ÉDUCATION. Lundi matin, l’autobus est passé pour la première fois depuis deux mois, presque jour pour jour. Pauline prenait place derrière le volant, transportant des élèves sur le chemin de l’école. Sophie était contente de la voir, de l’intérieur de sa maison, où elle terminera sa sixième année.
Peu avant 9 heures, Sophie s’installe tranquillement pour faire ses apprentissages scolaires, comme elle le fait depuis le début de la crise du coronavirus. La routine est bien installée et elle le restera jusqu’à la fin juin.
Avec sa famille, la jeune fille de 12 ans a choisi de poursuivre l’école à la maison. Par contre, il serait faux de dire que cette décision a été facile. Mais après mûre réflexion, c’est finalement la liste des pour qui a fait pencher la balance.
«Au début, je voulais retourner en classe pour revoir mes amis et mon école avant de partir pour le secondaire. Finalement, on a décidé que je n’allais pas y aller. Il y en a qui en ont plus besoin que moi, ceux qui ont plus de difficulté à l’école et à se concentrer», explique-t-elle, en référence aux locaux qui doivent accueillir pas plus de 15 élèves pour respecter la distanciation physique.
Sophie fréquente l’école Saint-Majorique. L’an prochain, elle fera son entrée à Jean-Raimbault. «J’aurais aimé, avant de partir, voir les professeurs que j’ai eus tout au long des années que j’étais à cette école, voir mes amis qui étaient dans d’autres années et ceux qui n’iront pas à la même école secondaire que moi», dit la jeune fille, qui a recours à la technologie pour voir ses amis.
Sa mère, Julie Bourassa, l’a accompagnée dans sa réflexion. «Au moment de prendre la décision, j’avais un certain dilemme. L’envie que ma fille revoie ses amis, mais aussi l’inquiétude liée au virus. Mon conjoint a plus de 60 ans et au moment de faire le choix, on parlait encore de ce groupe d’âge comme étant à risque. J’ai discuté avec Sophie, sans toutefois lui exposer mes inquiétudes», indique-t-elle.
La directrice générale de Partance, un centre d’emploi pour femmes, est en télétravail depuis la mi-mars. Son conjoint aussi. Sophie passera donc la fin de l’année scolaire à la maison avec eux, ainsi que sa sœur aînée Camille. L’étudiante en deuxième secondaire poursuit aussi ses apprentissages à distance.
Les prochaines semaines demanderont un certain défi logistique – et un bon WiFi – avec les nombreuses rencontres virtuelles sur Microsoft Teams et Zoom. «On sera peut-être les quatre en réunion en même temps. Les casques d’écoute seront un outil indispensable», rigole Julie Bourassa, qui passe maintenant la majeure partie de son travail en visioconférences et au téléphone.
Et c’est sans compter les moments de télévision qui se sont installés dans leur quotidien. À 10h30, Sophie regarde L’école à la maison, une émission diffusée à Télé-Québec pour les enfants du primaire. Après le dîner, la famille suit les points de presse quotidiens du premier ministre. «Au début, on les regardait religieusement. Maintenant, les filles l’écoutent de moins en moins», admet la mère.
À 15 h 30, Télé-Québec accompagne à leur tour les étudiants du secondaire, dont Camille et sa petite sœur. À 16 h, Sophie range ses livres. Quelques soirs par semaine, après avoir pris une bonne bouffée d’air frais, elle les ressort pour réviser avec sa mère. «Ça se passe bien», commente la jeune fille.
Avec le retour en classe, l’élève de Saint-Majorique, qui fait partie du programme d’anglais intensif en sixième année, devra faire parvenir des travaux à son enseignante. «Sophie a fait ses cours d’anglais jusqu’en février. Maintenant, elle fait son français et ses mathématiques de sixième année. Pour eux, une semaine en vaut deux. Mais Sophie est très performante à l’école. Ce n’est pas une enfant qui a besoin de beaucoup d’encadrement, elle est très autonome. On n’est pas inquiet», dit fièrement Julie Bourassa.
Avec la pandémie, la fin du passage au primaire aura été atypique pour Sophie, comme pour bon nombre d’élèves. On pourra certes en dire de même pour son entrée au secondaire en septembre, alors que bien des choses auront changé d’ici là.