RÉCOLTES. Des producteurs agricoles de la région de Drummondville doivent composer avec d’importantes pertes financières en raison de la météo en dents de scie qui n’a pas favorisé la croissance des légumes racines.
Les producteurs à grande échelle ont ressenti les contrecoups des conditions météorologiques extrêmes du printemps et de l’été 2020. C’est le cas des Pommes de terre Cardinal, de Sainte-Brigitte-des-Saults, qui produit et distribue annuellement 18 000 tonnes de patates.
«Contrairement aux autres années, notre rendement a baissé de 10 à 15 %. On a 15 variétés et il y en a plusieurs qui ont été affectées, explique le directeur des opérations, Maxim Cardinal. On a eu un temps très sec au début de l’été et dans les derniers mois. Ça a affecté la qualité des patates. Plusieurs sont difformes.»
Les précipitations abondantes ont aussi eu un impact sur les récoltes de cette entreprise familiale. «On a eu des « coups d’eau » à notre ferme. C’est problématique parce que ça va nous donner des patates d’eau. Ce sont des patates qui pourrissent parce qu’elles ont eu trop d’eau», explique M. Cardinal.
Les pommes de terre qui présentent des imperfections sont éliminées lors des opérations de triage. «Quand on arrive pour en vendre, on a plus de déclassement. On fait surtout de la patate d’emballage pour la table. S’il y a eu trop de patates d’eau ou difformes, on en déclasse plus. Ça prend un triage plus sévère.»
La conservation de ces aliments représente évidemment tout un casse-tête pour l’entreprise brigittoise. «Dans des entrepôts en vrac, on envoie de l’humidité et de la ventilation pour conserver les légumes. L’année passée, les patates étaient saines quand on les a rentrées. On a mis de l’humidité en masse et elles ont gardé un bon poids, explique le directeur des opérations. Mais cette année, les patates d’eau nous compliquent la tâche. Quand on les entrepose, si on envoie trop d’humidité, elles pourrissent et se mettent à couler.»
Même si M. Cardinal soutient être un brin découragé, il préfère demeurer optimiste. «Qu’il y ait beaucoup de rendement ou moins, c’est la même charge de travail. C’est sûr que c’est plate, mais on fait toujours une moyenne [de production] sur cinq ans. On a eu de bonnes années, comme la saison 2019 et l’autre d’avant. Au moins, ça compense.»
Les carottes, une denrée rare
En raison des grandes chaleurs estivales, la culture de la carotte s’est aussi avérée très difficile dans les derniers mois.
«Du mois de juin à juillet, on n’avait plus de carottes! Il fallait en prendre dans nos réserves. On n’en a pas offert à certains clients pendant l’été. Habituellement, c’est notre culture de marque», indique Vincent Séguin, copropriétaire de la ferme maraîchère Cache verte à L’Avenir.
L’agriculteur estime qu’il a perdu 75 % de sa production. «Le manque d’eau a affecté beaucoup le rendement des carottes. La germination n’était pas égale. Ça a été difficile», relève-t-il.
Cette situation a amené la Cache verte à vivre une période de remise en question. «On est dans une année où on élargit beaucoup notre clientèle. On prend de l’expansion. C’est difficile de savoir si c’est à cause de la météo ou si c’est parce qu’on a fait mal notre travail. On est encore en apprentissage, mais quand on parle avec d’autres producteurs bios, on comprend qu’ils ont trouvé ça aussi difficile», ajoute M. Séguin.
Quelques maladies
Du côté du Paysan gourmand, les propriétaires Rosemarie Allen et Jacob Morin ont vécu une réalité semblable. «Il y a de la maladie qui a embarqué pour les carottes et les panais. On a eu de la difficulté cette année. Les feuilles ne sont pas belles. Les carottes restent petites, mais elles sont quand même bonnes. C’est une différence comparée aux autres années», expliquent ceux qui détiennent une ferme écoresponsable à Saint-Félix-de-Kingsey.
D’autres légumes ont été affectés par les températures chaudes. «La laitue n’était pas très belle. Ça n’a pas été une bonne année. Le goût est plus prononcé. Elle a besoin beaucoup d’eau et pas trop d’humidité pour croître. Cet l’automne, la laitue n’est pas belle non plus.»
Malgré les défis que les agriculteurs doivent surmonter dans les champs, ces derniers se réjouissent de pouvoir compter sur la fidélité des consommateurs, qui développent un intérêt pour l’achat local. «Pour l’inscription des paniers de légumes, ça a été plus rapide que d’habitude. On a été complet au mois d’avril au lieu de juin», conclut Rosemarie Allen, se réjouissant que les surplus aient rapidement été vendus.