PROCHES AIDANTS. La ministre responsable des aînés et des proches aidants, Marguerite Blais, a déposé un projet de loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes, jeudi, à l’Assemblée nationale du Québec.
En conférence de presse, la députée de la Coalition avenir Québec (CAQ) est revenue sur les étapes entourant la présentation du projet de loi numéro 56, qui a été repoussée par la crise de la COVID-19.
«À la CAQ, on s’était engagé à déposer la première politique nationale des proches aidants, mais une fois au gouvernement, on a décidé d’aller beaucoup plus loin que cet engagement électoral. Je tiens à vous avouer que c’est un rêve pour moi, un rêve bien personnel. C’est au fil de nos consultations et de tout notre travail sur le terrain que nous avons pris conscience qu’un changement législatif s’imposait. Les personnes proches aidantes l’attendent avec impatience», a affirmé la ministre Blais.
Qualifiant ce projet de loi d’historique, la députée de Prévost a expliqué que son objectif est de reconnaître la contribution des proches aidants à la société québécoise et de mieux les soutenir dans leur rôle essentiel.
«Pour une première fois, on vient définir ce qu’est une personne proche aidante. Cette définition se veut large et inclusive de toutes les réalités, sans égard à l’âge ou à la nature des personnes soutenues, afin qu’elles puissent s’y reconnaître aisément. Ainsi, on vient positionner les personnes proches aidantes comme de réels partenaires. On ne veut pas instrumentaliser leur rôle au sein du réseau de la santé, mais surtout les valoriser», a expliqué la ministre Blais, en émettant le souhait de voir ce projet de loi être adopté d’ici quelques mois.
Création d’un Observatoire
L’ex-animatrice à la télévision et à la radio a également annoncé la création de l’Observatoire québécois de la proche aidance, qui assurera une vigie en plus d’analyser, vulgariser et partager les données issues de la recherche.
«Ce projet de loi vise à mettre à l’avant-plan la question des personnes proches aidantes dans les actions gouvernementales, peu importe le gouvernement en place. Dès son adoption, le gouvernement actuel et les gouvernements futurs vont devoir porter une lentille de personnes proches aidantes pour l’ensemble de leurs actions», a laissé entendre l’ex-ministre du Parti libéral du Québec, en soulignant que peu de pays à travers le monde ont adopté une politique semblable.
En réponse à un journaliste lui demandant si une telle politique aurait été utile plus tôt durant la pandémie, lorsque des proches aidants se sont vus interdire l’accès dans les résidences pour personnes âgées et les hôpitaux, Marguerite Blais a rappelé que c’est la direction de la Santé publique qui a pris cette décision afin de sécuriser les milieux de vie et la santé des aînés.
«On ne pensait pas que ce serait aussi long. On s’est rendu compte que la séparation des proches aidants qui apportent un soutien significatif pouvait vraiment apporter une détresse à la fois physique et psychologique à nos personnes hébergées, mais aussi à nos personnes proches aidantes. Donc, il m’apparaît tout à fait logique de dire que c’est plus que temps d’avoir une pièce législative pour reconnaître leur apport inestimable.»
Sur Twitter, le Regroupement des aidants naturels du Québec, dont le mandat est d’améliorer les conditions de vie des proches aidants, a salué l’action de la ministre Blais. «Hâte de l’étudier dans le détail. Nous réitérons notre volonté de collaboration à travers le comité de partenaires, voire à travers l’Observatoire.»
Même son de cloche du côté de l’Appui pour les proches aidants, un organisme financé en partie par le gouvernement québécois. «En promulguant une loi de reconnaissance des personnes proches aidantes, le Québec est à l’avant-garde. Ces dispositions sont réclamées partout dans le monde, car la société se doit de reconnaître les proches aidants alors que leur importance va continuer de croître», s’est réjoui Guillaume Joseph, directeur général de l’Appui pour les proches aidants.
Quelques faits…
- Les personnes proches aidantes représentent près du quart de la population québécoise, et cette proportion ne cesse d’augmenter au fil des ans.
- Au Québec, quatre personnes proches aidantes sur dix considèrent ne pas avoir le choix d’assumer cette responsabilité. De plus, sept personnes proches aidantes sur dix affirment éprouver une certaine détresse dans l’accomplissement de leur rôle, entre autres concernant la détérioration de la santé de la personne aidée.
- Des études démontrent que cette responsabilité peut avoir des conséquences sur la santé physique et psychologique des personnes proches aidantes, de même que sur leurs finances personnelles, leur vie professionnelle et leur relation avec leur entourage.