Briser le silence

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Par Marilyne Demers
Briser le silence
Jocelyne Desjardins est intervenante pour le CALACS La Passerelle de Drummondville. (Photo : Archives Journal L'Express)

DÉNONCIATIONS. «Ce dont les victimes ont besoin, c’est d’être écoutée, c’est d’être entendue et d’être crue», soutient Jocelyne Desjardins, intervenante pour le CALACS La Passerelle de Drummondville.

L’organisme, qui vient en aide aux victimes d’agression à caractère sexuel, est à même de constater l’ampleur du mouvement de dénonciations sur les réseaux sociaux. Au cours des dernières semaines, des victimes alléguées ont choisi de dénoncer leur agresseur sur les réseaux sociaux, plutôt que de se tourner vers le système de justice.

«Pour beaucoup de victimes, le processus est long. Aussi, ça peut être revictimisant. Un des principaux jeux de la défense pour contrer les accusations est de montrer que la victime n’est pas crédible. C’est un des effets pervers. Est-ce qu’il n’y aurait pas une autre avenue à explorer?», questionne Jocelyne Desjardins.

Selon le centre d’aide et de lutte aux agressions à caractère sexuel, le taux de dénonciations à la police se situe entre 5 % et 10 % chez les victimes de violence sexuelle. «Beaucoup de victimes choisissent d’aller autrement. Nous, on ne les convaincra ni d’une affaire ni d’une autre, mais ce dont on va les convaincre, c’est que les choix qu’elles vont faire seront les bons parce qu’elles vont savoir qu’est-ce que ça implique», mentionne Jocelyne Desjardins.

Par ailleurs, contrairement à une agression sexuelle, une inconduite sexuelle n’est pas reconnue comme un crime, selon la loi. «Quand on parle de violence verbale, de regards insistants, par exemple, ce n’est pas criminalisé, mentionne Mme Desjardins, soulignant que des ressources existent pour en parler. La violence sexuelle est banalisée.»

Œuvrant depuis bientôt 30 ans auprès des femmes et des adolescentes, le CALACS La Passerelle de Drummondville constate que l’un des besoins immédiats d’une victime est de trouver une oreille attentive.

«On entend la vague de dénonciations comme un cri d’alarme. Les victimes demandent des ressources qui vont correspondre à leurs besoins, soutient l’intervenante du CALACS La Passerelle, rappelant que leurs portes sont toujours ouvertes aux victimes de violences sexuelles. Plus on en parle, plus il y a d’échanges, plus on va être nombreux à prendre position contre la violence sexuelle.»

Besoin d’aide? Vous pouvez contacter le CALACS La Passerelle de Drummondville au 819-478-3353 ou au 877-278-3353 (ligne sans frais).

Statistiques

  • 1 femme sur 3 a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans.
  • 1 homme sur 6 sera victime d’une agression sexuelle au cours de sa vie.
  • 90 % des agressions sexuelles ne sont pas déclarées à la police.
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