CORONAVIRUS. Le cycliste Hugo Houle et la joueuse de basketball en fauteuil roulant Élodie Tessier joignent leur voix au flot d’athlètes applaudissant la décision des comités olympique et paralympique du Canada de ne pas envoyer leurs équipes nationales aux Jeux de Tokyo s’ils ont lieu à l’été 2020.
Afin d’assurer la santé et la sécurité de ses athlètes et de la communauté mondiale dans le contexte de la pandémie de coronavirus, Équipe Canada a demandé aux comités olympique et paralympique internationaux de reporter les Jeux d’un an.
«C’était la bonne décision à prendre, a lancé Hugo Houle dans une entrevue téléphonique accordée à L’Express. Ça allait de soi. La lutte au virus implique des mesures très drastiques à travers le monde, comme le confinement. Ça ne serait pas judicieux de faire les Olympiques cette année, par respect pour tous les pays touchés par le coronavirus. Le mois de juillet va arriver vite. Le monde ne sera pas prêt à célébrer une fête sportive comme les Jeux.»
Celui qui a participé à ses premiers Jeux en 2016, au Brésil, a fait observer que les conditions d’entraînement ne sont pas équitables pour tous en raison des mesures prises dans chaque pays pour contrer le coronavirus. «Certains athlètes peuvent s’entraîner à l’extérieur, d’autres non. Le confinement n’est pas égal partout sur la planète. Ça a un gros impact sur la préparation des athlètes. En tenant les Jeux cet été, ça pourrait même pousser certains à s’entraîner illégalement à l’extérieur.»
Pour toutes ces raisons, le cycliste de 29 ans originaire de Sainte-Perpétue a salué le courage et la rapidité de décision du Canada dans ce dossier. «C’est toujours difficile d’être le premier pays à agir. Les autres pays vont suivre le vent. De la façon dont la crise évolue, la pression va s’accentuer sur le comité olympique international. Je comprends qu’ils auraient voulu se donner du temps avant de prendre une décision, mais ça laisse les athlètes dans le doute.»
«Que les Jeux soient remis en 2021 ou même en 2022, ça ne change rien pour les athlètes, pourvu qu’on le sache en avance. L’important, c’est d’avoir des Jeux équitables où on sera à notre top niveau et où on pourra se faire plaisir. En ce moment, ce serait difficile de répondre à ces critères», a affirmé Hugo Houle.
Résidant actuellement à Monaco, près de la frontière entre la France et l’Italie, Hugo Houle est confiné à l’intérieur son appartement depuis le début du mois de mars. En attendant que les compétitions recommencent, il s’entraîne sur un vélo stationnaire de façon quotidienne.
«Je fais de bonnes séances d’entraînement, comme pendant l’hiver au Québec. Un logiciel me permet de rouler en ligne avec des amis. Je fais aussi un peu de musculation. Ce n’est pas le volume habituel, mais ça reste un entraînement de qualité. C’est important de garder le focus et de conserver une bonne condition physique», a expliqué celui qui possède un pied-à-terre à Drummondville.
«On espère que ce confinement ne durera pas trop longtemps, mais ça semble être parti pour quelques semaines. Ce n’est pas agréable, mais c’est un mal nécessaire. On doit respecter les consignes. Si chacun fait sa part, le virus sera freiné. En tant que société, on doit aussi profiter de ce temps d’arrêt pour réfléchir à notre façon de vivre.»
Élodie Tessier de retour au pays
Membre de l’équipe canadienne féminine de basketball en fauteuil roulant gagnante de la médaille d’or lors des derniers Jeux parapanaméricains, Élodie Tessier se range aussi derrière la décision d’Équipe Canada.
«Ce n’est pas une décision facile à prendre pour personne, mais on la supporte. On ne peut pas mettre la santé des athlètes, des entraîneurs, des bénévoles et des spectateurs en danger. Il y a beaucoup de gens impliqués dans ces Jeux. C’était la décision la plus sage à prendre», a affirmé l’athlète originaire de Saint-Germain-de-Grantham.
«Présentement, toutes les ligues sportives sont arrêtées. Les écoles, les gymnases et les commerces sont fermés. Ça devient difficile pour les athlètes de garder le focus et de continuer à s’entraîner normalement», a-t-elle ajouté.
Au cours des derniers jours, Élodie Tessier a quitté le Texas, où elle étudie à l’Université d’Arlington, afin de rentrer chez sa sœur, à Drummondville. «Le reste de notre saison a été annulé et les frontières étaient sur le point de fermer. Je voulais revenir pour être près de ma famille. Je suis en quarantaine avec ma sœur. Notre santé va bien, mais on suit les recommandations gouvernementales. Ce sont nos parents qui font notre épicerie», a expliqué celle qui a récemment célébré son 24e anniversaire de naissance.
«J’en profite pour m’entraîner avec mon rameur. C’est important de rester actifs malgré le confinement», a ajouté Élodie Tessier.
Pour sa part, Basketball en fauteuil roulant Canada a félicité le comité paralympique canadien d’avoir pris cette décision «extrêmement difficile, mais nécessaire».
«Nous sommes fiers que le Canada ait clairement indiqué qu’il n’y a rien de plus important que la santé et le bien-être des gens, partout au monde, y compris des athlètes canadiens. Nous appuyons aussi la demande de reporter d’un an les Jeux de 2020. Demander aux athlètes de continuer à s’entraîner, lorsque les environnements d’entraînement quotidien sont compromis et non disponibles, serait non seulement dangereux et injuste, mais contraire à l’éthique.»
Lundi après-midi, le USA Today a appris que les Jeux de Tokyo seront remis en 2021.