ÉDUCATION. Le plan de réouverture progressive des écoles primaires dévoilé lundi par le gouvernement du Québec suscite beaucoup plus de questions que de réponses, estime le président du syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville (SERD), Guy Veillette.
Fermées depuis le 13 mars en raison de la pandémie de coronavirus, les écoles rouvriront à compter du 11 mai prochain. En conférence de presse, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a expliqué que ce retour en classe se fera sur une base volontaire et qu’un maximum de 15 enfants sera permis au sein de chaque groupe.
«On l’apprend en même temps que les citoyens. Comme vous, j’ai écouté la télévision, mais je n’ai pas plus de réponses qu’avant la conférence de presse. Ce n’est pas très sécurisant, tant pour les enseignants que pour les parents», a lancé Guy Veillette, en dénonçant le peu de place accordé au bien-être et à la sécurité du personnel enseignant dans le discours gouvernemental.
Au cours des dernières heures, le président du SERD a d’ailleurs reçu plusieurs messages de professeurs inquiets de la façon dont la réouverture se déroulera sur le terrain. Comment la distanciation physique sera-t-elle assurée en classe, mais aussi dans la cour d’école et durant le transport scolaire? De quelle façon les locaux devront-ils être modifiés? Comment les règles d’hygiène et de protection, comme le nettoyage des surfaces et le port du masque et des gants, seront-elles appliquées? Des enseignants du secondaire seront-ils réaffectés au niveau primaire afin de pallier le manque de personnel? Autant de questions qui demeurent sans réponses pour l’instant.
«Nos membres se demandent comment ça va se passer, mais en ce moment, il y a beaucoup de questions sans réponses. Compte tenu de la proximité dans les classes, comment appliquer la règle du deux mètres? Pour les plus petits qui sont en maternelle ou en première année, ce sera assez difficile. Après sept ou huit semaines sans se voir, les enfants voudront sauter dans les bras de leurs amis et de leur professeur. Comment va-t-on gérer ça?», s’est questionné Guy Veillette.
«Il semble aussi que certains enseignants auront droit à des masques, mais d’autres non. On sait que la Commission scolaire des Chênes (CSDC) a donné ses masques à l’hôpital. C’est un beau geste, mais on fait quoi maintenant? Il y a aussi la question de la manipulation des objets. Certains de nos membres ont peur d’attraper la maladie. C’est normal : les professeurs ne sont pas différents du reste de la population.»
Éviter la cohue
Déjà, les représentants du SERD ont sollicité une rencontre avec les dirigeants de la CSDC afin d’obtenir des précisions et faire le point sur la situation. Cette réunion devrait avoir lieu dès cette semaine.
«On veut un retour en classe, mais un retour sécuritaire pour tout le monde. On veut savoir c’est quoi le plan de match. On devra avoir de bonnes rencontres avec les gens des ressources éducatives et des ressources humaines pour sécuriser non seulement les enseignants, mais aussi les élèves et leurs parents. On doit rendre les jeunes confortables là-dedans», a affirmé Guy Veillette.
À ce chapitre, la CSDC doit se servir de l’expérience des services de garde d’urgence en milieu scolaire, estime Guy Veillette. Au cours des dernières semaines, cinq écoles de la région ont ouvert leurs portes aux enfants dont les parents occupent un emploi dans un secteur essentiel.
«Ce retour en classe doit être bien organisé. Si c’est mal organisé, ce ne sera rien pour rassurer les parents et les enseignants. Si le plan est nébuleux, je ne suis pas sûr que les parents vont adhérer à ça. Il faut envoyer un message sécurisant aux parents. Sinon, je crains que ça soit la cohue totale», a conclu Guy Veillette.
Le SERD représente 1380 membres au total, du secteur préscolaire jusqu’à la formation professionnelle et aux adultes.
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