MAGAZINE. À 41 ans, Julie Parenteau est au sommet de sa forme. L’athlète drummondvilloise est montée à deux reprises sur la plus haute marche du podium d’une compétition de fitness… en moins d’un an.
Début trentaine, Julie Parenteau a décidé de s’entraîner pour le plaisir. Quelques personnes, dont le naturopathe des stars Martin Allard qu’elle consultait, lui ont fait remarquer qu’elle avait le physique tout indiqué pour participer à des compétitions de fitness. Il y a un an et demi, elle est passée de trois à six entraînements par semaine, en plus d’entamer un régime alimentaire stricte.
Masse musculaire élevée, dos et épaules découpés au ciseau et physique équilibré. Cheveux et maquillage impeccables. Pas trop maigre ni trop musclée. Confiance en tout temps sur la scène. Ce sont quelques-uns des critères auxquels doivent répondre les athlètes inscrites dans la classe Figure.
Ce sont également ces mêmes critères qui ont permis à Julie Parenteau de remporter la première place de sa catégorie lors de la Coupe espoir, le 11 novembre 2018, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Non seulement elle a remporté la classe Figure Master (35 ans et plus), mais aussi la classe Figure Open, qui regroupe les participantes de tous âges.
Le 8 juin dernier, elle s’est démarquée à nouveau en terminant en première position de la classe figure Master du championnat provincial, à Laval.
«J’ai eu la piqûre!»
L’autre côté de la médaille
Ne dit-on pas «jamais deux sans trois»? Le lendemain du championnat provincial, Julie Parenteau a pris part au championnat national, qui avait lieu au même endroit. Des gens de partout au pays s’étaient déplacés.
«Il n’y avait toutefois pas assez de filles, alors ils nous ont mises dans la même classe. Pas de catégorie d’âge ni de grandeur, raconte la femme de 4 pieds 10 pouces. Je suis arrivée quatrième sur cinq. Ça m’a donné une petite claque dans la face.»
L’athlète drummondvilloise est convaincue que certaines de ses adversaires ont utilisé des substances dopantes pour améliorer leur performance. Déçue et choquée, elle n’a pas encore décidé si elle allait répéter l’expérience. «Je me questionne. Si je continue, ce sera dans des compétitions naturelles, où les athlètes sont testés. Cependant, c’est moins populaire. Il n’y en a presque pas.»
Le retour à la réalité a été difficile pour Julie Parenteau. «Le lendemain, quand j’ai mis le pied en bas du lit, je me suis demandée pourquoi je me levais ce matin-là. J’étais perdue. Je n’avais plus de but. Trois compétitions en moins d’un an, c’est dur sur le corps et le mental. Un moment donné, il faut revenir à la vie normale.»
Aujourd’hui, la Drummondvilloise s’entraîne toujours six fois par semaine. Il lui arrive encore de peser sa nourriture. «Je suis en train d’essayer de me trouver un équilibre», avoue la gérante de services chez Metro Plus Promenades Drummondville, qui a accepté de parler de sa discipline sans tabou.
La pointe de l’iceberg
L’univers du fitness est bourré de préjugés. Pourtant, celui-ci ne se limite pas à quelques poses dans le miroir suivi d’égoportraits publiés sur Instagram pour ses abonnés.
«Le stage, le bikini, le spray tan et le maquillage, c’est ce que les gens voient. Mais ce qu’on montre en compétition, on a travaillé fort pour ça. On n’est pas superficiels, indique-t-elle. Le fitness, c’est un sport, mais peu de gens comprennent vraiment. On est beaucoup jugé. Nous, ce n’est pas d’avoir les aptitudes pour mettre une rondelle dans un filet, on travaille notre corps.»
Pour les cinq à dix minutes passées sur le stage lors d’une compétition, Julie Parenteau met en jeu des semaines voire des mois de sacrifices. Elle a notamment mis un trait sur la malbouffe, l’alcool et les sorties au restaurant. «C’est certain que c’est plus difficile au niveau social», estime celle qui a vécu une séparation peu de temps après avoir entamé son nouveau mode de vie.
Les jours qui précèdent la compétition sont d’ailleurs très exigeants autant physiquement que mentalement. À ce moment-là, Julie Parenteau, comme les autres athlètes, ne boit plus d’eau. Son corps devient en déshydratation extrême. Ses repas sont calculés. Elle s’absente alors de son travail pendant quelques jours.
«C’est très dur à la fin. On n’a plus de jus. On se surentraîne. Ça prend de la détermination, de la motivation et de la rigueur, mais surtout, tu dois croire en toi. Quand c’est difficile, je me dis que je suis chanceuse d’être capable de m’entraîner. J’ai la santé physique et mentale pour le faire», soutient-elle.
L’aspect monétaire n’est pas à négliger. Le plan alimentaire, les suppléments, les séances d’entraînement, les rencontres avec le coach, la séance avec la chorégraphe, le bikini, les ongles, les cheveux, le maquillage, le bronzage et la chambre d’hôtel la veille de la compétition font partie des dépenses.
«C’est environ 3 000$ en vue d’une compétition, fait savoir Julie Parenteau. Tout ça coûte très cher. Mon bikini, par exemple, a coûté 800$. On s’endette pour faire ça et en retour, on ne reçoit pas d’argent même si on gagne la première place. On reçoit une médaille, un trophée, mais c’est tout. On le fait parce que c’est une passion.»
Si le physique de Julie Parenteau lui permet aujourd’hui de remporter des compétitions de fitness, celle-ci avoue pourtant avoir subi de l’intimidation plus jeune. «J’étais petite. Je n’étais pas jolie. Je ne l’ai pas eu facile. J’ai même lâché l’école pour cette raison.»
«Faire du fitness, ça m’a transformée. Ça m’a donné une force de caractère incroyable et une confiance en moi x 1000. C’est comme si la chenille est devenue un papillon, image-t-elle avec le sourire. Je suis fière de ce que j’ai accompli et à l’âge que je l’ai accomplie.»