CORONAVIRUS. D’après certains portraits analysés au cours des dernières semaines, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a identifié quelques lacunes au sein des travailleurs de la santé quant à l’hygiène des mains et la distanciation physique entre collègues. Pour éviter le plus possible les éclosions de COVID-19 dans les établissements, un plan d’action a été élaboré.
«On doit ajuster nos interventions en fonction de l’évolution de nos connaissances. Il n’y a pas de livre qui existe sur comment intervenir dans le nosocomial pour la COVID. Ce qui était écrit, c’était basé sur ce qu’on faisait avant, mais rien ne tient la route (…) Il faut faire différemment. Il faut penser autrement», a affirmé d’emblée Dre Lise-Andrée Galarneau, microbiologiste et infectiologue au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, lors d’une présentation au média lundi.
Penser autrement dans la façon de se protéger et protéger les autres, mais aussi revoir les méthodes de travail.
«Les analyses que l’on fait ne servent pas à trouver des coupables, mais servent à chercher comment pouvons-nous faire mieux et encore mieux, car on va vivre entre un an et deux ans avec la COVID-19 dans notre communauté. On doit développer notre expertise comme on l’a fait pour d’autres infections avec lesquelles on a su diminuer l’impact», laisse entendre Carol Fillion, président-directeur général du CIUSSS MCQ.
Selon l’infectiologue, le personnel du réseau de la santé doit apporter une attention encore plus particulière à l’hygiène des mains. Les analyses démontrent que le lavage des mains se fait à tout coup immédiatement après les soins du patient, mais que les travailleurs n’ont pas tous le réflexe de se désinfecter les mains tout juste avant d’entrer dans la chambre.
«En fait, il y a en a qui se lavent les mains quelques pieds avant la chambre et, entre-temps, ils placent leur masque puis ramassent quelque chose. Ça suffit pour avoir les mains contaminées. Il faut vraiment optimiser cela et c’est ce qui explique le mode de transmission actuellement», précise-t-elle, tout en faisant savoir que le virus se propage plus que la gastro.
L’autre lacune soulevée concerne l’équipement de protection individuelle, précisément quant à la manière dont les travailleurs le manipulent.
«Lors d’une pause, il est courant de toucher son masque puis mettre un doigt dans un œil ou lever le masque pour boire de l’eau ou fumer. Ce sont toutes des opportunités de se contaminer», indique-t-elle, spécifiant que tous les travailleurs sont néanmoins «très vigilants sur les étages» et appliquent à la lettre les mesures.
Soulignons qu’au dire de Dre Galarneau, les travailleurs de la région sont mieux protégés que ce qui est recommandé.
«Ici, on a décidé de faire différent en optant pour la double protection, c’est-à -dire le masque et la protection oculaire, alors que la recommandation provinciale est le masque. Avec cette mesure, il est démontré que le risque d’exposition est faible. Par exemple, une dame est entrée dans une UCDG (unité de courte durée gériatrique) à Drummondville pendant deux jours alors qu’elle avait la COVID, mais on ne le savait pas. C’était avant la mesure de la double protection. Elle a contaminé trois travailleurs. Lorsque la mesure a été appliquée, on a eu trois patients hospitalisés au CHAUR et ceux-ci n’ont pas contaminé les travailleurs», raconte l’infectiologue.
Quant à la contamination entre collègues, Dre Galarneau l’explique par le non-respect de la distanciation physique dans les espaces communs.
«Là où cette protection de gouttelettes est probablement sous-optimale, c’est quand les travailleurs ont un contact entre eux. Leur façon de travailler revient à ce qui se faisait antérieurement. On m’a rapporté que lorsqu’ils sont au poste de travail, la notion de distanciation semble être oubliée, ils font comme s’ils faisaient partie de la même famille», donne-t-elle en exemple.
Afin de s’assurer que ces consignes soient respectées, et ce, dans le but de protéger la santé de tous, le CIUSSS peut compter sur une équipe tactique composée de cinq chirurgiens.
De leur côté, les travailleurs doivent signer une lettre en guise d’engagement à respecter l’hygiène des mains à 100 % de même que la distanciation physique, à bien utiliser les équipements de protection individuelle et à ne pas entrer au travail s’ils ont des symptômes.
Le plan d’action prévoit aussi le dépistage rapide des travailleurs symptomatiques sur leur lieu de travail ainsi qu’une nouvelle directive sur la mobilisation du personnel.
«Lorsqu’il y a présence de transmission active du virus sur une unité, les travailleurs y restent pendant 14 jours. Ils ne sont pas appelés ailleurs», souligne l’infectiologue.
Le plan d’action est appelé à changer au fil de l’évolution des connaissances.