CORONAVIRUS. En l’espace de deux semaines, l’entreprise Serico a complètement changé la vocation de son usine grâce à son invention : le panneau protecteur anti-contagion. Servant à protéger les professionnels de la santé des postillons des clients, ce produit est maintenant distribué à travers le Canada et les États-Unis. Face à cette demande grandissante, l’entreprise a doublé son nombre d’employés, tout comme son rythme de production.
Tout s’est déroulé à une vitesse phénoménale, concède le propriétaire de Serico, Guy Moisan. Le lundi 16 mars, l’entreprise mettait à pied la moitié des employés de l’usine. Ayant été reconnue comme un fournisseur de services essentiels, Serico demeurait ouverte, mais avec un personnel réduit. Coup de théâtre : quatre jours plus tard, l’ensemble de ses travailleurs ont été contactés pour retourner au bercail.
Que s’est-il passé? «On a un employé qui s’appelle Claude Tremblay. Son épouse est pharmacienne. Il est venu me demander de fabriquer un panneau pour protéger les pharmaciens. On lui en a fait un. Sa femme en a demandé environ sept pour sa pharmacie. Puis, on est allé en porter dans des pharmacies à Drummondville. On a mis ça sur Facebook et c’est parti comme une traînée de poudre», raconte M. Moisan.
L’entreprise drummondvilloise a créé en quelques jours un produit indispensable dans le domaine de la santé, permettant de lutter contre la propagation de la COVID-19. «Pour le moment, on en a fabriqué plus de 5000. On a beaucoup de commandes. On en a plus de 80 000 à fabriquer. On a des camions qui partent tous les jours», souligne le propriétaire.
Plusieurs changements ont été effectués à même l’usine. Environ 50% du plancher de production a été réaménagé, indique M. Moisan. Plus d’une trentaine de travailleurs ont été embauchés pour pallier la demande. Les employés oeuvrent de jour comme de soir, et ce, sept jours sur sept.
Du Canada jusqu’aux États-Unis
Serico livre autant du côté canadien que du côté américain. Le fait de traverser la frontière a engendré quelques pépins, comme ç’a été le cas lors de leur première livraison à New York. «Dans les compagnies de transport qu’on essayait de mobiliser, il y avait aucun conducteur qui voulait aller à New York parce qu’il faut qu’il soit en quarantaine en revenant. Résultat : les transporteurs ne veulent pas envoyer leurs camionneurs à New York. C’était compliqué», soutient M. Moisan. Finalement, Serico a trouvé un terrain d’entente. Un camionneur se rend à proximité du Vermont et par la suite, c’est l’entreprise postale UPS qui prend le relais.
Une coordination importante est nécessaire pour respecter les mesures d’hygiène établie par le gouvernement. La température des travailleurs est prise quotidiennement et tous les espaces sont désinfectés, rappelle le propriétaire.
M. Moisan se dit prêt à toutes éventualités : «On a aussi parti des cellules de fabrication ailleurs à Drummondville et dans d’autres villes aussi. S’il y a une cellule contaminée, on va pouvoir continuer à opérer. Nous avons cinq cellules différentes, dont une en Beauce.»
En raison des événements, l’équipe est habitée par une énergie nouvelle puisqu’elle se sent privilégiée de contribuer à la crise.
«C’est gratifiant pour les employés. Dans les produits qu’on faisait avant, on avait des clients dans l’alimentaire, dans le sport, dans le médical, dans les jeux d’arcade. Parfois, ce sont des produits futiles qu’on fait. On fait des produits pour les kayaks, mais ce n’est pas aussi gratifiant que de faire des produits pour aider à préserver la santé des pharmaciens. Ça rassemble tout le monde ici», complète celui qui compare affectueusement ses travailleurs à des guerriers.
Dans le cadre de la pandémie, Serico produit aussi des pièces de lits médicaux et, nouvellement, des masques. Pour l’instant, les masques sont disponibles pour les employés de l’entreprise. Ils seront bientôt disponibles à plus grande échelle.