MISSION. Après sept mois de mission d’entraînement au Liban, l’adjudant-maître au sein des Forces armées canadiennes Olivier Descheneaux est de retour au pays.
Le Drummondvillois d’origine s’est envolé au Liban, un pays voisin de la Syrie et d’Israël, en octobre dernier dans le cadre de l’opération IMPACT. Avec sept autres soldats, il a conseillé les membres des Forces armées libanaises sur les standards de formation. L’objectif vise à améliorer leur chaîne d’approvisionnement militaire.
«Beaucoup vont se concentrer sur l’aspect opération de combat, mais il y a un support logistique qui est extrêmement important, que ce soit au niveau de la nourriture, de l’essence ou de la maintenance de l’équipement. C’est souvent là où les armées professionnelles vont se démarquer», indique l’adjum Descheneaux, qui est membre d’une équipe spécialisée dans le domaine de la logistique.
«Pour avoir une bonne fondation, il faut une bonne maintenance de l’équipement. Ça prend entre autres des qualifications, de la formation et une bonne connaissance des techniques et des outillages. Là -bas, ils ont une école technique et c’est là que je me suis concentré pour les aider à développer leurs capacités à générer des techniciens compétents», poursuit-il.
Des cours de premiers secours en cas de combat, d’opérations hivernales et de coopération civilo-militaire ont aussi été offerts. «Le Canada a développé une expertise reconnue dans ce domaine», souligne le Drummondvillois, qui est affecté au 1er Bataillon des services, une unité du 1er Groupe-brigade mécanisé canadien située à Edmonton.
Au cours de sa mission, l’adjudant-maître a été agréablement surpris par l’ouverture d’esprit des membres des Forces armées libanaises. «Dans ce pays, selon ce que j’ai observé et ce qui nous a été rapporté, la population a plus confiance envers les Forces armées libanaises qu’envers n’importe quelle autre institution gouvernementale, contrairement à d’autres situations dans certains pays», relate-t-il.
«On comprend qu’il y a 18 religions dans ce pays. Au sein de l’armée libanaise, tout ça est mis de côté. Tout le monde travaille ensemble, dans le respect. C’est une leçon à apprendre pour tous sur l’ouverture d’esprit», souligne celui qui en était à son deuxième déploiement, ayant été en Afghanistan en 2009.
Lancée en 2014 pour aider à combattre Daesh, l’opération IMPACT mise aujourd’hui sur le renforcement des capacités des partenaires régionaux, dont le Liban, la Jordanie et l’Irak. «À travers du mentorat et de l’entraînement, on travaille avec nos partenaires pour bâtir des capacités défensives militaires. On renforce leur capacité, ce qui va assurer la stabilité de la région à long terme», indique pour sa part le capitaine Mark Ruban.
Coronavirus
La pandémie de COVID-19, qui a des répercussions partout à travers le monde, aura marqué le passage au Liban de l’adjudant-maître Olivier Descheneaux.
«Des directives assez claires et en ligne avec celles du gouvernement ont été émises, peu importe où on était dans le monde. Des mesures de distanciation physique et d’isolement ont été appliquées. On a aussi dû travailler par courriel, par téléphone et par téléconférence», fait-il savoir.
Un système a même été établi pour répartir les sorties entre les membres du personnel pour éviter la propagation du virus. «Il fallait bien planifier nos interactions avec nos collègues libanais parce que ça devenait restreint», soutient-il.
Son retour au Canada n’a pas été épargné par la COVID-19, alors que la fermeture des frontières et des aéroports est toujours en vigueur. «Le défi a été de sortir du pays avec les restrictions de vols. Ç’a demandé un effort de coordination», raconte l’adjum Descheneaux, qui en était à ses dernières 24 heures d’isolement préventif à Kingston, en Ontario, au moment de l’entrevue.
Après sa quatorzaine, il pourra enfin retrouver sa famille, qui vit en Alberta. «Ça va faire du bien de passer du temps avec ma conjointe et mes filles, surtout quand on considère qu’il y a plusieurs mois d’entraînement loin de la maison avant les missions. Dans la dernière année, j’ai été environ deux mois chez moi», indique-t-il.
Dès qu’il sera possible de voyager, le soldat souhaite visiter sa ville natale. «Aussitôt que c’est permis, c’est sûr que je descends voir ma famille à Drummondville», lance-t-il. Il profitera de son passage pour déguster le mets emblématique de Drummondville. «L’arrêt à la Fromagerie Lemaire, c’est un incontournable», rigole-t-il.
À quelques heures de quitter la base militaire de Kingston, l’adjudant-maître Olivier Descheneaux avait le sentiment du devoir accompli. «On parle des reconnaissances et des médailles, mais je dirais qu’avec le temps et l’expérience, ma fierté, c’est de dire que j’ai contribué, que j’ai fait une différence. La vie de certaines personnes a changé à cause de ce que j’ai apporté», souligne le militaire, qui a réalisé son rêve d’enfance lorsqu’il s’est enrôlé dans l’Armée canadienne il y a 22 ans.
«Le résultat n’est pas toujours tangible sur le moment, mais de réaliser que quand les valeurs canadiennes, ou même québécoises jusqu’à un certain point, sont exposées à d’autres cultures, elles peuvent avoir de l’influence positive. Peu importe les petites choses brillantes qu’on nous donne pour mettre sur nos uniformes, cette fierté-là , c’est celle qu’il reste à la fin», conclut-il.