AÉRODROME. Des citoyens qui habitent à proximité de l’aéroport régional sont prêts à tout pour retrouver le calme qui régnait jadis dans leur quartier. Le 7 août, ils ont déposé une requête à la Cour Supérieure réclamant 10 760 000 $ à la Ville de Drummondville, la Société de développement économique de Drummondville (SDED), Sélect Aviation ainsi qu’à Richcopter.
Représenté par l’avocate Me Stéphanie La Rocque du cabinet De Granpré Chait, le groupe de 224 citoyens, ayant comme responsable Henriette Yergeau, a déposé une demande introductive d’instance en dommages-intérêts pour troubles de voisinage. Les plaignants «requièrent d’être indemnisés par les quatre défendeurs pour leurs dommages causés par les inconvénients anormaux du voisinage ainsi que pour la perte de valeur de leur résidence en raison des bruits excessifs et récurrents causés par les écoles de pilotage Sélect Aviation et Richcopter ayant des hangars à l’aérodrome de Drummondville», tel qu’indiqué dans les documents de la cour.
Précisément, chacun des résidents réclame une somme de 25 000 $ et exige que ses frais juridiques soient remboursés. Ces sommes sont basées sur les préjudices allégués par les citoyens, notamment la perte de sommeil, la perte de jouissance des cours extérieures, le stress, l’anxiété et la perte considérable de la valeur marchande de leur propriété causés par le bruit provenant des aéronefs des écoles de pilotage.
Le document de cette requête met notamment en relief les multiples mécontentements manifestés au cours des dernières années par les citoyens et leurs démarches en vain pour obtenir certains documents de la Ville de Drummondville, par exemple celui sur l’étude de bruit émanant de la consultation publique en vue de l’agrandissement de l’aérodrome. On y souligne également les mesures d’atténuation apportées, mais jugées inefficaces de la part des plaignants, «puisque les aéronefs continuent de tourner en rond au-dessus des résidences des demandeurs et de pratiquer des posés-décollés à toute heure du jour et de la nuit». Les citoyens ont d’ailleurs déposé en preuve un rapport sur les mesures de bruit effectué du 7 novembre au 7 décembre 2019 confirmant que les niveaux sonores extérieurs recommandés par l’Organisation mondiale de la santé afin de protéger des effets néfastes sur la santé sont atteints et dépassés 27 jours sur un total de 31. Les normes du ministère de l’Environnement sont également dépassées 27 jours sur un total de 31.
Parmi les autres documents en annexe, se trouve une mise en demeure signifiée à Sélect aviation le 25 juillet 2017 par la Ville de Drummondville concernant le bruit.
Invité à commenter la situation, le directeur général de l’école de pilotage, Daniel Cyr, a indiqué : «Les citoyens sont tout à fait dans leur droit de le faire. Mais je rappelle qu’il y a un comité de vigilance depuis 2017 avec lequel nous avons entendu et écouté les citoyens. Plusieurs actions ont d’ailleurs été prises (…) C’est dur de plaire à tout le monde et on doit se mettre à l’évidence de ça, mais on ne peut pas changer la nature des choses. Honnêtement, je suis un peu déçu, mais on en a pris bonne note. Maintenant, on va consulter et se renseigner pour la suite des choses.»
Du côté de la Ville de Drummondville, considérant qu’elle aura à se défendre devant la Cour, aucun commentaire ne sera émis.
Précisons que cette requête s’ajoute à poursuite que la Ville de Drummondville a reçue en septembre 2019 dans le dossier de l’agrandissement du site d’enfouissement, géré par Waste Management. La multinationale souhaite forcer la Ville de modifier son règlement de zonage pour être en mesure de poursuivre l’exploitation du site d’enfouissement du secteur Saint-Nicéphore, dont la phase 3B. La Ville a déjà fait savoir qu’elle s’oppose à tout agrandissement. Aucune décision n’a encore été rendue dans ce dossier.
Avec la collaboration de Lise Tremblay