COMMUNAUTÉ. À cinq ans, Maxime Fortin disait déjà à sa mère qu’il construirait un jour une école en Afrique. Vingt-quatre printemps plus tard, il réalise son objectif à quelques mots près : il est le maître d’œuvre d’un nouveau centre de maternité au Bénin.
C’est en 2010 que le Drummondvillois a mis les pieds pour la première fois au Bénin via un programme offert par Horizon Cosmopolite, une organisation qui coordonne des stages d’éducation internationale dans une vingtaine de pays. C’est à ce moment précis que son histoire d’amour avec le plus petit pays de l’Afrique qu’est le Bénin ainsi qu’avec le peuple a commencé.
«La première fois que je suis débarqué de l’avion, je me suis senti chez moi. Je me suis tellement attaché à ce pays-là que c’était clair pour moi que je voulais faire quelque chose de concret et que ça ne se limiterait pas à une seule visite», affirme Maxime Fortin.
À cette époque, le jeune homme logeait chez une famille d’accueil qui l’avait accueilli comme un fils. Les liens se sont rapidement tissés puis ne se sont jamais dénoués. Un an plus tard, il remettait les pieds dans ce pays où une mission semblait l’attendre.
«Un matin, j’ai entendu crier. C’était une femme qui était en train d’accoucher dans la rue. Un chauffeur de taxi tentait de l’aider. J’ai mis des gants et j’ai couru en renfort. Malheureusement, ça ne s’est pas déroulé comme je pensais. Le bébé est né, mais la dame est décédée. Ça m’a traumatisé… (silence). J’ai demandé à mon père d’accueil si c’était normal et il m’a dit que ça arrive assez fréquemment, car le centre de maternité est à 45 kilomètres de route de là et ce sont toutes des petites routes, donc il faut y aller en moto. Mais en plus, à ce centre-là, ils ne font pas de césarienne et il n’y a pas de médecin. Sinon, le plus gros hôpital est à un autre 45 kilomètres», se rappelle-t-il encore avec la chair de poule.
«À partir de ce moment, tout s’est éclairci dans ma tête : c’est ça que je voulais faire concrètement, construire un centre de maternité! Après plusieurs recherches, je me suis aperçu que c’était le pire fléau de la planète. À l’époque, l’ONU (Organisation des Nations unies) recensait une femme sur 16 qui mourait d’un accouchement en Afrique, comparativement à une sur 3100 au Canada. La différence est énorme, c’est affreux. Ça s’est amélioré depuis, car en 2018, toujours selon l’ONU, c’était rendu à une femme sur 37 en Afrique, alors qu’ici, c’était une femme sur 6500», explique le jeune homme qui travaille dans le domaine des finances.
Un long processus
Déterminé, il est parvenu peu de temps après à acquérir un terrain d’une superficie d’un hectare et demi, au coût d’environ 2000 $.
«Ce n’est pas facile en tant que blanc d’avoir la confiance des gens là-bas pour une telle transaction, mais une vieille dame un jour est venue me voir pour me proposer son terrain», souligne-t-il.
Tout était à faire : des routes à la ligne électrique, en passant par les infrastructures pour l’eau.
«Mon père d’accueil gère mon argent que j’investis et il engage des villageois. Son ami est le technicien ingénieur en charge du projet. Il réalise tous mes devis, trouve les employés, et ce, tout à fait gratuitement», indique-t-il en toute reconnaissance.
«Évidemment, même si je suis à distance, je fais des spots checks constamment, car on ne se le cachera pas, c’est un pays corrompu, mais jusqu’à maintenant, je n’ai jamais eu de problème. Ils sont toujours sur le terrain prêts à aider, même si parfois, ils ont de la misère à se nourrir. C’est incroyable!»
En 2013, Maxime Fortin a reçu l’accréditation de l’Agence du Revenu du Canada pour sa fondation qu’il n’a pas exploitée avant 2020.
«Je n’ai jamais réclamé de dons avant cette année. Je ne travaillais en grande partie que pour ça», fait-il savoir.
En quelques semaines, au début de 2020, il a réussi à amasser 8000 $.
«J’ai été surpris de la réponse des gens! Ç’a été suffisant pour finaliser mes devis de la ligne électrique, la plomberie pour que le système d’eau soit opérationnel, le magasin de sûreté en-dessous du château pour mettre les équipements électriques à l’abri du vol, la cabane pour abriter le compteur électrique et le bâtiment pour stocker les matériaux de construction. J’ai pu embaucher un agent de sécurité en permanence sur le terrain», énumère celui qui a mis sur pause son projet durant trois ans, en raison notamment de la venue au monde de son garçon.
Voir grand
Le 3 octobre dernier, le Drummondvillois s’est envolé de nouveau vers le Bénin pour constater l’avancement des travaux et y participer. Un séjour de près de quatre semaines.
«Je veux aussi refaire les plans du centre de maternité, car ils ne me satisfont pas. À long terme, je vois ça grand, soit un immeuble de trois ou quatre étages et j’aimerais y rattacher un orphelinat. Donc je veux que la structure soit faite en fonction de pouvoir accueillir d’autres étages», mentionne-t-il lors d’une rencontre quelques semaines avant son départ.
À terme, le centre de maternité va desservir une commune entière d’environ 150 000 habitants nommée Agbagnizoun.
«C’est sûr qu’on ne peut pas aider tous ces gens, car on parle d’environ quatre salles de 12 lits chacune et deux salles d’opération, dont une pour les accouchements et une pour les césariennes. Mais c’est un bon début» fait valoir l’homme rempli d’ambition.
Mais pour aller au bout de son projet ambitieux, il doit à nouveau solliciter la population.
«Il faut que j’amasse autour de 100 000 $. Je tiens à préciser que 100 % des dons sont investis complètement dans le projet, car je paie de mes poches les frais d’administration», assure-t-il, ajoutant que les dons matériels sont aussi les bienvenus.
Son objectif est de réaliser la pelletée de terre en juillet 2021 dans le but d’accueillir les premiers patients en 2023.
«Ça pourrait aller plus vite, mais tout est une question d’argent», laisse-t-il tomber, confiant.
Pour faire un don ou en savoir davantage sur la mission de la Fondation, il suffit de se rendre ici.