CORONAVIRUS. Les commerçants de Drummondville ont un avis partagé sur le port du masque, qui sera obligatoire dès samedi dans les lieux publics intérieurs. Si certains appréhendent une gestion problématique de la clientèle, d’autres préfèrent accueillir la nouvelle avec compréhension. Dans tous les cas, des ajustements sont nécessaires.
«Au départ, je trouve ça un peu spécial de mettre ça sur les épaules du commerçant. J’appréhende la première visite. Présentement, il y a un client sur trois (ou quatre) qui porte le masque. Qu’est-ce qui va arriver avec une personne qui va entrer la première fois pas de masque? Je ne sais pas comment je vais le gérer», souligne Isabelle Aubin, propriétaire de la Librairie Tourne La Page.
Mme Aubin fait face à l’incertitude : «Même si ça fait quatre mois qu’on parle du coronavirus, il y a encore des gens qui agissent comme si c’était un fait qui n’existait pas. Il y a encore des gens qui entrent ici sans faire attention aux deux mètres. Je me demande : ça va être quoi avec le masque?»
La gestion de la clientèle est inévitable. «Ça fait sept ans que j’ai pignon sur rue. Les clients deviennent des connaissances, des gens avec qui on échange à toutes les visites. On n’est pas comme les grandes chaînes qui ont un agent de sécurité à la porte. Il a un habit, un uniforme et un statut. Ce n’est pas difficile pour lui de faire respecter le fait d’entrer ou non avec un masque. Moi, je n’ai personne à la porte. Je suis un petit commerce. Il y a rarement quatre, cinq clients à la fois. C’est moi qui travaille à la caisse. Je ne peux pas être à la porte pour gérer tout ça», explique la propriétaire.
Carole Boucher, copropriétaire de Boutique d’Animaux Drummond, opte pour la même vision. «On va être obligé de faire la police. On n’a pas le temps de faire ça. On est super achalandé. On a beaucoup de travail et peu d’employés. On essaie de se trouver des solutions. On a pensé à mettre des masques à vendre. On les vendrait 1$. Ceux qui n’en ont pas, ils sont obligés d’en acheter un», soutient-elle.
Pour sa part, une propriétaire d’un dépanneur, situé au centre-ville, mettra tout en œuvre afin d’aviser la clientèle concernant le port du masque. «Il va y avoir une affiche dans la porte, mais après ça, si le client est récalcitrant je fais quoi? Je ne suis pas policière ou agente de sécurité. Et même si j’appelle la police, le client sera parti depuis longtemps quand les autorités arriveront. Ce n’est quand même pas une urgence et les policiers ont bien d’autres choses à faire de plus urgent», mentionne celle qui a préféré garder l’anonymat.
Un «mince prix à payer»
Au Joker Pub Ludique, le directeur de la succursale Maxime Valiquette-Chapleau fait preuve de compréhension. «On n’a pas le choix de s’adapter à la situation. On a envie que les clients continuent de venir. Les clients nous ont prouvé dans les dernières semaines qu’ils veulent venir. Je pense que le fait d’avoir à porter un masque pour franchir la porte pour aller à sa table, pour s’asseoir, manger et jouer, c’est vraiment un mince prix à payer pour l’expérience que vous allez vivre», fait-il valoir.
M. Valiquette-Chapleau se dit prêt à accueillir les clients. «Je crois que les gens vont se responsabiliser et ils vont avoir leur propre masque. Advenant qu’il y en ait qui ne suivent pas la situation, on n’est pas à l’étape de les revirer de bord. On va plutôt les aider au niveau de cette éducation. On a des masques sur place pour les habituer à ce nouveau beat-là .»
Tout est une question d’ouverture d’esprit, selon la propriétaire de Miss Jujube. «Pour ma part, je suis ouverte à modifier mon service à la clientèle au besoin, si je vois que plusieurs personnes ne portent pas de masque. Il y a toujours une solution! On a connu pire avec les commerces fermés où on devait se débrouiller avec des livraisons et du take-out. Alors, il faut juste tous coopérer et tout rentrera dans l’ordre plus rapidement», suggère Julie Chamberland.
À la Clinique chiropratique LFR de la rue des Tilleuls, l’habitude est déjà encrée. «Dès le déconfinement, nous avons implanté des mesures sanitaires. Nous n’avions pas le choix. Tous mes clients ou presque portent le masque à leur arrivée et dans le cas contraire, nous leur en donnons un. Nous avons augmenté les heures d’ouverture afin qu’il y ait moins de patients dans la clinique en même temps. Alors pour nous, ça ne change pas grand-chose cette nouvelle directive», commente Jérôme Mainville, chiropraticien.
Des ajustements nécessaires
Le complexe sportif de DekHockey Drummond n’échappera pas aux nouvelles mesures, car des matchs de hockey-balle se joueront à l’intérieur. Au lieu de progresser, les dirigeants doivent constamment s’ajuster.
«On se concentre sur la COVID-19 au lieu de faire rouler notre entreprise. Encore aujourd’hui, je suis allé acheter des équipements afin d’ériger deux points de service dehors dans le but de limiter les entrées et sorties dans le bâtiment. Ceux qui vont entrer devront porter le masque. Les joueurs le porteront jusqu’à ce qu’ils soient sur le banc de leur équipe. Après la partie, ils devront remettre le masque pour aller se changer. En fait, tous les déplacements intérieurs vont nécessiter le port du masque. La direction a tout mis en place pour assurer la sécurité des joueurs. De plus, nous fournirons des masques à ceux qui n’en auraient pas. J’aime mieux offrir ça que de payer une amende, car on ne peut pas mettre de la sécurité partout», laisse tomber Martin Allard, copropriétaire.
(Avec les informations de Ghyslain Bergeron)