DOSSIER. En démarches pour ouvrir son milieu familial régi et subventionné, Karel Bouillon se désole de voir que plusieurs parents, pourvus de garderie et devant l’urgence de placer leur enfant, sautent sur la première occasion pendant que certaines personnes profitent de la situation pour hausser les tarifs ou s’improviser responsable de service de garde.
«Les parents de Drummondville sont pris dans un très, très gros cercle», lance-t-elle.
Selon la Drummondvilloise, qui a lancé récemment un sondage pour connaître les besoins des parents en vue de l’ouverture de son service de garde, les familles qui réussissent à trouver une place en ce moment ne l’ont peut-être pas prise par choix, mais par obligation.
«Il y a des parents qui m’ont dit qu’ils sont prêts à payer n’importe quel prix par jour», fait-elle savoir.
Étant membre de quelques groupes Facebook destinés à la recherche d’une place, Karel Bouillon est à même de constater l’urgence qu’ont les parents de placer leur enfant. Par exemple, chaque fois qu’une responsable de service de garde publie une disponibilité, les messages de parents intéressés fusent de toute part.
Le nombre de publications de parents désespérés augmente aussi de jour en jour et témoigne du problème. Mais à ses dires, voyant cela comme une opportunité, certaines personnes n’ayant pas nécessairement les compétences requises parviennent à ouvrir un service de garde et réussissent à combler les places en très peu de temps.
«La situation fait en sorte que ça ouvre des portes à beaucoup de personnes qui n’ont peut-être pas toutes les connaissances ou la vocation pour avoir une garderie, car elles voient-là une opportunité à faire de l’argent facilement. J’en ai conscience sur les différents groupes Facebook. Il y a chaque fois une cinquantaine de messages sous la publication. C’en est rendu que les parents ont besoin d’une garderie à tout prix… Je trouve ça un petit peu dangereux de voir la facilité que peuvent avoir des personnes à ouvrir une garderie à la maison, et ce, malgré la loi 143 (qui s’applique aux services de garde en milieu familial non régis)», met-elle en évidence.
D’autres responsables profitent de la situation pour augmenter leur tarif quotidien.
«J’ai vu une garderie hier qui demandait 56 $ par jour. Elle va réussir à trouver des gens quand même, car les parents sont prêts à payer n’importe quel prix. Par contre, pour ceux qui n’ont pas les moyens, ça complique la situation. Je trouve que les gens ambitionnent sur le contexte», déplore la maman d’un garçon de 15 mois et enceinte d’un deuxième enfant.
Étudiant actuellement à l’université en intervention psychosociale, Karel Bouillon se sent privilégiée de pouvoir avoir à ses côtés son petit garçon et ne pas être obligée de l’envoyer à la garderie.
«Avant de réorienter ma carrière et d’entamer mes études, l’une des plus grandes difficultés était non seulement de trouver une place en garderie, mais d’en trouver une où j’étais en confiance pour laisser mon garçon. Ça m’a portée à réfléchir et c’est de là que mon projet d’avoir mon milieu familial a surgi», raconte celle qui était auparavant préposée aux bénéficiaires.
Karel Bouillon compte ouvrir son service de garde en 2021. Selon elle, le processus va bon train.
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