CORONAVIRUS. Marianne Rochette est infirmière scolaire depuis six ans. À la mi-mars, son expertise a été requise pour contribuer à la lutte contre le coronavirus. Quotidiennement, la Drummondvilloise se rend à Trois-Rivières dans les bureaux de la Direction de la santé publique (DSP) de la Mauricie-Centre-du-Québec, où sont réalisées les enquêtes épidémiologiques.
Si au départ Marianne Rochette s’attendait à se retrouver sans emploi avec la fermeture des établissements scolaires le 13 mars, elle a rapidement su qu’elle serait réaffectée à la DSP de la région.
«J’ai reçu une petite formation dans la semaine du 15 mars et le 23, je commençais», indique-t-elle.
Mme Rochette figure au nombre des 21 infirmières scolaires provenant de la Mauricie et du Centre-du-Québec rapatriées aux enquêtes épidémiologiques de la santé publique. Un total d’environ 85 employés y sont associés, à cela s’ajoute une quinzaine de médecins externes en soutien à l’équipe.
C’est là où tous les résultats positifs des citoyens testés de la région y sont acheminés. Une fois les dossiers attribués à chacune des infirmières, les enquêtes s’amorcent.
D’abord, la première information transmise à la personne contactée est le résultat positif de son test. Si cet appel peut en ébranler quelques-uns, la majorité se sent plutôt rassurée d’être « prise en charge » et de recevoir des conseils.
«Normalement, les personnes se doutent pourquoi on les appelle. La majeure partie des gens se sentent plus rassurés lorsqu’on raccroche parce qu’on leur a donné le maximum de recommandations et de conseils à suivre pour se soigner et, par le fait même, ne pas infecter les autres. Je dirais que ce sont plus les gens qui ont été en contact avec une personne positive qui sont plus surpris de recevoir notre appel», fait savoir Mme Rochette.
L’infirmière doit s’assurer de l’état de santé de la personne infectée en plus d’évaluer ses symptômes.
«Il faut savoir à partir de quand les symptômes se sont manifestés, car on doit reculer de 48 heures pour voir avec qui elle a été en contact et quels lieux elle a fréquentés (…) On cherche à savoir aussi où elle aurait pu contracter le virus et ça, c’est tout un autre volet, parce que parfois, on doit vérifier jusqu’à 14 jours depuis le début des symptômes», explique l’infirmière dévouée.
Pour le citoyen au bout du fil, il s’agit d’un exercice de mémoire qui peut s’avérer ardu.
«Si on voit que la personne n’a pas toutes les réponses ou que cela peut la stresser, on lui laisse du temps et on la rappelle», laisse-t-elle entendre.
Comme mentionné un peu plus haut, une enquête épidémiologique vise également à retracer les contacts de la personne concernée étant donné que ceux-ci pourraient avoir également contracté le virus. Chacun est identifié comme étant un contact à risque faible, moyen ou élevé, selon différents paramètres (lieu, moyen de transmission, durée et distance du contact).
Cela se fait en toute confidentialité, dans le sens où l’identité de la personne infectée n’est pas dévoilée aux contacts, assure la Drummondvilloise. La règle de confidentialité s’applique également pour les infirmières.
«On ne divulgue jamais de nom lorsqu’on doit valider une information auprès d’un collègue. Je n’ai également pas accès à la base de données pour vérifier, par exemple, quels Drummondvillois sont infectés», tient-elle à préciser.
Pour revenir aux contacts, ceux-ci n’iront pas nécessairement se faire tester. Ils recevront les informations nécessaires pour être plus attentifs aux signes et symptômes. Ils devront respecter les règles d’hygiène et de santé publique également, telles que de s’isoler durant 14 jours.
«Si un contact est plus vulnérable, on fait des suivis auprès de lui pour s’assurer qu’il est correct, tout comme pour la personne infectée, on la suit jusqu’à la fin de la maladie», indique celle qui a étudié en soins infirmiers au Cégep de Drummondville.
Or, quelques heures suffisent pour réaliser une enquête tandis qu’il faut parfois quelques jours avant de pouvoir fermer le dossier.
«Effectivement. Ça peut arriver qu’il y ait beaucoup de contacts à appeler. Cela dépend aussi de la quantité d’information que l’on récolte», précise-t-elle.
Une expérience remplie de défis
Si elle cumule nombre d’années dans le domaine de la santé, Mme Rochette affirme qu’elle en connaissait très peu sur les enquêtes de santé publique.
«Ce n’est pas tout à fait notre expertise en tant qu’infirmière scolaire. Il a fallu être épaulée et guidée dans les premiers jours. Nous avons reçu une deuxième formation la deuxième journée. Même après près d’un mois, il faut constamment valider des informations auprès de l’équipe, car ça évolue chaque jour, ça demande des ajustements. Nos enquêtes permettent de découvrir de nouvelles informations», raconte celle qui partage normalement son temps entre 13 écoles primaires.
L’infirmière vit une expérience ponctuée de défis, ce qui l’enchante.
«Juste le fait qu’au départ, presque personne ne se connaissait, c’était un défi. Aussi, les premiers jours, nous n’avions accès qu’à un téléphone, l’ordinateur a été installé par la suite! Parfois, faut faire appel à un interprète, parce que la personne au bout du fil ne parle pas français», explique-t-elle, soulignant la solidarité de tous ses nouveaux collègues.
Et si les écoles ouvrent comme prévu le 4 mai, quel sera alors son rôle?
«Je n’ai aucune idée comment ça va fonctionner? C’est sûr qu’il restera une équipe qui va continuer à faire les enquêtes. Maintenant, comment ça va se passer dans les écoles, c’est à voir. Est-ce que la vaccination (une de ses tâches) va être poursuivie d’une autre façon? Est-ce qu’on va faire des animations? Je n’en ai aucune idée pour le moment», laisse-t-elle tomber.