ENVIRONNEMENT. À quelques semaines du début d’une enquête avec audience publique sur l’enjeu de l’élimination des résidus ultimes au Québec, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) n’a pas l’intention de faire marche arrière en ce qui concerne le décret autorisant la poursuite du site d’enfouissement de Saint-Nicéphore.
Québec a annoncé en septembre dernier son intention de mandater le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour qu’il tienne une enquête avec audience publique, communément appelée un «BAPE générique».
«Les plus importants sites d’enfouissement au Québec arrivent à pleine capacité et il n’y a pas d’autres solutions à court terme. C’est pour cette raison que le ministre de l’Environnement mandatera le BAPE. La situation actuelle du site de Drummondville a d’ailleurs été un élément déclencheur. Ainsi, le BAPE contribuera à la mise en place des meilleures pratiques pour les 30 prochaines années», indique Geneviève Richard, attachée de presse au cabinet du MELCC.
De son côté, le Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville (GODD) s’explique toujours mal la décision de Québec. Les membres interpellent le ministre Charette et demandent un moratoire sur toute nouvelle construction ou agrandissement des sites d’enfouissement, incluant la phase 3 B du site de Saint-Nicéphore, jusqu’à ce que le BAPE publie les résultats de l’enquête.
«Monsieur le Ministre, par votre dernier décret 993-2020, il parait évident que vous avez décidé pour les générations futures sans attendre les conclusions des audiences du BAPE, en adoptant un décret qui pourrait permettre à Waste Management d’enfouir 430 000 tonnes de déchets par année, pour une période de 10 ans, déchets qui proviennent de l’extérieure de notre MRC Drummond», déplore le porte-parole du GODD, Jean-Guy Forcier.
«On sait très bien ce qui arrivera dans 10 ans. On agrandira encore ce nouveau site en pelletant encore en avant pour se libérer du problème. Vous ferez probablement la même chose avec Sainte-Sophie et Lachute, parce qu’eux aussi ont demandé un agrandissement», poursuit-il.
Au cabinet du MELCC, on dit avoir entendu les préoccupations. «Nous sommes bien au fait de la sensibilité des citoyens envers ce projet. L’agrandissement du site est cependant nécessaire pour répondre aux besoins d’élimination de matières résiduelles», soutient Geneviève Richard.
Le rapport du BAPE serait attendu à l’été 2021. «Lors des audiences publiques, ce sera le moment pour tout citoyen et toute entreprise de se prononcer sur l’enjeu de la gestion des déchets», mentionne-t-elle.
Par ailleurs, rappelons que les avocats devront revenir devant le juge Christian Immer le 9 novembre dans le procès opposant Drummondville à Waste Management (WM). Le décret ayant été émis avant que le magistrat ne rende sa décision, ce dernier a autorisé les deux parties à effectuer des représentations additionnelles.
Si la Cour supérieure tranche en sa faveur, la multinationale pourra aller de l’avant avec la poursuite du site d’enfouissement de Saint-Nicéphore.