MAGAZINE. Fuir la routine et retourner à l’essentiel, tel était le désir il y a cinq ans des Vandoorslaert qui ont tout laissé derrière eux pour découvrir le monde. Originaire de la Belgique, cette famille est tombée en amour avec le Québec, particulièrement Drummondville où elle se voit très bien y vivre un jour.
Jean-François et Charlotte semblaient avoir tout pour être heureux : grosse maison, belles voitures et deux enfants en santé. Mais le rythme effréné de vie imposé par la société et le désir d’en vouloir toujours plus les a petit à petit éloignés de l’essentiel et de leurs valeurs.
«Nous avions marre du quotidien, de la routine et de travailler pour finalement rembourser des prêts pour avoir une belle maison et de belles voitures tandis qu’on ne profitait pas de la famille», confie Mme Vandoorslaert.
Victime d’un important coup de fatigue et d’un malaise cardiaque, M. Vandoorslaert a un jour été contraint de ralentir. Cet ennui de santé a été l’élément déclencheur de leur nouvelle vie.
«J’ai perdu mon père quand j’avais 18 ans, il avait 44 ans. Je ne voulais pas revivre le même schéma. La vie est courte, donc il faut en profiter. Je me suis dit, vas-y, fais-le maintenant, car ça sera trop tard après», confie la maman de maintenant trois enfants, deux filles et un garçon.
«Avant tout ça, nous avions une petite maison et puis on s’est fait un peu le schéma hollywoodien avec la grosse maison. Et on s’est dit : on n’a rien de plus. Une cuisine, ça reste une cuisine. Il fallait revenir aux choses essentielles», ajoute son mari.
Ils ont fait le saut en juillet 2017, laissant tout derrière eux, à bord d’un autobus des années 1980 complètement métamorphosé en maison sur roues.
Leur conquête du monde a démarré en Europe, où ils ont parcouru plusieurs pays durant un an.
«Nous sommes revenus passer un peu plus d’un mois près de notre famille, puis on a repris la route pendant huit ou neuf mois en Espagne et en France. En même temps, nous préparions notre venue en Amérique du Nord», se rappelle-t-elle.
Été 2019 : première escale au Québec marquée de belles rencontres et d’événements mémorables.
«Nous avons fêté la Saint-Jean au Saguenay avec un grand feu et des spectacles», se rappelle le Belge encore enchanté.
Pour ces citoyens de Braine-l’Alleud, il n’était pas question de venir au Québec sans séjourner à Drummondville, endroit dont ils s’étaient fait tant parler par des amis belges ayant déjà participé à un échange interculturel avec des Drummondvillois. Ces derniers les avaient d’ailleurs mis en contact avec certains résidents. Les Vandoorslaert ont également fait la rencontre d’une citoyenne via une page Facebook dédiée aux voyageurs en véhicule récréatif. Certains leur ont permis d’y garer leur maison sur roues pendant quelques jours alors que d’autres leur ont fait découvrir la ville de différentes façons, dont l’incontournable dégustation de poutine du Jucep.
«Elle était bonne et c’est celle qui nous a le plus goûté, comme on dit!» lance Jean-François Vandoorslaert avec un large sourire.
Lorsque Jean-François et Charlotte Vandoorslaert parlent de Drummondville, leurs yeux pétillent. Particulièrement charmés par la rivière Saint-François, ils ont apprécié le caractère paisible de la ville.
«Louise (cadette), son souhait c’est de vivre à Drummondville!» lance la maman qui est sur la même longueur d’onde.
Août 2020 : les sympathiques globe-trotters étaient de retour à Drummondville. Ils ont élu domicile sur le terrain résidentiel d’un couple rencontré un an plus tôt. L’auteure de ces lignes a pu les rencontrer, par une journée venteuse, à la fin de leur quarantaine de 14 jours. De fait, après leur visite au Québec en 2019, les aventuriers sont partis en cavale vers l’Ouest canadien et américain. Au moment où la COVID-19 a frappé l’Amérique du Nord, ils mettaient les pieds au Mexique. Ils sont par la suite parvenus à traverser aux États-Unis, tout juste avant la fermeture des frontières.
«On a visité des villes assez librement. C’était impressionnant de voir des grosses villes désertes», note M. Vandoorslaert.
Mais comment ont-ils pu traverser les frontières canadiennes en juillet dernier?
«Les gens ne croyaient jamais qu’on passerait (les lignes). On a réussi avec notre bon dossier (…) J’ai été aidé par notre ami avocat québécois, mais c’est le douanier qui a le dernier mot. Je lui ai dit que je viens ici pour un permis de travail fermé durant deux ans en tant que directeur en restauration. Le fait que j’apportais avec Charlotte une plus-value afin de retravailler un produit agricole, ç’a aidé», explique-t-il.
Le but ultime de cette longue aventure qui dure depuis maintenant trois ans est d’immigrer au Canada. Mais avant d’entreprendre ces démarches, les Vandoorslaert ont une autre mission : développer un projet agrotouristique en collaboration avec une amie québécoise, propriétaire d’une ferme biologique sur l’île de Vancouver.
«Le but c’est de s’installer au Canada après nos deux ans à Vancouver (…) Nous voulons vraiment nous intégrer, on ne vient pas s’installer ici par facilité. Oui, il y a la langue, mais on veut apprendre la culture, participer à la vie communautaire», soutient le père de famille.
«On se sent très bien ici. Là , on a notre projet sur l’Île de Vancouver, on est très emballé, mais peut-être que plus tard, la vie nous amènera ici», expose Mme Vandoorslaert.
Cette cavale de trois ans aura fait découvrir à cette famille 800 villes de 28 pays différents. Leur maison sur roues, arborant des centaines de signatures de personnes significatives placées sur leur chemin ainsi que tous les itinéraires, aura parcouru plus de 80 000 kilomètres.
Reste maintenant à voir si la famille troquera un jour son autobus pour une maison en sol drummondvillois, là où il s’est produit un coup de foudre immédiat.
On peut suivre les péripéties de la famille ici.Â