CYCLISME. Après 10 semaines d’aventures en vélo, Boromir Vallée Dore s’approche enfin de la ligne d’arrivée. Ayant parcouru plus de 5000 kilomètres entre Vancouver et Québec, le Drummondvillois d’origine profite d’un petit répit chez ses parents avant de conclure son périple pancanadien.
Parti de la Colombie-Britannique à la mi-juin, Boromir Vallée Dore a apprécié chaque moment de son parcours. Béni par la météo, le cycliste ne cache pas que le défi était plus mental que physique.
«Les endroits les plus difficiles étaient quand les gens étaient vraiment loin. Quand tu as une station-service à tous les 100 kilomètres, c’est long sans voir personne. Lorsque les impératifs de retour commençaient à approcher, je me mettais à pédaler davantage. Dans ce temps-là, je sentais que j’étais moins dans le moment présent. Je réalise que le corps est une machine vraiment bien rodée et exceptionnelle», raconte Vallée Dore.
Pour lui, une écoute attentive de son corps était primordiale afin de se rendre jusqu’au bout.
«Étant donné que je peux m’adapter à ce que je suis capable de faire, il fallait que je prenne soin de mes étirements. J’avais une huile musculaire pour les massages. Le corps envoyait des signaux quand il n’était plus capable. Ça ne servait à rien de pousser plus, car je pouvais me blesser. J’ai commencé avec les Rocheuses, donc cela m’a permis de me mettre en forme pour le reste», mentionne celui qui habite maintenant la Vieille Capitale.
En plus de voir une grande diversité de paysages, le principal intéressé a pu mieux comprendre son rapport avec la solitude à travers les kilomètres.
«Dans ma tête, je pensais que ce serait pire. Je me voyais ne pas parler à personne pendant une semaine, mais cela n’a pas été le cas. Les gens m’abordaient et me posaient des questions. Ils étaient curieux de me voir arriver avec mon vélo. Certains me proposaient de dormir chez eux en plus d’avoir la possibilité de prendre une douche et de manger un bon repas», raconte celui qui prévoyait arriver dans la région le 28 août.
Néanmoins, un sentiment fort accompagnera l’athlète lorsqu’il verra le pont Pierre-Laporte et la Ville de Québec pointer à l’horizon.
«Ça va être de l’accomplissement. Je vais avoir beaucoup de joie quand je vais retrouver mon cercle d’amis. Je crois que j’ai grandi avec cette expérience», explique le natif de Drummondville.
Initiative freinée
Même s’il compte réussir son défi, Vallée Dore aura vu le projet associé à son voyage, IntervenantGamer, mettre un frein à ses activités en cours de route. Créée pour être un service d’aide et d’écoute en ligne pour les joueurs de jeux vidéos, l’initiative a été victime de son manque de visibilité. Une problématique encore plus grande puisque c’était une idée unique au Canada.
Ayant recueilli près de 2800$ en dons via la plateforme GoFundMe pour aider les bénévoles, le cycliste a tout simplement remboursé l’argent aux donateurs. Avec la distance à parcourir, il n’avait pas le temps de recontacter tout le monde afin de trouver une nouvelle cause.
«Ça ne s’est jamais terminé par manque de pertinence. Des initiatives sociales comme ça sont dures à porter. Au Québec, c’est compliqué de se faire reconnaître. Les organismes reconnus ont déjà de la misère à aller chercher du financement. Même chez ceux qui en ont, les gens s’épuisent», explique Boromir Vallée Dore.
«Le résultat est difficile à remarquer. C’est toujours un travail de démontrer l’impact des interventions», résume le cycliste.
Ce dernier croit également qu’un certain choc des générations a contribué à l’arrêt d’IntervenantGamer.
«Quand les intervenants vont parler aux bailleurs de fonds, ils expliquent qu’ils utilisent des plateformes comme Twitch ou Discord. Ça ne sonne rien chez ces personnes-là. Ceux qui utilisent ces réseaux sont des jeunes qui ne peuvent pas financer un tel projet», ajoute-t-il.
Après avoir assisté aux célébrations entourant l’anniversaire de son père, Boromir Vallée Dore remontera sur sa selle, lundi, pour un petit segment qui le mènera à Victoriaville.