BOXE. La décision de la Santé publique d’interdire les combats de boxe d’ici la découverte d’un vaccin contre la COVID-19 aura de lourdes conséquences sur le développement des boxeurs de la région, qui devront ronger leur frein encore quelques mois avant de remonter sur le ring.
Pour le protégé d’Eye of the Tiger Management (EOTTM), le Drummondvillois Jordan Balmir, celui-ci estime que la décision faite par les instances gouvernementales est injuste, lui qui continuait de s’entraîner avec l’espoir de continuer sur sa lancée après sa victoire contre Omar Andrade, le 25 janvier dernier.
«Je n’ai pas seulement la boxe en tête, mais en ayant vécu beaucoup de préparations de combat, c’est vraiment difficile quand tu n’as pas la date en avant de toi. Oui, c’est le fun s’entraîner, mais quand tu n’as pas une date fixe, l’entraînement n’est pas le même…», a déclaré l’athlète.
Le principal argument de ceux qui gravitent autour des sports de combat est le fait que des disciplines avec contacts avec beaucoup plus de joueurs sur le terrain, comme le football ou le soccer, sont autorisées par la Santé publique.
«La décision que le Dr Arruda s’apprête à prendre causera des dommages irréparables pour le sport ainsi que pour nos boxeurs qui seront forcés à l’inactivité pour une trop longue période et qui se verront dépouillés de leurs ceintures et classements mondiaux», a réagi le promoteur de Balmir et président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan.
Pour Balmir, cette action pourrait lui fermer quelques portes pour la suite de sa carrière, lui qui devra regarder ailleurs dans d’autres provinces canadiennes ou se tourner vers les États-Unis où des sports de combat comme la boxe ou les arts martiaux mixtes ont repris quelque peu leurs activités.
«C’est vraiment dommage que rien n’ouvre, car je ne suis pas fermé du tout de faire un combat, bien au contraire. Devoir aller ailleurs rend cela plus compliqué», affirme le combattant.
«Jordan continue d’être actif, mais c’est spécial pareil quand tu n’as pas de combat prévu. Tu n’as pas la motivation qui vient avec», croit l’un de ses entraîneurs, Benoit Fleury.
Des répercussions chez les amateurs
Les dommages potentiels qu’aurait cette attente pourrait aussi contrecarrer certains plans des clubs de boxe de la région, qui espéraient reprendre leurs activités normales après plusieurs mois d’arrêt.
Propriétaire du gym Ultimaction à Drummondville depuis près de 10 ans, Éric Leclerc, voit déjà les effets que le confinement a créés alors que les gens fréquentent beaucoup les gyms alors qu’il n’a jamais vu autant de boxeurs fréquenter son établissement à cette période de l’année.
Mais, ironiquement, cette hausse de présences à ce temps-ci de l’année arrive à une période où les opportunités de combats sont très peu, voire nulles.
«Les boxeurs ont faim, a lâché Leclerc. Tout est arrêté et depuis ce temps-là, tout le monde attend et espère que ça reparte. On a été le premier sport à arrêter et on est les derniers à repartir. C’est comme la cerise sur le sundae. Le fait qu’ils veulent attendre qu’un vaccin soit disponible, ça peut prendre un an. Le fait de mettre tout le monde en pause va faire très mal», souligne Éric Leclerc.
Du côté du propriétaire du Collège Team Bergeron de Wickham, Yanick Bergeron, les duels sur le ring sont souvent la motivation principale de ses poulains, que ce soit lui qui vit l’expérience ou celui qui veut se rendre jusqu’aux Jeux olympiques.
«Certains avaient de gros combats de championnat qui s’en venaient et ils vont perdre tout ça. Pour d’autres, c’est une carrière. Moi, j’ai des élèves qui attendent après cela s’ils veulent payer leur épicerie. Est-ce qu’il va falloir qu’on se rende jusqu’à Abu Dhabi ou dans l’État de la Floride? Ce n’est pas évident et quelques athlètes vont voir leur cheminement s’arrêter là. Perdre un an et demi, c’est beaucoup pour eux», termine-t-il.