DOSSIER. «Le gouvernement du Québec a fait une belle annonce en novembre 2017 pour nous dire qu’on sera branché à internet haute vitesse à Saint-Joachim-de-Courval. Mais on attend encore. Qu’est-ce qui se passe? Les fonds ont-ils été débloqués? On ne nous dit rien».
Ces questions sont posées par un homme d’affaires, Éric Dupuis, qui gère une cédrière et une érablière sur le rang Saint-Jean-Baptiste où une demi-douzaine d’entreprises comme la sienne éprouvent de sérieux problèmes de communication.
«Il est très difficile de faire avancer les affaires sans une connexion internet à haute vitesse. Les élus l’avaient d’ailleurs reconnu lorsqu’ils ont fait cette annonce il y aura bientôt trois ans. Comment se fait-il que rien ne se passe? Nous n’avons pas de réponses claires malgré nos demandes», déplore-t-il avec exaspération.
L’Express avait en effet mentionné le 24 novembre 2017 que 434 foyers du secteur de Saint-Joachim allaient bénéficier d’une subvention leur permettant de recourir à l’internet haute vitesse. Dans le cadre du programme Québec branché, quatre autres projets étaient ainsi retenus au Centre-du-Québec, en vertu d’investissements totalisant 18 369 850 $, dont 5 645 909 $ du gouvernement du Québec et 2 146 293 $ du gouvernement du Canada.
Laurent Lessard, alors ministre responsable de la région du Centre-du-Québec, avait déclaré : «La réalisation de ces projets dans la région du Centre-du-Québec contribuera au maintien d’entreprises nécessitant des services Internet haut débit pour demeurer en activité et accroître leur compétitivité. Il en est de même pour les familles plus éloignées, qui, en étant désormais desservies adéquatement, jouiront d’une meilleure qualité de vie».
Éric Dupuis a questionné différents intervenants dans le dossier, dont Cogeco Connexion, maître d’œuvre du projet de Saint-Joachim-de-Courval. «On m’a répondu que le projet était en attente de signatures finales par le gouvernement fédéral et qu’il était en fin d’analyse. Ça, c’était en juillet 2019. Il y a un mois, j’ai contacté la conseillère drummondvilloise Cathy Bernier, qui m’a dit qu’il manque encore des autorisations et que la connexion ne se ferait pas avant plusieurs mois, ajoutant qu’elle trouvait ça excessif».
Désespéré, le Drummondvillois a récemment écrit une lettre au député Sébastien Schneeberger, dans laquelle il dit espérer que «vous saurez poser la question aux gens concernés pourquoi est-ce si long et surtout pourquoi nous ne sommes pas en mesure de connaître l’échéancier et le déploiement d’internet haute vitesse dans notre secteur. Il y a certainement quelqu’un qui est redevable de fournir ces informations aux citoyens, après tout, une bonne partie du financement provient de fonds publics».
Éric Dupuis, 49 ans, et sa conjointe, Nancy Plourde, exploitent une plantation de cèdres à haies et une érablière de 2750 entailles, sur une terre de 178 acres. Le couple prévoit augmenter les entailles à 4750 et investir près de 150 000 $ afin de moderniser les installations de bouillage et de transformation.
«Le signal internet que nous avons actuellement est très faible et c’est l’enfer de tenter de s’y brancher… quand il n’y a pas trop de monde en même temps. C’est pas bon pour les affaires, ni pour les loisirs, ni pour les services d’information. Quand je dois passer des examens en ligne pour l’hygiène et la salubrité ou pour suivre des formations, il est très rare que ça ne gèle pas. Et je ne parle pas encore de la connexion pour le cellulaire qui est très peu fiable. C’est incroyable de vivre un problème comme ça en 2020, considérant que nous sommes situés à Drummondville», de souligner Éric Dupuis.
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