MAGAZINE. La première impression que l’on a en entrant dans la maison écologique qu’a bâtie Yves Gatien en est une de volupté, tant les grandes fenêtres laissent entrer une lumière naturelle bienfaisante et une chaleur apaisante; la deuxième, plus pratico-pratique, en est une de surprise lorsque le propriétaire vous apprend que son coût de chauffage est de 200 dollars par année!
C’est sa maison solaire passive, comme le veut l’expression. Essentiellement, il s’agit de faire stratégiquement usage du rayonnement solaire comme apport en chauffage, et ce en utilisant des technologies simples, peu onéreuses, accessibles à tous et facilement réparables. La chaleur est conservée à l’intérieur grâce à une excellente isolation des murs et du salage et à des matériaux usuels.
Dit autrement, c’est de jouer avec le soleil selon la saison. En hiver, notre boule de feu trace une courbe moins haute dans le ciel et, par les trois grandes fenêtres qui donnent au sud, permet aux chauds rayons d’atteindre jusqu’au mur du fond de la pièce principale, alors qu’en été, le soleil, évidemment plus haut, est empêché d’entrer dans la demeure par un surplomb adéquat aménagé au-dessus des fenêtres.
«À moins 30 dehors, il peut faire jusqu’à 25 degrés Celsius dans la maison, sans autre moyen de chauffer que le solaire», fait remarquer fièrement Yves Gatien qui a tout fait lui-même en compagnie de sa conjointe Louise Grégoire. De 2007 à 2008, le couple a mis un an à construire la nouvelle résidence, à quelques mètres de l’ancienne dont plusieurs matériaux ont été récupérés avant sa démolition. Coût total : 80 000 $.
«Ça m’a pris presque 10 ans pour tout préparer et tout concevoir en compagnie de mes parents et surtout en consultant plusieurs sites sur internet, dont celui du ministère des Richesses naturelles qui suggérait l’aide du logiciel HOT2000, ce que j’ai fait. J’ai pu acquérir des connaissances sur de nouvelles façons de construire, plus écologiques et plus écoénergétiques. Et il n’est pas nécessaire de faire appel à des technologies coûteuses», explique celui qui a étudié en informatique au Cégep de Drummondville.
«Ce qui a été le plus compliqué, c’était d’obtenir une certaine harmonie dans toutes les techniques. Il n’y avait pas de recette toute faite. J’ai finalement opté pour une maison ronde, de façon à avoir un minimum de murs exposés au froid pour un maximum de planchers. Il y a 900 pieds carrés sur chacun des deux étages».
Selon lui, le solaire passif est le système de chauffage d’appoint idéal à l’électricité. «Quand il fait très froid, il y a rarement un plafond nuageux, car c’est lui qui garde la chaleur au sol. Donc, c’est à ce moment que le soleil apporte beaucoup de chaleur et que la température monte dans le bâtiment alors que le système de chauffage ne fonctionne pas. Contrairement à ce que pensent certains théoriciens de la gestion des réseaux électriques, les bâtiments solaires passifs évitent les pointes de consommation d’énergie électrique», argue-t-il, ajoutant qu’il n’a pas besoin non plus de climatiseur.
Une politique de construction à promouvoir
Là, se lève le citoyen écologique qui s’est impliqué dans le Bloc vert, au sein du Conseil régional de l’environnement et du Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF). L’agriculteur qu’il fut ne peut taire sa conviction que le Québec pourrait devenir un leader en environnement avec des moyens simples et économiques. «Les gens ne connaissent pas les avantages du solaire passif. C’est pourtant extraordinaire. Imaginez si des immeubles à logements étaient construits selon ce principe. Le soleil est gratuit et abondant. Il s’agit de prévoir l’aménagement d’un maximum de fenêtres vers le sud lors de la conception. Imaginez l’effet sur le niveau de gaz à effet de serre».
Il ajoute qu’à défaut d’inclure le solaire passif dans les normes de construction, «le gouvernement devrait au moins e15n faire énergiquement la promotion puisqu’il n’y a pas d’autre intervenant qui en a l’intérêt».
Comme il le dit plus poétiquement : «tournons-nous vers l’avenir en tournant nos bâtiments vers le soleil».