Service de garde fermé, une mère désemparée

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Par Emmanuelle LeBlond
Service de garde fermé, une mère désemparée
Eugénie Bossé ne pourra pas profiter de la réouverture des établissements préscolaires pour faire garder son enfant. (Photo : gracieuseté)

FAMILLE. À cause du manque de place, le service de garde en milieu familial d’Eugénie Bossé restera fermé le 11 mai, forçant cette employée – qui travaille dans un commerce essentiel – à concilier le télétravail avec sa vie de famille. Cette réalité amène son lot d’épuisement et de nervosité.

«Je travaille pour Laferté, le centre de rénovation. Même si je travaille dans les bureaux, ma présence sur le terrain est quand même beaucoup plus utile que chez moi. Vu que je travaille pour le marketing, on a des affichages à faire. J’ai besoin d’aller en magasin pour voir les produits. C’est très compliqué malgré tout de travailler à la maison, surtout avec un bébé de moins de deux ans», explique la mère de famille.

Lorsque Eugénie Bossé a appris que le gouvernement provincial autorisait la réouverture des établissements préscolaires dès la semaine prochaine, elle était particulièrement emballée. Pour elle, il n’y avait aucun doute, son fils allait retourner auprès de sa gardienne et elle allait enfin revenir au travail. Or, rien ne s’est déroulé comme prévu.

«Ma gardienne vit avec plusieurs membres de sa famille. Elle a trois petits-enfants de moins de neuf ans. À cause des mesures imposées par M. Legault, elle ne peut pas ouvrir sa garderie parce que ses petits-enfants comptent dans les effectifs de la garderie. Ce qui fait qu’elle ne peut prendre aucun enfant à l’heure actuelle», raconte-t-elle, attristée.

Selon Eugénie Bossé, son milieu familial non subventionné fonctionnera à 50% de sa capacité d’accueil. Sur un total de six enfants, trois vivent déjà sous le toit de la gardienne. Résultat : malgré son désir de faire garder son enfant, la Drummondvilloise doit conserver le statu quo.

La mère de famille lance un cri du cœur. «Je comprends ce qu’impose le gouvernement. C’est pour la santé de tout le monde. C’est logique. Mais il ne pense pas aux parents qui doivent continuer à travailler. Si on veut que les services essentiels ne tombent pas, il faut que les gens puissent aller travailler, souligne-t-elle. On oublie qu’il y a des gens en administration aussi pour faire tourner les services essentiels.»

Une série de déceptions

Eugénie Bossé a fait plusieurs démarches afin de placer son fils à une autre garderie. À son avis, ces tentatives sont vouées à l’échec. «J’ai inscrit mon fils sur la Place 0-5 ans. Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin pour vous expliquer comment c’est compliqué. Je l’ai inscrit par principe en me disant que peut-être, par miracle, j’aurais une place.» Elle a aussi appelé dans cinq centres de la petite enfance (CPE), mais elle n’a eu aucun résultat concluant.

La Drummondvilloise s’est résignée à la réalité : «Je pense honnêtement que je vais essayer le télétravail, même après le 11 mai. On verra ce que ça donne. S’il faut se mettre en arrêt pour la garde d’enfants, on le fera, mais je préférerais continuer de faire du télétravail, même si je vais me retrouver toute seule à la maison avec mon fils. Je préférerais quand même faire cette solution-là le temps que la garderie puisse rouvrir.»

Les impacts d’une telle conciliation ne sont pas à négliger, précise-t-elle. «Je suis obligée de travailler le week-end pour faire mes 40 heures semaine ou de travailler le soir à 22h ou 23h quand mon fils dort. Concrètement, je suis épuisée.»

Eugénie Bossé se console en se disant qu’elle a la chance de rattraper ses heures «comme elle a envie, au moment qu’elle a envie».

Au fil des semaines, cette dernière a appris à faire des concessions. «Mon mari et moi, on n’est pas pour les écrans, mais de temps en temps, on lui met des musiques sur YouTube et il regarde des chansons qui bougent. C’est un peu de mettre de côté nos principes et trouver des solutions pour avoir un peu de calme.»

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, s’est prononcé sur la question, mercredi, lors d’un débat virtuel. Il a encouragé les parents à garder leurs enfants à la maison, avouant que le réseau de service de garde allait manquer de place.

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