ÉCONOMIE. Le ministre des Finances, Éric Girard, a fait le point vendredi sur la situation financière du Québec, trois mois après le début de la crise provoquée par la pandémie de COVID-19.
«L’économie du Québec a été durement frappée par les mesures de confinement et par l’arrêt brusque imposé à plusieurs secteurs d’activité. La force de notre économie et la solidité de nos finances publiques avant la crise nous ont permis d’agir rapidement et de mettre en place des mesures exceptionnelles pour soutenir les Québécois et les entreprises, ainsi que pour favoriser la relance économique», a lancé le ministre en conférence de presse.
Éric Girard a rappelé qu’en l’espace de quelques semaines, le gouvernement a mis de l’avant un soutien financier historique équivalent à celui qui avait été mis sur pied en 24 mois lors de la crise financière de 2008-2009. L’impact budgétaire totalise plus de 6,6 milliards de dollars, soit :
- 3,7 milliards de dollars pour renforcer notre système de santé afin de faire face à la crise sanitaire;
- 1 milliard de dollars pour appuyer les travailleurs et les particuliers;
- 2 milliards de dollars pour atténuer l’impact de la pandémie sur l’économie.
«Ces mesures ont permis, depuis la mi-mars, de mettre plus de 28 milliards de dollars en liquidités à la disposition des différents acteurs économiques du Québec», a-t-il spécifié.
Les mesures prises pour freiner la propagation de la COVID-19 ont forcé l’interruption de près de 40 % de l’économie du Québec à la fin de mars dernier, provoquant la perte de 820 500 emplois et faisant passer le taux de chômage de 4,5 % à 17 % entre février et avril. Cependant, la réouverture de certains secteurs de l’économie en mai s’est traduite par une hausse de 230 900 emplois, faisant reculer le taux de chômage à 13,7 %.
«Ces perturbations temporaires auront un impact important sur l’économie malgré le déconfinement en cours. Ainsi, une contraction du PIB réel de 6,5 % est maintenant attendue au Québec en 2020, alors que le budget de mars dernier tablait sur une croissance de 2 %. Il s’agit d’une situation exceptionnelle. À titre comparatif, la baisse du PIB en 2020 est plus marquée que celle observée lors de la crise financière mondiale de 2008-2009», a indiqué le ministre.
«Le gouvernement a l’ambition de revenir rapidement à la situation économique qui prévalait avant la crise. Nous souhaitons retrouver d’ici décembre 2021 le niveau de production de décembre 2019.»
Les dépenses additionnelles associées à la pandémie, jumelées à une baisse des revenus autonomes évaluée à 8,5 milliards de dollars, entraîneront un déficit historique de 14,9 milliards de dollars pour l’année financière 2020-2021. Cette situation exceptionnelle nécessite l’utilisation de la réserve de stabilisation pour respecter la Loi sur l’équilibre budgétaire. Ce déficit inclut aussi une provision sans précédent de 4 milliards de dollars pour pallier aux risques économiques et sanitaires potentiels reliés à une possible deuxième vague.
En mars 2021, le ratio de dette brute sur le PIB est prévu à 50,4 %, ce qui demeure inférieur à celui qui prévalait encore en 2017. Cette hausse de l’endettement est le résultat combiné du déficit et de la baisse du PIB, et ne modifie en aucun cas notre volonté de faire de la réduction du poids de la dette une priorité pour le gouvernement.
En effet, malgré le déficit inégalé, le gouvernement vise un retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans. L’atteinte de cet objectif ne se fera pas au détriment des services publics ou par une hausse du fardeau fiscal des Québécois. L’assainissement des finances publiques s’inscrira également dans la volonté du gouvernement de bâtir une économie verte, comme annoncé lors du budget de mars dernier. Le gouvernement examinera la nécessité de revoir la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations, notamment en ce qui a trait à l’atteinte des cibles pour l’année 2025-2026.
Par ailleurs, la révision des données financières a permis de constater un surplus de 3 milliards de dollars en 2019-2020, une augmentation de 1,1 milliard de dollars par rapport aux données présentées dans le dernier budget pour la même période. Cette révision est attribuable principalement à la situation budgétaire favorable avant le début de la période d’urgence sanitaire et à des dépenses non réalisées au cours de la dernière année.
Dans les dernières semaines, le gouvernement a annoncé de l’aide pour les secteurs les plus touchés par la crise comme la culture, le tourisme, la restauration et le commerce de détail. Le gouvernement entend poursuivre ses efforts pour relancer l’économie du Québec tout en continuant de soutenir le secteur de la santé afin de s’assurer qu’il puisse répondre adéquatement aux besoins de la population. L’éducation et la formation de la main-d’œuvre, tout comme la lutte aux changements climatiques, demeureront une priorité du gouvernement afin d’assurer une croissance vigoureuse à long terme.
«Nous entendons travailler avec les acteurs économiques afin d’assurer une reprise économique optimale. Le point sur la situation économique et financière, qui sera présenté au cours de l’automne 2020, sera l’occasion de rendre compte de l’impact de l’action du gouvernement et de la crise sur l’économie», a dit le ministre.
«Les derniers mois n’ont pas été faciles, et il nous reste beaucoup de travail à faire, mais je suis convaincu que nous serons en mesure de préparer un après COVID-19 où le Québec et son économie retrouveront la vitalité et le dynamisme qui les caractérisaient il y a quelques semaines à peine», a conclu Éric Girard.