doivent pas avoir honte. Je les encourage fortement à aller chercher de l’aide. C’est possible de se libérer de ça. Ça prend du temps et des efforts, mais c’est possible.»