CORONAVIRUS. Plus de 2000 médecins du Québec ont répondu à l’appel du premier ministre François Legault. À Drummondville, les médecins spécialistes se tiennent prêts à intervenir dans les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) si la situation l’exige.
Pour le moment, les équipes de travail en place dans les CHSLD de la région, dont le centre Frederick-George-Heriot, n’ont pas sollicité l’aide des médecins malgré le contexte de la pandémie mondiale de coronavirus. Chef de service des chirurgiens généraux à l’hôpital Sainte-Croix, Steven Miller soutient que ses collègues n’hésiteront pas à venir prêter main-forte au personnel soignant les personnes âgées en perte d’autonomie si le besoin se fait sentir.
«Il faut savoir que les besoins de bras sont très variés d’une région à l’autre. Dans la région de Montréal, les besoins sont criants, ce qui n’est pas le cas sur la Côte-Nord ou en Gaspésie. Ici, on a offert nos disponibilités aux CHSLD, mais en ce moment, les équipes en place semblent fonctionnelles. Elles n’ont pas manifesté le besoin d’avoir un coup de main de notre part», a expliqué Steven Miller.
Cette proposition d’aide des médecins spécialistes ne se limite pas aux CHSLD ou aux résidences pour aînés. Ainsi, à l’intérieur même de l’hôpital Sainte-Croix, ces derniers mettent déjà la main à la pâte pour atténuer les effets de la crise.
«On a mis en place une façon de faire du délestage à la salle d’urgence, a fait savoir Steven Miller. Habituellement, un patient qui arrive avec un bras cassé à l’urgence va être examiné par une infirmière, puis par un urgentologue. Ce dernier va ensuite contacter un orthopédiste à titre de consultant. Maintenant, l’infirmière peut diriger le patient directement vers l’orthopédiste, sans même qu’il rentre dans la salle d’urgence. Chacune de nos spécialités offre ce type de délestage.»
Les médecins spécialistes épaulent également leurs collègues des soins intensifs, une situation qui ne se voit pas en temps normal.
Reprise des opérations semi-urgentes
Comme les patients ne peuvent plus se présenter à l’hôpital Sainte-Croix sauf en cas d’urgence, les médecins spécialistes offrent actuellement leurs services en télémédecine.
«On joint nos patients au téléphone. Certains d’entre eux sont en attente d’une consultation tandis que d’autres sont de nouveaux patients. En parallèle, on fait aussi beaucoup de révision de protocoles liés à la COVID-19. Ça demande des corrections continuelles, car on reçoit de nouvelles données chaque jour. On doit rester à la page», a indiqué Steven Miller.
Par ailleurs, les médecins spécialistes s’apprêtent à reprendre certaines activités chirurgicales stoppées par le ministère de la Santé et des Services sociaux au début de la crise du coronavirus.
«Pour le moment, on est limités aux activités urgentes, mais on envisage de rouvrir les opérations semi-urgentes. On vise les patients atteints de cancer, qui ont été mis de côté ces dernières semaines. On n’est pas habitués à laisser ces patients de côté et ça nous agace. On n’est pas confortables avec ces délais. Ça ne doit pas se poursuivre encore trop longtemps», a averti Steven Miller.
«Maintenant que le sentiment d’urgence est derrière nous, on veut aussi rouvrir le département d’endoscopie afin de continuer à diagnostiquer les gens qui ont le cancer», a ajouté le réputé chirurgien natif de Sainte-Adèle.
Un esprit de collaboration
Appelé à commenter la gestion de la crise sanitaire par les autorités gouvernementales québécoises, Steven Miller n’a pas hésité à leur octroyer une note parfaite.
«C’est très facile de rester en retrait et de critiquer ce qui a été fait il y a une ou deux semaines. Je ne vois pas comment le gouvernement aurait pu mieux faire les choses. Au départ, personne n’avait la moindre idée de l’ampleur de la vague COVID. Leur premier geste a été de vider les hôpitaux. Environ 6000 lits ont été libérés à travers le Québec. Aujourd’hui, on a une idée un peu plus précise de l’ampleur des besoins. Ça va nous permettre de récupérer des lits pour les opérations semi-urgentes.»
«En ce qui concerne la situation dans les CHSLD, c’était difficile de prévoir l’ampleur de la crise. Ça semble avoir été une énorme surprise dans la région de Montréal. La même situation s’est d’ailleurs produite en Europe et aux États-Unis.»
Ayant fait son entrée à l’hôpital Sainte-Croix il y a près de 30 ans, à sa sortie de l’Université de Sherbrooke, Steven Miller estime que le milieu de la santé drummondvillois se démarque par la synergie et l’organisation qui y règne.
«À l’interne, il n’y a aucun conflit avec la direction ni entre les équipes de travail. On forme une équipe soudée. La collaboration a toujours été très bonne en région. Bien sûr, on est souvent confrontés à des défis, mais on les surmonte grâce à notre collaboration. Alors le jour où les CHSLD de la région vont avoir besoin d’un coup de main, ils n’auront pas à chercher trop loin», a dit le docteur Miller en guise de conclusion.