SANTÉ. Si la pandémie apporte son lot d’inquiétudes et de difficultés, elle contribue à certains changements significatifs. Pour la médecine familiale, elle a été un véritable accélérateur au développement de la téléconsultation.
«On se doutait tous depuis longtemps que c’était une bonne idée, mais normalement, il y a tout un processus derrière un projet : il faut aller chercher les autorisations, le financement et l’équipement. Il faut que ça soit aussi acceptable pour le patient et que le Collège des médecins donne son OK. Là , tout d’un coup, ça s’est fait rapidement! Comme dans plusieurs domaines, la pandémie a accéléré cette idée», indique Dr Mathieu Larrivée, omnipraticien et chef au groupe de médecine familiale universitaire (GMF-U) de Drummondville, en faisant référence à la mise sur pied de la téléconsultation en l’espace de quelques jours.
La séance de télémédecine peut se dérouler au téléphone ou par l’entremise d’une plateforme de visioconférence sécurisée.
«Si au fil de la conversation, on a besoin d’examiner le patient, on lui donnera alors un rendez-vous en personne dans les jours qui suivent», précise l’omnipraticien.
Si cette nouvelle façon de faire a demandé de l’adaptation, Dr Larrivée y voit maintenant bien plus d’avantages que d’inconvénients.
«C’est tellement plus pratique à plein de niveaux pour le patient. Il évite un déplacement et n’a pas besoin de perdre une demi-journée de travail. Entre attendre dans une salle de médecin ou au travail ou sur son balcon, par exemple, le choix n’est pas difficile», fait-il valoir, précisant que la majorité des rendez-vous dure environ dix minutes.
«De notre côté, ça nous permet de travailler de temps à autre à la maison, donc ça libère de l’espace au bureau, ce qui est pratique dans le contexte. Et si jamais nous sommes malades, mais aptes à travailler quand même, on peut voir nos patients», ajoute-t-il.
Il croit même que cette méthode pourra faire gagner du temps sur le long terme.
«Probablement, à l’usage, je pourrais voir quelques patients de plus. Mais cela variera selon l’expérience et la spécialité du médecin», précise celui qui cumule dix ans de pratique.
Au GMF-U, autour de 70 % des consultations se font par télémédecine depuis deux mois.
«Ça ne sera jamais à 100 %, mais il y a beaucoup de choses qu’on peut gérer à distance. C’est certain que pour des problèmes quelconques ou certaines maladies, par exemple le cancer, des problèmes de peau ou des douleurs musculaires précises, rien ne remplace le rendez-vous en personne. Il faut parfois toucher pour avoir l’heure juste (…) Mais je suis certain que plus on va se pratiquer, plus on va réussir à développer des techniques pour examiner à distance», indique Dr Larrivée.
La voie d’avenir?
Lundi, un sondage réalisé par l’Association médicale canadienne (AMC) révélait que les Québécois sont les plus enthousiastes au pays à l’égard de la téléconsultation. Plus de la moitié d’entre eux veulent y avoir recours dorénavant.
Questionné à savoir si cette nouvelle méthode continuera d’être privilégiée, Dr Larrivée affirme ceci : «Je ne crois pas que c’est une chose sur laquelle on va reculer à la fin de la pandémie et de toute façon, ce n’est pas ce qu’on veut. J’espère que c’est là pour rester».
Il avoue toutefois que ce qui se vit présentement du côté des groupes de médecine familiale, relativement aux prises de rendez-vous rapides, mérite une réflexion.
«J’espère que le ministère va se pencher là -dessus. Peut-être qu’il y a des choses qu’on fait qui ne sont pas si utiles que ça. Pour les patients actuellement, côté service à la clientèle, ils sont bien servis (…) Sans être toujours disponible le jour même comme c’est le cas, comment peut-on garder un niveau de service comme celui-ci? Ça va prendre du travail de notre côté et des patients aussi», laisse-t-il tomber.