SOCCER. Lentement mais sûrement, Pierre-Luc Lauzière se rapproche de ses objectifs. Pour la deuxième fois en l’espace de quelques mois, le Drummondvillois a été appelé à arbitrer un match dans la Ligue majeure de soccer (MLS).
Lors de ce duel de qualification pour la finale du championnat canadien présenté au BC Place, dimanche dernier, l’Impact de Montréal a signé une victoire de 4-2 sur les Whitecaps de Vancouver. Pour Lauzière, il s’agissait d’une 13e apparition en MLS, incluant 11 parties comme quatrième officiel.
«Pour un arbitre, c’était un match avec beaucoup de challenge. Il s’est marqué six buts, il y a eu un penalty, une reprise vidéo et deux cartons rouges. Bref, j’ai goûté à tout. Il n’y a rien qui n’est pas arrivé», a raconté Lauzière, de retour dans sa vie de professeur d’éducation physique à l’école secondaire Jeanne-Mance.
«Heureusement, j’étais très bien entouré, a ajouté l’homme de 35 ans. Il y avait autour de moi un staff d’expérience à rendre jaloux, ce qui a été très aidant.»
Lors de cette rencontre, Lauzière a eu recours à une reprise vidéo pour la première fois de sa carrière. «Un arbitre veut toujours rendre la bonne décision. La vidéo vient nous aider dans notre travail.»
Après chaque match, Lauzière prend d’ailleurs du temps pour évaluer sa prestation sur le terrain. Des discussions avec des collègues lui permettent notamment de réfléchir aux aspects qu’il peut corriger.
«Je suis la personne la plus critique envers elle-même. Je ne suis jamais satisfait à 100 % de mes performances. Je trouve toujours quelque chose à améliorer. Cette capacité d’auto-évaluation, c’est très important pour un arbitre. Si tu veux devenir meilleur, c’est essentiel. C’est comme pour un joueur, peu importe le sport : on doit travailler sur nos lacunes pour améliorer nos performances», a expliqué l’arbitre par excellence au Québec en 2018.
Signe de son potentiel en MLS, le Drummondvillois a été invité à participer au camp de l’Organisation des arbitres professionnels (PRO), l’hiver dernier, à Houston, au Texas. Son objectif principal demeure le même : devenir un arbitre à temps plein dans le circuit nord-américain.
«Je veux faire de l’arbitrage mon travail. D’ici deux ans, je pense que c’est un objectif raisonnable. Pour y arriver, je dois profiter de chaque opportunité que la PRO me donne. Ils ont l’habitude de donner quelques matchs aux arbitres pour les évaluer avant de prendre une décision. D’avoir obtenu un deuxième match, c’est déjà très positif pour moi, mais l’organisation doit aussi regarder ses besoins», a soulevé Lauzière, qui rêve également de percer la liste de la Fédération internationale de football (FIFA).
Sang-froid, courage et humilité
Durant la dernière année, Pierre-Luc Lauzière a officié quelques matchs de la Confédération de soccer d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF) en Guadeloupe, au Costa Rica, en République dominicaine et à Curaçao. Avant son voyage-éclair en Colombie-Britannique, il a également arbitré des joutes de la Première ligue canadienne (CPL) dans la bulle de Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard. Ces parties ont été disputées devant des gradins vides en raison de la situation sanitaire.
«Sans spectateurs, c’est vraiment spécial, a admis Lauzière. Ça manque de réactions. On est habitué à ressentir l’émotion de la foule quand on rend une décision ou qu’un but est marqué. Quand il y a 20 000 personnes qui font du bruit dans un stade, l’adrénaline embarque. Ça te donne des jambes.»
«C’est une pièce manquante qu’on sous-estime, mais on est tellement concentré sur le jeu qu’on n’y prête pas attention. Ça ne change rien à notre travail : un tacle reste un tacle.»
Outre une condition physique impeccable, une excellente compréhension du jeu et un sang-froid à toute épreuve, plusieurs qualités sont nécessaires pour arbitrer au niveau professionnel selon Lauzière. «La communication est importante, tant le verbal que le non verbal. Parfois, il faut être capable de livrer un message sans même ouvrir la bouche. Ça prend à la fois du courage pour prendre des décisions qui ne sont pas toujours populaires, mais aussi de l’humilité pour accepter ses erreurs.»
Peu importe le niveau, chaque partie représente un défi différent pour un arbitre. «Le challenge, c’est ça qui me passionne dans ce métier. Ressentir un certain stress avant le match, essayer d’anticiper ce qui va survenir, me retrouver sur le terrain et me sentir en contrôle de la situation, ça n’a pas de prix.»
En voie de réaliser son rêve de devenir un arbitre professionnel, Pierre-Luc Lauzière continue donc de jongler entre le soccer, son boulot d’enseignant et sa petite famille.
«Présentement, je mets les efforts d’un arbitre à temps plein, mais sans l’être. Tant que je vais être capable de faire les deux métiers, je vais continuer. Je suis vraiment reconnaissant envers mon employeur. Il est vraiment bon avec moi, ce qui facilite beaucoup mon travail d’arbitre», a-t-il conclu, en exprimant également sa reconnaissance envers Soccer Canada, qui le forme afin qu’il puisse continuer de gravir les échelons du soccer international.