AGRICULTURE. Avant même que la saison estivale soit entamée, les producteurs maraîchers de la MRC Drummond remarquent un nouvel engouement pour les aliments locaux. Cet été sera celui des fruits et légumes du Québec.
En début avril, François Legault plaidait en faveur de l’achat local. Dans la foulée de la crise sanitaire, le gouvernement du Québec a également dévoilé la plateforme Panier bleu, qui regroupe sur un même site les produits d’ici.
Dans les jours qui ont suivi ces initiatives, Vincent Séguin, propriétaire de la ferme maraîchère la Cache verte, a doublé le nombre d’abonnés à ses paniers de légumes.
«Ça a fait une grosse différence pour nous. On a doublé nos abonnements en une fin de semaine et ça continue de monter», fait savoir le producteur de Lefebvre en expliquant que les consommateurs doivent s’abonner, en début de saison, pour recevoir un panier de légumes chaque semaine pendant les récoltes.
Même son de cloche du côté de Véronique Bibeau, qui cultive le Carré de terre avec conjoint Vincent St-Pierre. Le couple vend ses légumes dans un petit kiosque libre-service adjacent à la maison familiale, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil.
«On a fait une publication sur Facebook pour annoncer un panier qui sera offert cet été dans lequel les clients retrouveront sept variétés de légumes, selon les récoltes. Ç’a explosé et les gens nous posent énormément de questions», raconte Véronique Bibeau.
Pour plusieurs raisons telles que la traçabilité des aliments, la diminution de l’empreinte environnementale ou encore les saveurs, les deux producteurs rencontrés par L’Express croient en l’avenir de la consommation locale.
«Avec notre kiosque situé au cœur du village de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, on souhaite créer un esprit de communauté. On trouve ça fun quand les gens nous parlent et posent des questions à propos du jardin. Ça crée un beau lien humain. Je pense aussi que notre kiosque offre une alternative aux gens en leur permettant de rester dans leur village pendant cette crise», raconte Véronique Bibeau. Le kiosque libre-service ouvrira ses portes vers la mi-juin.
Le prix du Québec
Véronique Bibeau croit que la situation actuelle permet d’entamer un dialogue en ce qui concerne la consommation locale. «La crise du coronavirus aura permis de conscientiser les gens aux aliments du Québec et de voir au-delà du prix», précise-t-elle.
L’un des grands défis pour le marché des fruits et légumes du Québec est de trouver un prix convenable, selon Vincent Séguin.
«Il faut trouver un prix juste pour les producteurs et les consommateurs. Je pense par exemple au sac de patates qui était à 2$ au Maxi cet automne. Il n’y a personne qui peut produire des patates à ce prix-là. Ça n’a pas de sens. Le défi est de conscientiser les gens à ce qu’ils mangent», explique-t-il.
La crise du coronavirus et le désir du premier ministre François Legault d’atteindre une plus grande autonomie alimentaire au Québec auront à tout le moins permis aux petits producteurs maraîchers d’exposer leur savoir-faire.
«Le défi maintenant est de sortir les gens des épiceries. Il y a aussi le fait que nous, comme producteurs, devons aller les rejoindre. Bref, il faut se faire connaître», croit Vincent Séguin.
«Je pense que les gens vont commencer à se rendre compte qu’on ne peut pas juste se fier au prix pour choisir ses aliments du quotidien. Les aliments locaux ont une histoire, une fraîcheur et un goût plus savoureux. Surtout, ils ont la capacité de tisser des liens communautaires incroyables à travers une simple assiette», termine Véronique Bibeau.