CORONAVIRUS. L’assouplissement des règles encadrant les personnes âgées annoncé au cours des derniers jours par le gouvernement québécois ne fait pas que des heureux. Le propriétaire des résidences Pelletier, qui regroupent quatre établissements à Drummondville, estime que cette nouvelle approche met la vie des aînés en danger dans le contexte actuel de la pandémie de coronavirus.
Depuis mardi dernier, les personnes habitant dans des résidences pour aînés peuvent entrer et sortir sans supervision et rencontrer leurs proches à l’extérieur en respectant une distance de deux mètres. D’ici quelques jours, des mesures seront également mises en place pour que les personnes âgées de 70 ans et plus puissent fréquenter les commerces essentiels.
Selon Pascal Pelletier, cet allégement des contraintes gouvernementales survient trop tôt dans le processus de déconfinement compte tenu de la vulnérabilité des aînés face au coronavirus.
«Je trouve que ça a été vitement annoncé. Ça ne nous a pas donné le temps de nous préparer. Nos résidents ont récupéré une entière liberté et c’était effectif immédiatement, la journée même. Ça a créé quelques attroupements sur nos terrains. Comme le message du gouvernement n’était pas clair, on a dû gérer des zones grises. Dans les jours suivants, on a dû mettre de l’ordre là-dedans», a relaté le propriétaire des résidences Pelletier.
Disant comprendre les besoins de liberté de ses quelque 1300 locataires, Pascal Pelletier s’inquiète néanmoins pour leur santé. Au cours des dernières semaines, les mesures strictes de confinement et de désinfection avaient permis d’éviter la propagation de la COVID-19 dans trois des quatre immeubles des résidences Pelletier.
«On comprend que le confinement ne peut pas durer ad vitam aeternam. Il faut tenir compte de la santé mentale des gens, mais j’ai bien peur que le virus rentre dans nos résidences privées. Toutes ces allées et venues font augmenter les risques. Le danger est bien réel, même si le gouvernement a demandé aux personnes âgées de porter un masque à l’extérieur», a exprimé l’homme d’affaires drummondvillois.
En plus d’avoir mis en place un registre des entrées et des sorties tel qu’exigé par le gouvernement, les responsables des résidences Pelletier demandent à leurs locataires de répondre à des questions additionnelles lors de leurs escapades à l’extérieur.
«On leur demande où ils vont et qui ils vont voir, mais on n’a pas de contrôle sur le reste. Auparavant, on pouvait s’appuyer sur les directives gouvernementales pour justifier notre discours, mais plus maintenant. On peut juste se fier à la bonne foi des gens. Est-ce que ce sera assez pour éviter la propagation du virus? On va le voir au cours des prochaines semaines», a laissé tomber Pascal Pelletier, qui suggère à ses résidents de faire appel à l’équipe de bénévoles de l’établissement pour faire livrer et désinfecter leurs produits essentiels plutôt que de se déplacer dans les épiceries et les pharmacies.
À l’approche de la fête des Mères, Pascal Pelletier appréhende également la présence de familles entières aux abords des résidences. «On demande aux gens de toujours respecter la distance de deux mètres. Si les familles constatent qu’il y a déjà un attroupement sur nos terrains, on les prie de faire un effort et de revenir plus tard.»
Centre d’hébergement Saint-Joseph
Si Pascal Pelletier s’inquiète autant pour la santé de ses locataires, c’est aussi en raison de la récente éclosion survenue au centre d’hébergement Saint-Joseph. Vers la fin du mois d’avril, cinq résidents ainsi qu’un employé de cet établissement comptant une centaine de logements ont contracté la COVID-19. Une série de mesures strictes ont aussitôt été mises en place par les responsables des résidences Pelletier, de telle sorte qu’aucun nouveau cas n’a été détecté depuis une dizaine de jours.
«Les gens sont toujours confinés dans leur chambre. Sur chaque étage, des agents de sécurité sont là pour contrôler la situation. Nos employés se donnent à 100 % pour freiner cette éclosion. On travaille très fort. C’est un autre monde. On se croirait dans une vraie zone de guerre», a raconté Pascal Pelletier, qui ne compte pas ses heures afin d’appuyer le personnel sur place.
«Quand le virus rentre quelque part, c’est fulgurant. Si on n’avait pas agi aussi vite, on aurait pu avoir 10, 15 ou 20 cas en l’espace de quelques jours. Si le virus rentre aux Terrasses de la fonderie ou aux Jardins de la cité, où il y a des centaines de résidents, ce serait dangereux. On ne souhaite pas ça à personne.»
Évidemment, l’adoucissement des règles gouvernementales ne concerne pas les résidences pour aînés où le virus a frappé, comme c’est le cas au centre d’hébergement Saint-Joseph.
«Nos résidents ont hâte de sortir, mais c’est la santé publique qui aura le dernier mot. Quand le virus sera derrière nous, on a hâte d’inviter un chansonnier et de faire un party avec nos résidents», a lancé Pascal Pelletier en guise de conclusion.