ÉDUCATION. Afin de pallier la pénurie d’enseignants dans les écoles primaires, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) – en partenariat avec l’Université TÉLUQ – est en train de développer un programme de maîtrise, menant idéalement à un brevet en enseignement.
La maîtrise en éducation préscolaire et enseignement du primaire serait composée de 60 crédits, indique Mario Richard, professeur au Département Éducation à la TELUQ et principal instigateur du projet. Cette formation à distance se déroulerait à temps partiel. Elle s’adresse aux étudiants qui détiennent un baccalauréat et qui désirent poursuivre une scolarité afin d’obtenir un brevet en enseignement. Les participants devront déjà travailler dans une commission scolaire pour être admissibles à la formation.
«On a besoin de ce programme parce qu’il faut sortir des voies traditionnelles. On ne diplôme pas suffisamment d’enseignants pour répondre aux besoins. Il faut trouver une façon alternative», amène M. Richard. Actuellement, la seule manière d’accéder au brevet en enseignement est d’entamer un baccalauréat de 120 crédits d’une durée de quatre ans.
Le nouveau programme de maîtrise permettra aux enseignants non qualifiés de compléter leur formation, tout en maintenant leur contrat dans le milieu préscolaire ou primaire.
Un partenariat avantageux
Depuis l’automne dernier, l’Université TÉLUQ met à la disposition des étudiants un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en éducation préscolaire et enseignement primaire. La maîtrise qualifiante s’appuiera sur ce programme.
«On a convenu avec l’UQTR que la base de notre maîtrise qualifiante serait le programme de DESS qu’on a développé. On va utiliser l’expertise de l’UQTR, qui a déjà une maîtrise qualifiante [en enseignement au secondaire], pour être capable de faire un arrimage avec notre programme à nous», indique M. Richard.
«Si on part du principe que notre DESS a déjà 30 crédits. On aurait 24 crédits additionnels qui s’ajouteraient, ce qui nous mènerait à 54. On aurait 6 crédits qui seraient des crédits d’essais», soutient-il. Les institutions universitaires n’ont pas encore commencé les travaux afin de déterminer la nature des crédits additionnels.
Les stages se feraient directement dans le milieu de travail des étudiants. «Le fait qu’ils soient à distance et le fait qu’ils soient intégrés à l’intérieur d’un fonctionnement qui se rapproche plus de la formation continue que la formation à distance, c’est de cette façon que le programme se démarque», soutient M. Richard.
La maîtrise risque de s’étaler sur plus de deux ans, tout dépendamment du rythme d’apprentissage de l’étudiant. «Le cheminement est sur une période un peu plus longue parce que le programme est offert à temps partiel. Ce sont des gens qui travaillent à temps plein. Ce sont des étudiants adultes. La plupart ont une famille. La conciliation travail et famille est quand même exigeante.»
Dans tous les cas, le programme devra être approuvé par le Comité d’agrément des programmes (CAPFE) et ultimement le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec Jean-François Roberge, afin de permettre l’obtention officielle du brevet en enseignement.
Un besoin criant
La pénurie d’enseignants dans les écoles primaires est alarmante partout à travers la province. Drummondville n’en fait pas exception. «La pénurie existe toujours et je pense qu’elle va perdurer pendant encore quelques années. Dans les faits, il y a une augmentation qui est vraiment systémique, liée à l’augmentation de clientèle», soutient Daniel Dumaine, directeur du service des ressources humaines de la Commission scolaire des Chênes.
«Statistiquement parlant, pour assurer la pérennité des services, on devrait embaucher une cinquantaine d’enseignants au préscolaire primaire annuellement pour s’assurer de couvrir tous les besoins.»
La commission scolaire entrevoit l’arrivée de la maîtrise d’un bon oeil. «Il y a déjà des maîtrises qualifiantes qui existaient pour certaines matières, notamment au secondaire. On a constaté que les gens qui sortaient de là étaient tout à fait prêts à assumer le rôle d’enseignant. C’est une mesure qui certainement pourra nous aider, sous réserve du nombre de personnes qui seront au rendez-vous pour les inscriptions», témoigne-t-il.
M. Richard réitère l’importance de cet enjeu : «C’est un dossier qui est majeur. Ce sont nos enfants dans les écoles. On ne peut pas les laisser tomber. L’éducation, c’est tellement important. La qualité de l’enseignement fait toute la différence. On ne peut pas laisser la situation telle quelle, sinon on va échapper une génération complète.»