CORONAVIRUS. Considérant qu’il y a une transmission communautaire soutenue à Drummondville et qu’au moins trois employés de l’hôpital Sainte-Croix ont contracté le coronavirus, des infirmières enceintes souhaitent être retirées «le plus rapidement possible» de leur milieu de travail.
«Les cas de coronavirus ne sont plus seulement détectés chez les voyageurs. À partir du moment où il y a une transmission communautaire soutenue, l’employeur doit retirer les travailleuses enceintes le plus rapidement possible des unités de soins», est d’avis Nathalie Perron, présidente du Syndicat des professionnels en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
D’ailleurs, vendredi dernier, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié un rapport qui recommande entre autres d’affecter les travailleuses enceintes de manière à éliminer les contacts rapprochés (moins de 2 mètres) avec le coronavirus.
Toutefois, selon la présidente, il est très difficile de s’assurer qu’une travailleuse enceinte ne soit jamais en contact avec le virus dans son milieu de travail.
«Les patients circulent dans l’établissement. On sait que certains ne donnent pas toutes les informations et que des personnes viennent pour une consultation et qu’elles sont finalement atteintes de la COVID-19. Comme les recommandations de l’INSPQ ne peuvent pas s’appliquer aux travailleuses de nos établissements, on demande à ce que les femmes enceintes soient retirées», insiste Mme Perron.
Cette dernière reçoit fréquemment des appels de travailleuses enceintes inquiètes. «Il y a beaucoup de femmes enceintes qui nous appellent… Il y a quand même des risques de prématurité. Parfois, elles s’inquiètent aussi pour leurs jeunes enfants à la maison ou leur conjoint», fait-elle savoir.
Quelques établissements au Québec — la plupart situés à Montréal et en Estrie — ont déjà retiré les femmes enceintes des unités de soins. «On est dans le milieu du peloton. Le CIUSSS MCQ n’est pas le seul employeur qui attend certaines validations avant d’agir, mais on serait capable d’être plus proactif et passer en mode prévention», lance Nathalie Perron.
Et les personnes immunosupprimées ?
Par ailleurs, les personnes immunosupprimées se disent aussi inquiètes par la situation. Un infirmier dont le système immunitaire est faible a contacté L’Express, se disant préoccupé par sa santé.
«On m’a dit que dans certaines régions, les femmes enceintes et les personnes immunosupprimées avaient déjà été retirées des établissements. Ici ce n’est pas encore le cas, et ce, parce que la contamination n’est pas soutenue et communautaire. Pour moi, ce n’est pas une bonne raison», rapporte l’infirmier qui a demandé l’anonymat pour livrer son témoignage.
Ce dernier doit bientôt recommencer à travailler après un congé de quelques jours. «Je suis sur l’horaire bientôt, mais je trouve que l’employeur met notre vie en danger. La sécurité du personnel devrait prôner et ce n’est pas ce qui se passe en ce moment», confie le Drummondvillois.
Questionnée à savoir quelle était la position du syndicat pour le retrait des personnes immunosupprimées, Nathalie Perron répond : «En général, ça leur prend un papier médical de leur médecin. Il y a beaucoup de ces personnes qui ont déjà été retirées, dépendamment des situations. Nous, on demande la réaffectation de ces gens soit dans un milieu sécuritaire — par exemple sur la ligne 811 — ou à du télétravail. Si ce n’est pas possible, ils doivent être retirés».
Rappelons qu’à Drummondville, au moins trois employés œuvrant au sein de l’hôpital Sainte-Croix ainsi qu’un ergothérapeute et un employé affecté au Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) Frederick George-Heriot ont été infectés par la COVID-19.