CULTURE. Depuis le début du confinement, la Maison des arts est bien muette, mais derrière les portes closes, une équipe travaille d’arrache-pied à planifier l’après-crise.
Plutôt que d’annuler tous les spectacles qui étaient prévus d’ici le 31 août prochain, la Maison des arts est à pied d’œuvre pour en reporter autant que possible à une date ultérieure.
«On demande aux gens, par solidarité, de conserver leurs billets dans la mesure où c’est faisable pour eux. On fait partie d’un grand écosystème et si on annule tout (les représentations), on met des artistes sur la paille», explique Marie-Pierre Simoneau, directrice générale de la Maison des arts.
Le 12 mars, lorsque Québec a interdit les rassemblements de plus de 250 personnes, les activités de la Maison des arts ont cessé sans crier gare. «On a été dans les premiers à se voir fermer et on sera probablement dans les derniers à rouvrir», laisse entendre la gestionnaire.
D’après un article publié par Le Devoir, Steven Guilbault, ministre du Patrimoine canadien, «ne prévoit pas de retour à la normale avant 2021 en culture».
«Ça serait illusoire de penser qu’on va rouvrir normalement en septembre avec une salle pleine et 950 spectateurs. L’horizon est plus loin pour nous. Par contre, ça ne veut pas dire qu’il y aura une inactivité complète à la Maison des arts», fait savoir Mme Simoneau.
Créer l’après-crise
Après plusieurs semaines de mises à pied temporaires et de refonte du budget, la Maison des arts peut enfin entrer dans un mode créatif. Elle prépare l’après-coronavirus.
«Dans les premières semaines, on réagissait à ce qui se passait. On était dans les chiffres et dans la révision du budget. Maintenant, on se retrousse les manches jusqu’aux épaules et on cherche à savoir comment la Maison des arts pourrait servir autrement qu’avec des salles pleines, lance la directrice générale. Je ne voulais pas qu’on reste inactif, ce n’est pas dans nos habitudes. Là, ça fait du bien d’être dans un mode plus créatif.
On est un diffuseur des arts vivants. Il n’y a rien qui va pouvoir remplacer le contact d’un artiste avec son public, mais il faut se mettre dans la tête qu’on va devoir — pour un moment — revoir notre façon de diffuser la culture.»
Est-ce que la Maison des arts offrira des prestations à l’extérieur ou encore plusieurs représentations d’un même spectacle dans une journée afin de respecter les mesures de distanciation physique? Est-ce qu’elle diffusera des spectacles virtuels? Voici quelques idées sur lesquelles planche l’équipe.
Un plan de relance qui tarde
Avant d’entreprendre de grands projets, la Maison des arts attend le dévoilement d’un plan de relance en culture. D’ailleurs, cedit plan se fait attendre à Québec.
Jeudi lors d’une commission, les partis d’opposition ont dénoncé l’absence d’un budget ou même de solutions de la part de la ministre de la Culture, Nathalie Roy. Ils lui ont également reproché son absence depuis les dernières semaines.
«C’est certain qu’on trouve que la ministre la Culture est effacée. On ne l’a pas vue une fois assise aux côtés de François Legault. Le message qu’on se fait dire depuis le début, c’est d’être patient. On a hâte de savoir au moins quel sera le plan de relance. On veut partir d’orientations générales pour ainsi bâtir quelque chose autour de ça», souligne Mme Simoneau.
Le milieu culturel commence à trouver le temps long. «La culture, je la juge essentielle. Elle fait aussi grandement partie de l’économie. Un jour ou l’autre, il faut que la roue se remette à tourner ou les chiffres vont parler d’eux-mêmes», rapporte-t-elle.
Lorsqu’elle pourra reprendre ses activités — tout en respectant les directives de la Santé publique —, la Maison des arts sera prête. «Ce ne sont pas les idées qui manquent», termine Marie-Pierre Simoneau.