MAGAZINE. Le profil type d’une personne vulnérable aux dépendances n’existe pas. Personne n’est à l’abri de ces remèdes illusoires. C’est le message que veut partager une mère de famille de 47 ans qui s’est courageusement relevée après être tombée dans le piège de la dépendance à l’alcool et aux médicaments opioïdes.
Infirmière de profession, Charlotte, qui emprunte ce nom afin de préserver son anonymat, a dû cesser de travailler il y a quatre ans en raison d’une invalidité permanente. Souffrant d’anxiété et de bipolarité, la Drummondvilloise a dû faire le deuil d’une carrière qu’elle chérissait.
Se retrouvant à la maison du jour au lendemain, Charlotte a lentement augmenté sa consommation d’alcool au quotidien. Puis, en raison d’un problème de santé passager, on lui a prescrit des opiacés afin de contrôler sa douleur. Elle ne se doutait pas de l’ampleur du cauchemar qu’elle allait vivre.
«Un jour, je me suis aperçu que ce médicament m’enlevait mes autres douleurs, alors j’ai continué d’en prendre. Je racontais toutes sortes d’histoires aux médecins pour avoir des prescriptions. Puis, je me suis aperçu que je prenais les opiacés parce que ça apaisait mon anxiété. Mélangés avec de l’alcool, ça m’apportait un bien-être. J’oubliais mes problèmes et je m’endormais», exprime Charlotte, qui parvenait tant bien que mal à cacher sa consommation à ses proches.
Au bout du rouleau, la mère de deux enfants a fini par tout avouer à son conjoint il y a un peu plus de deux ans. «Ç’a eu l’effet d’un gros choc pour mon chum. J’avais besoin d’aide. Il ne me restait que deux comprimés d’opiacés. Je savais que le sevrage serait assez rock and roll.»
Un combat de tous les jours
Rapidement, Charlotte a été prise en charge par l’organisme autrefois connu sous le nom de Domrémy, qui fait aujourd’hui partie des Services de réadaptation en dépendance de Drummondville. Un médicament de substitution lui a permis d’amorcer son sevrage des opiacés, qui se poursuit encore aujourd’hui.
«Dès mon arrivée, ils m’ont mis en confiance. Je me suis sentie enfin comprise, sans aucun jugement. On m’a offert l’aide dont j’avais besoin. À l’époque, je niais encore mon problème d’alcool. Mais à force de parler avec les intervenants, j’ai réalisé que j’avais aussi un problème d’alcool.»
Après avoir suivi des thérapies de quelques semaines à Trois-Rivières et à Roberval, Charlotte a découvert les réunions des Alcooliques anonymes. En raison de la pandémie, ces rencontres se font maintenant de manière virtuelle.
«Le mode de vie des AA m’aide beaucoup. Les meetings virtuels, ce n’est pas pareil comme en salle, mais ça nous sauve la peau. On a moins le côté humain, mais sans ces meetings, j’aurais été plus isolée. Ça aurait été plus difficile de passer au travers», confie-t-elle.
Certains jours, l’envie de consommer de l’alcool ou des opiacés reprend. Mais aujourd’hui, Charlotte est fière d’être abstinente depuis deux ans et cinq mois.
«C’est le combat d’une vie. J’ai encore des symptômes physiques de sevrage quand on baisse ma médication de substitution. Quand ça arrive, je m’en veux d’être tombée dans ce panneau-là. J’étais infirmière : je connaissais les risques. Mais il n’y a personne à l’abri de ça. Je suis l’exemple d’une personne normale qui est tombée dans ce piège», fait-elle observer, en adressant son message à monsieur et madame Tout-le-Monde.
«Les gens ne doivent pas avoir peur de demander de l’aide. Ce n’est pas facile de faire le premier pas, mais ils ne doivent pas hésiter. Une fois que tu as de l’aide, c’est plus facile de s’en sortir», résume la rescapée.
Un travail d’équipe
La travailleuse sociale Josée Pinel intervient auprès de la clientèle dépendante depuis maintenant 25 ans. Sous l’égide du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, les Services de réadaptation en dépendance de Drummondville proposent une équipe multidisciplinaire composée d’infirmières, de médecins, de psychoéducateurs et de travailleurs sociaux.
«On travaille en équipe. On développe un lien de confiance avec la clientèle. On fait sentir à la personne devant nous qu’elle est unique. C’est notre grande force», explique Josée Pinel, qui privilégie l’approche motivationnelle afin d’accompagner la personne dépendante.
«On va l’évaluer dans toutes les sphères de sa vie, car la consommation, c’est juste la pointe de l’iceberg. Souvent, la personne va se rendre compte par elle-même de son problème. Mon rôle, c’est de l’amener à faire des choix. On y va avec des objectifs précis qui viennent de la personne elle-même. On va travailler pour améliorer la qualité de vie de la personne.»
Où trouver de l’aide?
En tout temps, la population peut communiquer avec le service Info-Social en composant le 811 pour une réponse immédiate de soutien psychosocial. Il est aussi possible de contacter les Services de réadaptation en dépendance de Drummondville par téléphone ou de s’y rendre en personne. Un professionnel en intervention psychosociale sera disponible pour offrir de l’aide ou référer vers les services appropriés.
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